Entendement et raison chez Hegel
Publié le 24/03/2015
Extrait du document
L'acte d'analyser une représentation, tel qu'on l'a pratiqué autrefois, n'était déjà rien d'autre que l'acte de sursumer la forme de son être-bien-connu. Décomposer une représentation dans ses éléments originaires est l'acte de revenir à ses moments, qui pour le moins n'ont pas la forme de la représentation trouvée-déjà-là, mais constituent la propriété immédiate du Soi. Cette analyse n'en vient il est vrai qu'à des pensées qui elles-mêmes sont des déterminations bien-connues, fixes et en repos. Mais un moment essentiel est ce séparé, [cet] ineffectif même ; car c'est seulement pour la raison que le concret se sépare et se fait l'ineffectif qu'il est ce qui se meut. L'activité de séparer est la force et le travail de l'entendement, la puissance la plus étonnante et la plus grande, ou plutôt la [puissance] absolue. Le cercle qui repose fermé dans soi et comme substance tient ses moments est la relation immédiate et partant non étonnante. Mais que l'accidentel comme tel séparé de son contexte, ce qui est lié et n'est effectif que dans sa connexion avec [quelque chose d']autre, gagne un être-là propre et [une] liberté isolée, c'est là la puissance inouïe du négatif ; c'est l'énergie du penser, du Je pur. La mort, si nous voulons nommer ainsi cette ineffectivité, est ce qu'il y a de plus redoutable, et tenir fermement ce qui est mort [est] ce qui exige la force la plus grande. La beauté dépourvue de force hait l'entendement, parce qu'il présume d'elle ce qu'elle ne peut donner. Pourtant, ce n'est pas la vie qui s'épouvante devant la mort et se garde pure de la dévastation, mais celle qui la supporte et se conserve dans elle qui est la vie de l'esprit. Il ne gagne sa vérité qu'en tant qu'il se trouve lui-même dans le déchirement absolu. Cette puissance, il ne l'est pas comme le positif qui se détourne du négatif, comme lorsque nous disons de quelque-chose : ceci n'est rien, ou faux, et alors, en en ayant fini, nous passons de là à quoi que ce soit d'autre ; mais il n'est cette puissance qu'en tant qu'il regarde ce négatif en face [et] séjourne près de lui. Ce séjourner est la force magique qui le convertit dans l'être. — Elle est cela même que ce que l'on a nommé ci-dessus le sujet, lequel, par le fait qu'à la déterminité il donne être-là dans son élément, sursume l'immédiateté abstraite, i.e. qui-est seulement en général, et par là est la substance véritable, l'être ou l'immédiateté qui n'a pas la médiation en dehors d'elle, mais est celle-ci même. «
Id., Préface, pp. 93-94.
«
Textes commentés 35
Concrètement, le procès de médiation de l'immédiat passe par diverses
phases que l'on pourrait dire de
décomposition et de recomposition - ou
encore
d'analyse et de ce que Hegel appelle ailleurs une synthèse, cette face
des choses indissociable de la production des différences, disant
à même leur
économie
la relation essentielle qui les rapporte les unes aux autres selon une
nouvelle figure de l'unité.
Le premier de ces moments est œuvre de
l'entendement ; le second est à mettre au compte de la raison sous sa double
forme
négative/ dialectique et positive/ spéculative.
1
Dans une économie de type représentatif, l'analyse n'aboutit qu'à des
éléments homogènes avec le tout et fixes -comme les rouages d'une montre
que l'on dispose les uns à côté des autres.
L'analyse
dialectique, que l'enten-1
dement offre au traitement de la raison négative, prête attention au contraire au •
fait
que chacune des différences atteintes reste habitée de l'idée du tout -
comme chacun des vivants, dans le cycle des espèces, est porteur de la totalité
des éléments qui constituent la vie comme principe.
Tant que le
cercle de
l'intelligibilité demeure clos sur son unicité, il est une image de mort ; il
1
n'accède à l'essentielle fluidité du connaître que s'il éclate en de multiples i
cercles dont chacun, dans son autostance, est une expression de la totalité du
début et du terme.
La conséquence en est la capacité
conceptuelle qu'ont ces singuliers de
vivre cette différenciation, non pas comme une dispersion sans retour, mais
comme la condition d'une
relation spirituelle qui s'exprime dans la figure d'une
mutuelle
reconnaissance.
L'agent de cette renaissance, c'est le négatif, qui 1
intervient une première fois dans l'analyse qu'opère l'entendement, et une
seconde fois -négation de la négation -dans l'éveil à cette unité véritable
dont connaît la raison.
L'équivalent anthropologique de cette négation, c'est
l'expérience de la
mort ; et la vie nouvelle, vie de l'esprit, rend capable de
déchiffrer dans cette négation la
force magique qui convertit la substance en
sujet.
La condition de cette alchimie véritable, c'est que l'individu accepte de
séjourner (verweilen) dans l'espace de cet accomplissement -qui n'est point
fuite de l'immédiat, mais travail de médiation qui seul peut poser l'être comme
identique à son propre devenir..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Hegel: Le trésor de raison
- La Raison dans l'Histoire de G. W. F. HEGEL
- Hegel: Le trésor de raison consciente
- l'expérience de l'histoire - HEGEL, La Raison dans l’histoire.
- Préface des Principes de la philosophie du droit (Hegel): la raison absolue