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Epicure, explication de texte, Lettre à Ménécée

Publié le 21/02/2022

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epicure

On sait qu'Epicure expose à la suite du texte ses idées sur les remèdes qu'il faut apporter à l'Homme pour lui permettre de trouver la satisfaction ; les disciples d'Epicure parle du "quadruple remède" pour résumer la pensée d'Epicure: - Les dieux ne sont pas à craindre. - La peur de la mort est vaine. - On peut atteindre le bonheur - La douleur a une limite. II/ Ce qu’apporte la philosophie selon les âges de la vie. La philosophie doit permettre de mener une existence qui apporte à l’homme la plus grande satisfaction possible, cela quel que soit sa situation ; c’est pourquoi Epicure soutient la thèse que la philosophie est bénéfique à tout âge. Il n’y a pas d’âge pour philosopher. Il est sous-entendu que le bonheur constitue le souverain bien, le bien par excellence que tous les Hommes recherchent. Ainsi tous nos actes peuvent être compris comme des moyens en vue de cette fin (but) comme l’explique Aristote dans l’Ethique à Nicomaque. L’ apport d’Epicure sur cette question est de différencier le rôle de la philosophie selon l’âge de l’individu : Pour le jeune, elle lui donne de l’assurance en supprimant les craintes par rapport à l’avenir. Elle pallie à son manque d’expérience et lui apportant les leçons des plus anciens. On pourrait ajouter qu’elle lui permet d’orienter le désir vers les plaisirs durables qui apportent la santé du corps et l’équilibre de l’âme. La réflexion lui permet de canaliser la fougue du désir. Pour le vieillard, elle apporte un antidote aux souffrances du corps en lui permettant de se rappeler les plaisirs de sa jeunesse. La mémoire joue un rôle essentiel dans la thérapie que propose Epicure: il ne s’agit pas seulement vivre des instants de plaisirs mais les intérioriser et les inscrire durablement dans sa mémoire afin de pouvoir se les remémorer et les revivre le plus intensément possible en cas de souffrance physique ou morale ; diriger son esprit vers les instants de bonheur conservés précieusement dans la mémoire permet d’atténuer les douleurs et les chagrins. La mémoire devient ainsi l’allié qui permet de lutter contre les souffrances. Le sage doit apprendre à conserver chaque instant de plaisir comme un trésor qu’il conservera précieusement dans sa mémoire. Au soir de sa vie, l’homme disposera ainsi d’images et de souvenirs réconfortants qui lui permettront de lutter contre les douleurs. Il revivra en pensée les instants heureux de sa jeunesse. Epicure soutient donc qu’il n’y a pas de période dans la vie où la philosophie soit inutile. Cette thèse s’oppose à la fois à la celle défendue par Platon et Calliclès. Selon Platon, le jeune ne doit pas commencer la philosophie trop tôt car elle développe son esprit critique, et elle pourrait le conduire à lui faire tout contester y compris l’autorité de ses parents. Il faut donc attendre d’avoir la maturité de l’adulte pour pratiquer la philosophie. Ainsi dans le dialogue, la République le programme d’éducation qu’il met en place consiste d’abord à former le citoyen aux sciences et aux arts avant que d'initier une minorité (ceux qui devront diriger la Cité) à l’exercice philosophique. Selon Calliclès, personnage qu’on trouve dans le dialogue Gorgias de Platon ( et dont on ne sait s’il est fictif ou réel) la philosophie est liée à l’étonnement et à l’ignorance de sorte qu’un homme âgé qui passe son temps à philosopher ressemble à un enfant qui n’a rien appris de la vie. Il condamne donc le vieillard qui serait en quelque sorte rester à se poser des questions enfantines. Conclusion: Pour Epicure la philosophie est résolument axée sur la question existentielle du bonheur, elle prétend y répondre en apportant une réflexion le chemin à suivre pour atteindre l’absence de trouble de l’âme (ataraxie) et l’absence de douleur du corps (aponie) qui définissent pour Epicure le bonheur. Cependant cette thèse soulève plusieurs problèmes ; existe-t-il qu’une seule conception du bonheur ? La réflexion ne nous plonge t-elle pas plutôt dans des questions qui éveillent les angoisses et les doutes plutôt que d’apporter un apaisement ? Vous pouvez développer ces questions s'il vous reste encore un peu de temps pour votre présentation. Explication de texte n°2 La crainte des dieux Situation : Ce passage est situé au début de la lettre, [voir plan général] Il s’agit du premier des quatre « remède » qu'évoque Epicure dans ses textes pour éloigner les craintes et apaiser l’âme. Rappel des 4 remèdes : -Il ne faut pas avoir de crainte à l'égard des dieux - Il ne faut pas redouter la mort - Le bonheur est facile à obtenir - La douleur à une limite Mémo sur le texte 2 : Thème : la croyance religieuse. Thèse : Il ne faut pas croire aux superstitions de la foule concernant les dieux. La divinité ne nuit pas aux hommes, elle-même correspond à un modèle de parfait bonheur que l’Homme doit prendre pour modèle. Problème : Religion et bonheur. Dans quelle mesure la religion contribue -elle au bonheur des hommes ? Il est vrai qu’elle peut engendrer la crainte mais également l’espoir. Plan du passage : On peut organiser le texte à partir de 4 thèmes : A) L’image du divin selon Epicure. En premier lieu (...) l'incorruptibilité, pense qu'il le possède B) La connaissance du divin . Car les dieux sont (...) la notion qu'elle en a. C) La critique de la religion populaire. Mais ils ne sont pas tels que la foule se les représente ; (...) la foule au sujet des dieux. D) Le rôle de la divinité. A partir de là viennent des dieux (...) tout ce qui n'est pas tel. Comme la reconnu Lucrèce, l’un des traits dominants de la pensée Epicurienne consiste dans la lutte contre les superstitions qui plongent l’homme dans la crainte et l’espérance infondée. Ces superstitions condamnent en effet l'homme à vivre dans la crainte et l’anxiété car elle pousse à croire qu’on peut acheter les dieux par les offrandes et les sacrifices ou encore qu’on risque de les courroucer si on n’accomplit pas tous les devoirs que réclament les prêtres et autres augures. Pour lutter contre ces croyances irrationnelles, Epicure va opposer une autre image du divin. Le thème du texte concerne donc la conception Epicurienne de la divinité. Epicure soutient que cette divinité ne cause pas de tort aux hommes et bien au contraire elle peut être la source du bonheur en donnant aux hommes un modèle de béatitude et d’indépendance (c’est-à-dire d’un parfait bonheur) que les hommes devraient tenter d’imiter. Le texte soulève le problème du rapport entre la religion et le bonheur : dans quelle mesure la croyance religieuse permet-elle ou enpêche-t-elle l'homme d'accéder au bonheur ? On pourra répondre à cette question en analysant la conception Epicurienne du divin. On ne manquera pas de s’étonner d’une référence religieuse chez un auteur « matérialiste » pour qui n’existe que les atomes et le vide. Comment cette référence au divin peut elle s’accorder avec les principes matérialistes ? Le texte s’organise à partir du plan suivant : A) L’image du divin selon Epicure. En premier lieu (...) l'incorruptibilité, pense qu'il le possède Introduction B) La connaissance du divin . Car les dieux sont (...) la notion qu'elle en a. C) La critique de la religion populaire. Mais ils ne sont pas tels que la foule se les représente ; (...) la foule au sujet des dieux. D) Le rôle de la divinité. A partir de là viennent des dieux (...) tout ce qui n'est pas tel. Développement : A) L’image du divin selon Epicure. En premier lieu (...) l'incorruptibilité, pense qu'il le possède Le début du texte peut apparaître déconcertant et suscite l’étonnement du lecteur non encore initié à la pensée d’Epicure. En effet, à plusieurs reprises, Epicure soutient dans le texte l’existence des dieux tout en rejetant la religion populaire. On pourrait d’abord s’étonner de trouver chez un penseur matérialiste (pour qui tout est composé d’atome et de vide) la présence d’une croyance de type religieuse. En effet, les auteurs matérialistes sont généralement athées. Quoiqu’il en soi la conception religieuse que présente Epicure est d’abord fondé sur une analyse rationnelle de ce qu’est la divinité. Si l’on examine ce qu’est un dieu, l’idée de perfection apparaît en premier lieu. C’est ainsi que dans cet extrait le divin est défini par trois termes en rapport avec l’idée de perfection : c'est un être vivant, incorruptible (= indestructible), bienheureux. Ces trois ternies sont en rapport avec l’idée de perfection Deux caractéristiques sont répétées à deux reprises (incorruptibilité et bonheur) Le vivant représente le degré le plus achevé et le plus parfait de l’organisation matérielle ; Un organisme vivant est beaucoup perfectionné qu’un corps inerte. Il possède une relative autonomie par rapport au milieu extérieur. Un vivant est capable d’éprouver des sensations (et donc du plaisir). Incorruptible : les dieux sont composés d’une matière différente de celle de tous les corps que nous pouvons rencontrer. En effet, tous les corps sont des agrégats d’atomes qui peuvent se décomposer. Mais la matière qui compose les dieux est faite d’atomes beaucoup plus fins et ils sont tellement unis que les corps qu'ils composent sont indécomposables . Il représente donc la perfection de l’organisation matérielle. Bienheureux : les dieux ne sont pas seulement heureux comme peuvent l’être les hommes mais bienheureux, ce qui correspond au degré suprême du bonheur que l’on peut à peine imaginer (par exemple lorsqu’on imagine une vie au paradis). L’auteur utilise également le terme béatitude qui exprime à nouveau le degré suprême du bonheur. Ainsi les dieux selon Epicure sont des êtres parfaits, rien ne leur manque ou leur fait défaut, ils n’ont pas besoin des hommes et n’attendent rien d’eux. Que pourraient-ils obtenir qu'ils ne possèdent déjà? On remarque au passage comment Epicure arrive à concilier une conception matérialiste de l’univers et conserver en même temps une place pour l’existence des dieux. Cependant ces dieux n’interviennent pas dans la vie des hommes. Ils sont trop parfaits pour se soucier des hommes. B) La connaissance du divin selon Epicure. Nous pouvons encore marquer notre étonnement à la lecture de ce passage dans la mesure où Epicure non seulement affirme l’existence des dieux (les dieux sont) mais ajoute que la connaissance que nous en avons est évidente. Or l’évidence concerne ce qui s’impose à l’esprit de manière claire et distincte. Peut-on utiliser le terme d’évidence à propos d’un domaine qui, a priori, relève de la croyance et non de la connaissance ? Le paradoxe se renforce puisque cette évidence n’est pas partagée selon Epicure par le grand nombre des hommes qui déforment la conception du divin qu’ils ont reçu. Comment expliquer ce passage bien difficile à comprendre ? Il existe deux types d’évidence, celle qui est perçu immédiatement par l’esprit (par exemple « le tout est plus grand que la partie ») et celle qui apparaît au terme d’un raisonnement, d’une démonstration. La conclusion d’une démonstration mathématique par exemple paraît tout à fait évidente pour celui qui l’a établit à partir des principes qu’il admet. ( et par pour celui qui la lit pour la première fois ). Il semble que « l’évidence » dont parle Epicure ici entre dans cette seconde catégorie car elle est déduite des théories qu’il a développées dans ses textes sur la physique. Cette connaissance sera donc « évidente » pour celui qui aura bien intégré ces idées, comme le disciple auquel s’adresse Epicure. On peut retracer rapidement le schéma général. - Tout ce qui existe est composé d'atomes Les corps des dieux sont composés d’atomes mais plus subtils, plus fins ce qui leur permet de ne pas se décomposer, se désagréger. Nous pouvons sentir les corps et en particulier les voir parce qu'ils projettent autours d’eux des atomes qui conservent leur forme (Ainsi c’est au contact de ces « pellicules » qui se détachent des objets que se forment sur notre rétine leur images). Les corps des dieux projettent ce genre de pellicule qui garde leurs formes. Les atomes des dieux étant beaucoup plus subtils, ils n’impressionnent pas nos sens mais la partie la plus sensible de l’homme : l’âme. Ainsi dans « l’âme » se retrouve l’image des dieux. Il suffit de chercher en soi cette image pour la retrouver. Cette image est celle que retrouve la réflexion lorsqu’elle décrit les dieux comme des êtres vivants, parfaits - définis plus haut. Il convient donc de nuancer « l’évidence » dont se réclame Epicure car elle ne s’impose qu’à l’esprit d’une personne ayant bien intégré certaines idées sur la physique, la perception propre aux théories d’Epicure. On peut en outre noter, qu’indépendamment des nombreux postulats que cette analyse demande, il y a un cercle - ce qui est établit ce n’est pas que les dieux sont mais que, s’ils sont comme le définit Epicure, alors leur connaissance est évidente3 . Quoiqu’il en soit il faut retenir qu’Epicure admet l’existence des dieux et la possibilité de les définir comme des êtres parfaits dont l’homme pourrait trouver l’image en lui-même. Il se détache complètement des croyances « populaires » de son époque. C) La critique de la religion populaire On retient essentiellement de la pensée Epicurienne une critique de la religion populaire : les dieux ne sont pas tels que la foule le conçoit. En effet Epicure critique à mainte reprise ce qu’on appelle l’anthropomorphisme qui consiste à voir les dieux comme des hommes mais plus puissants qu’eux. Plus précisément, l'anthropomorphisme est la tendance qui consiste à projeter sur ce qui n'est pas humain (la nature, les animaux, les dieux) des qualités et des comportements propre à l’homme. Ainsi penser que les dieux peuvent se mettre en colère, jalouser les hommes, attendre d’eux des signes d’estime et de fidélité caractérisent pour Epicure des traits d’anthropomorphisme propre aux croyances populaires. Les hommes cherchent alors à s’attirer la grâce des dieux par des prières ou des sacrifices, ils redoutent leurs colères. Ils en viennent à interpréter le moindre signe de leurs volontés dans la nature (les présages, les augures). Les conséquences de cette attitude sont redoutables : l’homme attend des dieux son bonheur au lieu de chercher à le bâtir lui-même, il risque en même temps de perdre sa liberté en s’astreignant à respecter d’innombrables rituels. Enfin, il risque de tomber dans les mains d’hommes qui savent jouer de ses peurs, (les « prêtres », les augures profitent de la naïveté des hommes pour leur imposer leur pouvoir). Cette croyance n’est plus alors qu’une superstition fondée sur les désirs et la peur. 6 D) Le rôle de la divinité. A partir de là viennent des dieux (...) tout ce qui n'est pas tel. Ces dernières lignes constituent la conclusion de l’extrait en répondent à la problématique : la religion peut elle rendre les hommes heureux ? Epicure attire notre attention sur le double aspect de la croyance. Elle apporte les plus grands dommages et les plus grands avantages. La croyance lorsqu’elle se transforme en superstition plonge l’homme dans le trouble, elle l’inquiète au lieu de l’apaiser (ainsi il peut redouter par exemple les supplices de l’enfer7 ). Elle dévalorise parfois les plaisirs du corps8 . Elle peut engendrer des comportements irrationnels, (ex : les chasses aux « sorcières » lorsqu’une catastrophe arrive sans explication). A contrario une « saine » croyance permet d’apaiser les craintes : les dieux deviennent des modèles qu’il faut suivre : ils représentent la perfection du bonheur, de la tranquillité et de l’indépendance. Vivre « tel un dieu parmi les hommes » consiste alors à se rapprocher autant qu’il est possible de ce modèle même si ce n’est que dans de rares instants que l’homme y parvient. Cependant on peut pour conclure cette analyse se demander s’il ne serait pas possible de retourner l’'argument de l’anthropomorphisme contre Epicure lui-même : en effet, le bonheur des dieux n’est il pas le bonheur humain étendue en intensité et en en durée par l’imagination ? EXPLICATION 3 Explications 3 : La crainte de la mort et de l’avenir « Habitue toi à penser que la mort n’est rien par rapport à nous (...) absolument ne pas être » Mémo : Situation : Le passage fait partie de la première grande étape de la lettre [voir plan général] dans laquelle l’auteur cherche à répondre aux angoisses de l’homme Suite à l'analyse du thème de la religion, il aborde ici une autre source de crainte : l’angoisse de la mort. On peut associer à cette analyse la réflexion de l’auteur sur les croyances concernant l’avenir. Thème: Epicure aborde les différentes attitudes de l’homme face à la mort en mettant en avant celle qui permet au sage d’atteindre l’ataraxie. Thèse : énoncée de façon paradoxale : la mort n'est rien par rapport à nous. Cela signifie que nous ne pouvons rien connaître de la mort et qu’en conséquence il est vain de la redouter ou de s’angoisser. Problème : L’idée de la mort compromet elle le bonheur ? Comment éprouver le bonheur avec sérénité alors que nous savoir que tôt ou tard la mort va mettre un terme à celui-ci ? Comment ne pas laisser l’angoisse de la mort altérer le plaisir de la vie ? C’est en somme le thème de la finitude humaine et des angoisse existentielles qu’on peut lui associer qui sont ici au centre de la réflexion d’Epicure. Plan du passage : 1 / La conception de la mort d’après Epicure « Habitue-toi à penser (...) et que les autres ne sont plus. 2/ Les différentes attitudes des hommes face à la mort : « mais la foule fuit la mort » (...) « qui n’en comportent pas ». 3/ Les conceptions de l’avenir « Il faut encore se rappeler que l’avenir n’est ni tout à fait notre (...) absolument ne pas être » Détail de l’explication : I / La conception de la mort d’après Epicure L’auteur énonce sa thèse de façon claire et directe « La mort n’est rien par rapport à nous ». Nous allons d’abord expliquer cette thèse et ensuite la commenter. Il faut d’abord rappeler le contexte qui est celui d’une pensée matérialiste dans laquelle les corps sont constitués d’atomes et de vide. Or, la mort est une destruction du corps, les agrégats d’atomes qui forment les corps sont décomposés. Cette destruction du corps fait disparaître les sensations. L’âme elle-même est composée d’atomes et est totalement liée au corps. Elle est également détruite. En effet, pour Epicure, il n’y a pas une âme ou un esprit qui seraient indépendants du corps. Il en résulte qu’il n’y a aucune pensée ni aucune sensation après la mort. Par conséquent , il n’y a aucun moyen de connaître la mort. Puisque tant que nous sommes vivants nous ne pouvons connaître la mort et lorsque la mort est arrivée, nous n’avons plus aucun moyen de la connaître. Le « par rapport à nous » s’entend donc comme « par rapport à nous qui sommes vivants ». L’auteur mentionne à plusieurs reprises cette disjonction radicale entre la vie et la mort. Quand l’un est présent l’autre est nécessairement absent de sorte que tant que nous sommes vivants la mort n’est pas là. On peut ainsi reformuler la thèse de l’auteur en indiquant que : « la pensée de la mort n’a aucun objet ». Il est donc inutile de penser à la mort. L’auteur en déduit ensuite une conséquence importante de sa thèse. Nous ne pouvons rien ressentir après la mort. Nous n’avons donc rien à craindre : ni les douleurs ni les châtiments qui pourraient tourmenter l’âme par exemple. En libérant l’homme de la peur de la mort, l’auteur veut du même coup affranchir l’homme des angoisses qu’il rencontre dans sa vie. (il n’y a rien de redoutable dans la vie pour qui a vraiment compris qu’il n’y a rien de redoutable dans la non vie»). Nous pouvons aborder les dangers et les risques de l’existence avec plus de sérénité si nous ne redoutons pas la mort. La thèse de l’auteur parait toutefois difficile à accepter et Epicure lui-même en est conscient lorsqu’il dit « Habitue toi à penser » car cette habitude est totalement contraire à l’attitude spontanée. Il semble naturel de redouter la mort ne serait-ce parce que l’Homme a peur de l’inconnu. Peut-on la relativiser en indiquant qu’ « elle n’est rien par rapport à nous » ? De plus on peut objecter que même s’il est impossible de faire l’expérience de la mort propre (sa propre mort) nous pouvons ressentir douloureusement la mort de nos proches et la redouter. De plus, l’absence de croyance à une vie après la mort ne renforcerait-elle pas davantage cette peur ? A-t-on plus peur de la mort quand on croit à la survie de l’âme après la mort ou bien quand on pense que cette âme est mortelle ? Si la position d’Epicure suscite des débats, il faut toutefois reconnaître que les angoisses de l’Homme sont souvent renforcées par son imagination. L’ignorance est la source de nombreuses superstitions d’où toutes ces croyances sur les âmes errantes ou noyées dans les fleuves infernaux ; les fantômes qui reviennent hanter les vivants. Ce sont ces craintes qui renforcement l’angoisse de la mort et que l’auteur à raison de combattre. 2/ Les attitudes des hommes face à la mort. L’auteur oppose l’attitude de la foule avec un ton quelque peu méprisant et l’attitude du sage. Les ignorants craignent et redoutent la mort comme le plus grand mal pour plusieurs raisons. Ils ont peur des souffrances qui pourraient atteindre l’âme après la mort or cette crainte est infondée pour les raisons que nous avons déjà vu (pas d’immortalité de l’âme). On pourrait ajouter la peur de la douleur dans la mort elle-même lorsqu’elle intervient de façon brutale avec un accident par exemple (le fait même de mourir) mais l’auteur insiste sur le fait qu’une douleur violente sera brève car elle est liée à la destruction du corps et donc supprime toute sensation. Ce qu’on craint dans la mort, c’est également d’être privé des plaisirs de la vie. L’auteur met ici en évidence un des désirs sans doute les plus profonds de 1’ Homme, le désir de l’immortalité mais ce désir reste vain car il est contraire à l’ordre naturel. De plus, ce désir impossible fait souffrir inutilement car il gâche les plaisirs de la vie. A chaque fois qu'on vit un moment agréable la pensée qu’il ne s’agit que d’un instant fugace et éphémère relativise ce plaisir. L’attitude du sage face à la mon est tout autre : il n’a plus de craintes concernant la mort et son attitude face à la vie s’en trouve changée : ce n’est pas la durée de l’existence qui est fondamentale mais la qualité. « Il ne choisit pas le temps le plus long mais le plus agréable ». Aussi loin de corrompre son plaisir, la conscience que l’existence est nécessairement limitée doit l’inciter à profiter de chaque instant de la vie et vivre selon l’adage Carpe Diem (littéralement cueille le jour) que l’on traduit par « profite de l’instant présent ». L’auteur termine ce passage de façon plus polémique en critiquant d’autres approches de la mort : en premier lieu « celui qui exhorte le jeune à bien vivre et le vieillard à bien mourir est niais ». Ce précepte en effet divise la vie en deux périodes, la jeunesse consacrée à vivre des moments de plaisirs et la vieillesse consacrée à la réflexion et à la pensée de la mort. Or, comme le stipule déjà l’introduction du texte, la philosophie et la réflexion sont utiles à tous les âges de la vie. Le jeune a besoin d’une forme de sagesse pour profiter véritablement du plaisir de l’existence et le vieillard peut encore éprouver du plaisir ne serait que par le souvenir et n’a pas à songer à la mort qui est sans objet véritable. La critique est plus vive encore contre celui qui de façon cynique prétend qu’il vaudrait mieux ne pas être né considérant ainsi l’existence comme sans valeur. Certes la mort peut parfois se traduire par le sentiment de l’absurdité de la vie mais Epicure demande aux détracteurs de la vie d’être en accord avec eux-mêmes et s’ils pensent vraiment ce qu’ils disent de mettre un terme à leur existence. En fait, c’est la posture du cynique désabusé qui « dégoûte » les autres du plaisir de vivre qui est ici visée. Mais ce discours, cette posture n’est en vérité que verbale car au bout du compte le cynique qui critique la vie ne met pas un terme à ses jours ce qui montre bien qu’au fond il l’apprécie. 

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« Explication 1 Le rôle de la philosophie Attention : il faut lire ces analyses en ayant sous les yeux le texte auxquelles les explications se rapportent. « Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la philosophie.

Car il n’est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, pour assurer la santé de l'âme (...) Il faut donc méditer sur ce qui procure le bonheur, puisque, lui présent, nous avons tout, et, lui absent, nous faisons tout pour l'avoir.

» Memento rapide sur le texte Titre possible : « l’urgence de la philosophie ». Situation : introduction de la lettre Thème : la philosophie, son rôle et sa nature. Thèse : La philosophie est utile à tout âge Problèmatique : Comment Epicure définit-il la philosophie ? Quel est son but ? La philosophie n'éloigne t-elle pas l'Homme du bonheur plutôt que de l'en rapprocher ? La réflexion et la sagesse sont-elles vraiment source de bonheur ?  Descartes la connaissance nous rend moins gai.. »

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