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En quoi l'inconscient des parents a-t-il une influence sur l'enfant à naître ?

Publié le 17/10/2011

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   Lorsque les parents se sont mis en couple, ils se sont choisis mutuellement et ils ont fait une sorte d’alliance inconsciente. Cette alliance, au niveau psychique, va encadrer la naissance de leur futur enfant. Avant d’exister physiquement, l’enfant existe dans la relation à l’intérieur du couple, dans l’imagination des futurs parents.  L’apport de chacun des deux parents va contribuer à constituer un appareil psychique familial dans lequel va entrer, malgré lui, cet enfant. Il va y avoir, pour reprendre une formule de C.G. Jung des « influences réciproques, d’inconscient à inconscient «, une « contamination psychique « et l’enfant à naître va baigner dans cet ensemble d’impressions, d’émotions sur lequel, sans le savoir, il va s’appuyer pour se construire. En effet, l’enfant est déjà, bien avant sa naissance, particulièrement sensible aux interactions, aux états d’âmes qui l’entourent au cours de son développement fœtal et il va subir ces influences tout au long de son évolution.

« père portent chacun, en eux-mêmes, une intériorisation subjective de leur représentation familiale et des liensfamiliaux, en fonction de ce qui leur a été transmis, de ce qu’ils ont eux-mêmes connu et vécu.

Chacun d’eux auraexpérimenté des investissements narcissiques et objectaux spécifiques, déterminants de leur relation à l’autre etcela aura une incidence inévitable sur le « regard » porté au futur bébé.Au cours de la grossesse, un prénom va lui être cherché et ce « nom » sera porteur d’un certain message, plus oumoins conscient d’ailleurs.

Ce nom va l’envelopper complètement, parfois bien avant sa naissance, et il peut êtreune façon pour les parents de faire revivre, grâce au corps à naître de l’enfant, un ami, un proche décédé pendantla grossesse de la mère ou avant.

Le prénom choisi peut être un indicateur de la place que va occuper cet enfant àsa naissance dans le système familial ou de la place qu’il occupe déjà dans la vie fantasmatique de ses parents bienavant sa naissance.

On peut avoir déjà assigné un rôle, un statut au futur bébé et cet enfant imaginaire sera alorssupposé pouvoir tout réparer, les deuils, les solitudes, les déceptions, pouvoir tout accomplir.L’image de l’enfant existe dans l’imaginaire des parents bien avant la conception et elle évolue tout le temps de lamaturation fœtale.Du côté de la mère, par exemple, la maternité peut être fortement investie pour combler des manques affectifsactuels dus à un isolement social.

Mais, cette maternité peut également combler des manques liés au passé et àl’enfance carencée de la mère.

Ce futur enfant peut ainsi, devenir un espoir de revanche et devenir porteur d’unmandat transgénérationnel de réparation dans le but de combler les manques passés et actuels.Devenir mère pourrait également signifier donner un enfant à sa propre mère, mais aussi se séparer de sa propremère, s’en libérer.Du côté du père, faire un enfant pourrait être l’occasion pour un homme, de s’éloigner définitivement de sonenfance, c'est-à-dire cesser de se voir comme le fils de ses parents, cesser de se sentir un enfant par rapport àeux.

Devenir père rendrait-il l’homme plus adulte par rapport à ses parents ? Devenir père serait-ce le moyen dedonner un enfant à son père, du vivant de ce dernier, afin de réparer une blessure parentale ancienne ?Plusieurs questions se posent à nous et qui sont intimement liées avec l’influence possible de l’inconscient desparents sur le développement de l’enfant à naître.

« Lorsque l’on fait un enfant : c’est un enfant de qui ? C’est unenfant de quoi ? C’est un enfant pour qui ? ». Clarissa Pinkola Estès souligne le fait que « d’un côté, le matériel de l’ombre peut être très positif » mais que « d’unautre côté, le matériel de l’ombre peut être négatif »[4].

Ce sera à l’enfant, au cours de son évolution, et enfonction de son histoire spécifique et de sa capacité de discernement, de faire le tri parmi tous ces « puissantsoutils psychiques »[5] afin de ne garder que ce qui lui semble bon pour parvenir à son individuation.

Un bon nombrede « mandats transgénérationnels inconscients », de « contrats narcissiques », de projections parentales vontsurgir et l’enfant devra pouvoir résister pour se construire et exister pour lui-même.

Chaque enfant est fait destransmissions de ses parents et de ses ancêtres et de ce qu’il en fera selon les circonstances de sa naissance etl’accueil qui lui sera fait.

Le bébé ne reçoit pas ces transmissions de façon brute, il les élabore, les assimile, lesrecrée tout au long de sa maturation et en fonction du contexte de sa conception.

Les parents ne transmettrontpas les mêmes choses selon que l’enfant attendu est un garçon ou une fille, selon que l’enfant attendu est l’aîné, lesecond, le dernier né, selon que l’enfant à naître est désiré ou non… La nature des projections parentales sur l’enfant à naître est particulièrement importante à prendre en compte.Certaines de ces projections sont absolument nécessaires car structurantes et permettant de déterminer la placeque l’enfant va occuper au sein de la structure familiale, d’autres s’avèrent trop intenses, violentes, destructricescar risquant d’entraver ou de contraindre le développement futur de l’enfant.

Boris Cyrulnik écrit que :« le plus souvent, la production fantasmatique de la mère a des effets bénéfiques sur le développement de l’enfant,quand l’enfant est attendu (plutôt que désiré),quand la grossesse est valorisée par le regard social, quand le bébéest annoncé par des paroles fières de la famille ou les gestes attendris du mari.

»[6] Comment sera posée cette problématique que représente l’influence de l’inconscient parental, dans les structuresfamiliales monoparentales par exemple, où l’absence du père est constatée dès la conception de l’enfant ? Dans lecas de procréation « hors union », le géniteur peut être, volontairement ou pas, mis à l’écart, et le désir du père parrapport à l’enfant à naître ne pourra pas prendre « corps ».

Quels peuvent être dans ce cas précis, les effetspossibles de cette non connaissance, de cette non reconnaissance du Père, sur l’enfant en devenir? Quelle est lateneur des désirs inconscients de la mère lorsqu’elle déclare son enfant né de « père inconnu » et qu’elle luitransmet son propre nom, qui est en l’occurrence, celui de son père à elle ? Des fantasmes oedipiens peuvent danscette situation de procréation « hors union » et/ou de « père inconnu », se trouver réactivés au moment de lagrossesse.

L’enfant à naître peut, en quelque sorte, permettre de concrétiser fantasmatiquement certains désirsenfouis de la génitrice à l’égard de son père.

Ces désirs indicibles par ailleurs peuvent devenir source d’angoisse etcréer une menace imaginaire à son encontre.

Cette future mère peut également être envahie d’un sentimentd’étrangeté par rapport à l’enfant qui se trouve en elle.

Elle va devoir apprivoiser cet enfant à venir et ajuster lesreprésentations qu’elle s’en fait avec les désirs, les fantasmes destructeurs qui l’oppressent.

La rencontre prochaineavec l’enfant réel peut générer des sentiments empreints d’ambivalence et dès lors prendre une tournuredramatique.D’autres formes de parentalité peuvent nous amener à nous questionner sur la nature de l’influence de l’inconscientparental sur l’enfant à naître.

En effet, dans les situations de « pluriparentalité » par exemple, la question qui sepose alors, est de savoir qui est véritablement le parent ? Le ou les géniteurs ? Celui qui prendra soin et élèveral’enfant ? Celui qui donnera son nom à l’enfant ? Un enfant peut-il avoir plusieurs pères, plusieurs mères ? A qui doit-il être affilié, apparenté ?Dans des familles adoptives ou recomposées, quels sont les processus inconscients mis en jeu, quel est le travailpsychologique qui se met à l’œuvre par rapport à l’enfant à naître pour lui créer un espace physique mais aussi. »

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