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En quoi l'homme occupe-t-il une place particulière dans la nature ?

Publié le 05/02/2004

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1) Point de vue scientifique : même si notre espèce est convaincue de sa prétendue supériorité, sa place ne serait particulière que comme est particulière la place de chaque espèce naturelle.a) Humiliation cosmologique.L'homme croyait la Terre au centre du monde et se croyait au centre de la Terre. Mais Copernic et Galilée démontrent que la Terre n'a pas cette position centrale. L'homme est passé d'une représentation géocentriste à une représentation héliocentriste de l'univers. Pascal se fera l'écho de cette révolution copernicienne.  NOTE SUR LE JANSÉNISME Le jansénisme est une forme particulièrement rigoureuse de pensée et de vie chrétienne. Il se propose de revenir à l'enseignement de Saint Augustin par réaction contre le laxisme des molinistes et des jésuites qui accordaient tant de pouvoir à la liberté de l'homme que plus rien ne restait à la puissance de Dieu.. Le jansénisme et son austérité morale constituèrent une véritable machine de guerre contre les jésuites et leur système rhétorique qui leur permettait de tout justifier y compris les actions morales les plus condamnables.  C'est un Pascal janséniste, et non plus savant, qui écrit cette phrase.

« refuge, ne nous entretiennent plus de Dieu ni de la communauté humaine, mais nous renvoient à une solitudeaccablante, à une perte d'orientation et de sens : « Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout [...] Que fera-t-il sinon d'apercevoir quelque apparence au milieu des choses, dans undésespoir éternel de connaître ni leur principe ni leur fin ? » Ce qu'entreprend Pascal dans les « Pensées », c'est de montrer la gloire du christianisme et les insuffisances de la raison à comprendre l'homme et le monde.

Pascal est l'homme qui désespère de la raison, et qui, comprenant au mieux les découvertes et les méthodes scientifiques de son temps, s'en détourne en pensant qu'elles nous sontinutiles pour comprendre ce qui nous concerne au plus près : ce que nous sommes et quelle est notre place dans lemonde. En parlant des « espaces infinis », Pascal prend d'abord acte des progrès de la science de son temps. Avec les découvertes de Galilée, on commence à comprendre l'univers comme infini : l'espace qui nous entoure n'a pas de frontières, et le monde entier est compris comme un espace indifférent offert aux lois de laphysique, au calcul mathématique. Mais Pascal est aussi contemporain du microscope, c'est-à-dire de la découverte de l'infiniment petit.

La lunette astronomique avait ouvert la voie de l'infiniment grand de l'espace, de l'univers ; le microscope nous ouvre lavoie, tout aussi merveilleuse, de l'infiniment petit.

L'homme se voit confronté à un double infini, dont il tient le milieu,il est inscrit dans un monde dont « le centre est partout et la circonférence nulle part ». Un chrétien comme Pascal comprend immédiatement que cet univers est vide de Dieu.

L'univers des scientifiques du XVII ième est un univers où ne règnent que de la matière et les lois de la physique.

Un univers muet qui ne parleplus à l'homme, à son coeur.

Il ne nous entretient plus de Dieu, il n'est plus un univers merveilleux dont la perfectionnous incite à la louange du Créateur.

C'est l'univers glacé des lois scientifiques.

Un univers effrayant, parce quel'homme et ses inquiétudes n'y ont plus de place et n'y trouvent plus de réponses. Telle est la leçon janséniste.

Dieu n'est plus visible dans la nature, le Dieu auquel on doit croire est « un Dieu caché ». La conséquence que Pascal tire donc des sciences de son temps, c'est la « disproportion de l'homme ».

il y a disproportion entre l'homme et l'univers, entre le fini de l'humaine condition et l'infini de l'univers ; il y adisproportion entre l'homme et lui-même, dans la mesure où nous sommes incapables de nous comprendre nous-mêmes sans Dieu et le secours des Ecritures. Pascal montre donc à l'homme qu'au regard de l'infinité de l'espace, il n'est que dans un « petit cachot », dans un morceau ridicule d'espace, mais aussi que, fouillant la plus petite parcelle de matière, il retrouvera « une infinité d'univers ». « Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature luia donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles, et je crois que sacuriosité se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence, qu'à les rechercher avecprésomption. » Nous touchons là au second sens de l'effroi devant l'infinité et le silence de l'univers.

Il faut vaincre la présomptionscientifique.

Il faut réapprendre à l'homme à trembler, il faut lui faire comprendre que par la raison il ne comprendrajamais ni l'univers, ni lui-même. L'univers est vide de Dieu, et il est offert à la recherche scientifique.

Il faut montrer au savant que ses recherches sont dérisoires, que le seul vrai souci est le souci de Dieu.

Et c'est en montrant qu'il y a unedisproportion extrême entre l'infini qui nous submerge et notre condition faible et mortelle, qu'on pourra affirmer : « Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses [...] ne cherchons point d'assurance et de fermeté.

Notre raison esttoujours déçue par l'inconstance des apparences ; rien ne peut fixer le fini entre les deux infinis qui l'enferment et lefuient. » Ce qu'il y a d'effrayant dans le monde tel que le conçoit le XVII ième savant, est qu'il est un univers froid, dontDieu s'est retiré, et où l'infini nous engloutit, où la nature ne nous parle plus.

Mais ce qu'il y a de plus effrayantencore, c'est que les savants entreprennent de comprendre cet univers grâce à la raison naturelle, en sedétournant ainsi de la quête de Dieu.

L'univers est visible, mais froid et silencieux, Dieu est caché.

Les savantss'arrêtent à l'univers au lieu de rechercher Dieu.

C'est pourquoi il faut humilier la raison, et lui montrer lescontradictions dans lesquelles elle s'empêtre.

C'est pourquoi il faut dire à l'homme de science que sa raison ne luifournira aucune certitude, c'est pourquoi il faut souligner la disproportion entre le fini et l'infini. Par là s'expliquent les attaques contre Descartes et la fameuse formule « Descartes inutile et incertain ». Descartes est inutile car il n'est que savant, et que la raison n'atteint que l'inessentiel en l'homme ou en la nature. Il est incertain parce que jamais la raison ne peut nous fournir de certitude véritable, et que, pour le janséniste. »

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