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En quoi le pouvoir du peuple serait-il légitime ?

Publié le 01/06/2009

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Analyse du sujet
 
-        Le pouvoir du peuple semble faire écho à ce que nous appelons couramment la démocratie – démocratie que l’on appelle de nos vœux par opposition au despotisme ou à la dictature.
-        Le terme de démocratie vient du grec demos (peuple) et kratos (autorité). Selon A. Lincoln, la démocratie est le « gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. « Il s’agit alors d’un régime politique où la souveraineté – le pouvoir légitime – appartient au peuple compris comme l’ensemble des citoyens.
-        Plus généralement, il s’agit d’une société libre et égalitaire où le peuple a une influence déterminante dans l’invention et l’exécution de la loi.
-        Chez Platon : « le pouvoir du plus grand nombre «, qui peut dégénérer en « anarchie «, selon qu’il est soumis ou non aux lois. (Le Politique, 301c, 302d7).
-        Chez Aristote, elle se définit d’une part par ses fins (gouvernement de la cité par le peuple dans la visée du Bien commun) et, d’autre part, sur le plan du nombre : « égal accès de tous les hommes libres issus d’une même cité aux fonctions politiques «, « chacun étant à son tour gouvernant et gouverné «. (La Politique, III).
-        Chez Spinoza : « Union des hommes en un tout qui a un doit souverain collectif sur tout ce qui est en son pouvoir «, « régime ou la souveraineté est tout absolue « parce qu’ « identique au peuple lui-même «. Régime « le plus naturel, le moins éloigné de la liberté «. (Traité théologico-politique, ch. XVI).
-        Chez Rousseau : forme de gouvernement dans laquelle le peuple exerce la souveraineté lui-même en corps, « en sorte qu’il y a plus de citoyens magistrats que de citoyens simples particuliers «. Elle doit être directe et non représentative. (Du Contrat social, II, 8 / III, 4).
-        Il faut d’emblée faire la distinction entre la démocratie (que l’on vient longuement de définir) et la république. Etymologiquement « chose publique «, la république désigne le régime dans lequel le bien de la communauté entière est indépendant du bien particulier des dirigeants, et résulte de l’unité de la communauté. Une monarchie peut en ce sens être une république.
-        Or, le pouvoir du peuple est-il toujours nécessairement démocratique ? Ne glisse-t-il pas parfois, ou en tout cas ne peut-il pas glisser vers la tyrannie ? La démocratie n’est-elle pas au fond la tyrannie de la majorité ? C’est en tout cas toutes ces remises en questions que l’intitulé du sujet (et particulièrement à travers l’emploi du conditionnel) semble interroger.
-        D’où vient que l’on tient le pouvoir du peuple comme le meilleur régime possible, à tel point que l’on cherche à tout prix à apporter la démocratie dans des peuples qui subissent des régimes dictatoriaux ? C’est donc la primauté de droit accorder au pouvoir du peuple qu’il s’agit ici d’interroger : cette primauté est-elle elle-même légitime ?
 
Problématique
 
Le pouvoir du peuple est-il une condition suffisante, voire exclusive pour garantir, c’est-à-dire fonder et conserver, la démocratie comprise comme régime légitime ? Quelles sont les conditions requises pour qu’il en soit une condition nécessaire ? Ne doit-on pas faire reposer la démocratie sur d’autres principes fondamentaux ? Principes qui seraient tout autant des conditions de possibilité essentielles pour que perdure cette démocratie ? Peut-on, en droit, faire reposer la légitimité du système démocratique sur le seul critère du pouvoir du peuple ?

« les urnes.

Prenons ainsi deux exemples parlants : Louis Napoléon Bonaparte a été éludémocratiquement (le premier élu au suffrage universel masculin), ce qui n'a pas empêché de faire soncoup d'état et de se faire achever la démocratie par un régime totalitaire.

On peut tout aussi bienprendre l'exemple d'Hitler, arrivé au pouvoir par les urnes lui aussi.

On comprend, à travers cesexemples, que c'est la légitimité du pouvoir du peuple lui-même qui est ici remis en question. · Le pouvoir du peuple ne semble donc pas être une assise suffisante pour la démocratie, alors mêmequ'il apparaît comme son expression la plus achevée. II.

A quelle condition le pouvoir du peuple peut-il être un critère de force et de légitimité ? · Le pouvoir du peuple est donc une condition nécessaire pour pouvoir parler de démocratie mais il estpourtant une assise bien insuffisante. · En réalité c'est la notion de pouvoir du peuple dans ce qu'elle implique qui doit être examinée. · Lincoln définissait la démocratie comme « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour lepeuple ».

On comprend alors ce que Rousseau définira comme « l'expression de la volonté générale ».En effet, cette volonté générale n'est pas simplement la somme des intérêts particuliers, bien aucontraire, elle n'est pas réductible (ou en tout cas ne doit pas l'être) à la somme de ses parties.

On doitalors penser en terme de bien commun et non pas en termes de bien particulier.

Le suffrage universeldoit donc aller de pair avec la notion d'universalité.

On doit élire, non pas celui qui est le meilleur pourson propre intérêt, mais pour celui qui semble répondre à la volonté du bien commun. · Il est vrai que l'idée même de démocratie, parce qu'elle repose sur la notion d'intérêt général, supposequelque communauté entre les membres d'une société.

En ce sens l'idéal communiste oucommunautaire, loin de trahir la démocratie, en accomplirait la véritable nature.

Certains, commeTocqueville, ont même cru devoir mettre en garde contre le danger que constituerait la démocratieengendrerait l'uniformité.

Mais on peut penser que c'est au contraire le propre d'une démocratie derendre possible l'expression des différences, de la résistance et des contre-pouvoirs.

Instituer unpouvoir politique distinct de la société, c'est en effet écarter toute possibilité, pour l'Etat, de prétendrel'incarner dans sa totalité. · C'est en ayant conscience de ce fondement fondamental que le pouvoir du peuple (comme non pascomme somme analytique d'intérêt particulier, mais comme synthèse rendant compte d'une véritablevolonté générale irréductible aux volontés particulière) peut être une base solide pour la démocratie. III. Le pouvoir du peuple ne s'auto légitime pas pour autant · Le pouvoir du peuple, dans ces conditions, est un principe de base absolument fondamental mais il nepeut suffire à garantir, seul, la démocratie.

Il est en effet, ce qui, en tant qu'il en est l'expression la plusachevée, ce qui fonde véritablement la démocratie, mais il ne permet pas, à lui tout seul, de lapérenniser. · En effet, pour toutes les raisons qu'on a vues précédemment, on doit faire entrer d'autres critères, toutaussi fondamentaux, afin de la préserver.

Il ne faut pas que l'Etat se confonde avec la société touteentière, sinon, on risque de tomber dans le totalitarisme. · On comprend alors que la démocratie ne passe pas, en tout cas ne doit pas passer, uniquement par lepouvoir du peuple pour être garantie.

En effet, le cœur démocratique doit se révéler au sein même desinstitutions, des modes de participation aux débats fondamentaux qui sont là pour faire parler lesdifférences et non pas les effacer. · On comprend alors que l'opposition et le contre-pouvoir, c'est-à-dire la possibilité critique, est unprincipe fondamental pour garantir la démocratie parce qu'elle permet l'expression du peuple au-delàdu suffrage universel.

La démocratie ne peut donc se résume seulement dans le fait d'aller voter (bienque ce soit le premier principe fondateur), elle se perpétue dans les débats, dans la participationcontinuelle aux enjeux de la société.

Le pouvoir du peuple (matérialisé par le suffrage universel) fondela véritable démocratie mais n'a pas l'extension suffisante pour la protéger pleinement.

Pour cela, il fautappliquer le principe de l'expression universelle pour faire perdurer cet état démocratique. · On peut ainsi voir avec Kant, Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? , que la condition de toute progression tant culturelle que politique ou encore sociale réside dans le débat.

En effet, débattre. »

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