Epicure: Vide, atomes et agrégats
Publié le 04/01/2010
Extrait du document
Pour s’en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissance métaphysique, cad une science de la totalité du monde. Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses est la matière, que tout ce qui existe est matériel. Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tous les phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant de mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et ement d’esprits divins aux volontés variables. Par exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont ement l’expression d’une vengeance divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes à votre devenir.
«
La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plusgrandes craintes : la crainte de la mort.
Les hommes ont peur de la mort.
Mais queredoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.
Ils nesavent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.
Les chrétiens, parexemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu irarôtir dans les flammes de l'enfer.
La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.
De plus, si tout dans l'universn'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que desagrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent,qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord(celui qui est blessé ou malade), puis en tous.
Dès lors, rien de notre être ne survit, iln'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».
Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âmepourrait survivre après la mort du corps, ont tort.
Car l'âme elle-même est faite dematière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes,elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la pluscommune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mortapparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alorsque le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps àcommencer à se décomposer.
Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu parl'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence desensation. »
En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses dumonde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toutedouleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que leplaisir et le mal la douleur.
Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.
La mort étant ladisparition des sensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.
Il ne peutpas y avoir davantage de survie de la conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, lamort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.
»
Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.
Et je sais que c'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie,car je n'en ai aucune autre.
Mon bonheur dans la vie est une affaire sérieuse qui nesouffre aucun délai.
Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste.
La modération des désirs.
Maintenant que nous avons vu les deux conditions négatives du bonheur, cad lespensées et les craintes qu'il faut éliminer pour pouvoir jouir de la vie, il nous faut encoredéfinir positivement comment atteindre le bonheur.
Un peu de réflexion nous montre qu'ilest absurde de désirer des plaisirs inaccessibles, ou qui ont des conséquencesfâcheuses et se paient de plus grandes souffrances, comme les plaisirs de lagourmandise qui, pratiqués à l'excès, finissent par nous rendre affreusement malades.
Ilconvient donc de modérer ses désirs, d'opérer un tri entre eux.
Mais jusqu'à quel point ?Il faut rejeter tous les désirs qui ne sont pas naturels et aussi ceux qui ne sont pasnécessaires à notre survie, à notre santé ou à notre bonheur.
Mais qu'est-ce qui estnaturel dans les désirs humains ? Et surtout, qu'est-ce qui est absolument nécessaireà notre bonheur ? Epicure ne donne pas de réponse très précise, mais il nous dit qu'il faut savoir se contenter de peu.
Ainsi, celui qui désire des mets raffinés risque fortd'être déçu et malheureux s'il n'a pas toujours les moyens de se les offrir, ou si lecuisinier rate son plat, ou si mille autres ennuis viennent l'en priver.
Avoir des désirs deluxe nous expose à souvent souffrir.
Il faut donc les éliminer.
En revanche, celui qui nedésire que des nourritures « naturelles », un peu de pain par exemple, trouverafacilement à se satisfaire, et peut même en retirer un très vif plaisir s'il a vraiment faimet soif.
En outre, le sage qui ne désire rien de plus pourra tout de même, s'il est invitéà un banquet, jouir de la nourriture succulente.
De tels plaisirs ne sont nullementinterdits, à condition de ne pas les désirer toujours, de ne pas en être dépendant.
Ilfaut donc passer ses désirs au crible de sa raison et éliminer impitoyablement tous ceuxqui ne sont pas naturels et nécessaires, tous ceux qui sont vains, artificiels, superflusou excessifs .
alors nous serons sages et nous atteindrons l'ataraxie, l'état d'absence de.
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