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En quoi le personnage de roman reflète-t-il la société ?

Publié le 12/01/2014

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En quoi le personnage de roman reflète-t-il la société ?                  Il y a une histoire de France et il y a une histoire de la France littéraire. La littérature, en particulier ce genre qui a englouti la presque totalité de la production littéraire et qui s’appelle le « roman »,  s’inscrit dans une histoire, dans un espace et dans une société dont elle reflète les questions, les réponses, mais aussi les désordres, les contradictions, les luttes et les misères. Le personnage de roman, dans la mesure où il est parfois le double de l’auteur ou une marionnette qu’il utilise à des fins littéraires, reflète quelque chose d’une société donnée, à un moment donné. Ce reflet, est-il une totalité ou n’est-il qu’une partie du contexte historique d’une époque ? L’auteur en est-il prisonnier ou peut-il aussi en jouer, s’en extraire, voire s’en libérer ? Nous verrons dans un premier temps que le personnage de roman peut assumer cette fonction de miroir plus ou moins déformant,  nous verrons ensuite qu’il ne peut être qu’un miroir  sans quoi il  se ne  distinguerait pas alors du simple documentaire.   Il peut tout simplement refléter ce que la société pense d'elle-même. C'est ce qui sera examiné dans une troisième partie.                    Les hommes sont dans l’Histoire, presque prisonniers de la société à laquelle ils appartiennent, qu’ils y occupent des fonctions privilégiées, qu’ils la contestent ou qu’ils s’y adaptent.  Le romancier n’échappe pas à la règle. Le roman est donc comme le disait Stendhal « un miroir que l'on promène le long d'un chemin »                    Le personnage peut donc avoir pour fonction de refléter la réalité d'une société. C'est d'ailleurs la mission que se sont donné les principaux auteurs réalistes du XIXe siècle. Maupassant rappelait dans son fameux essai préfaçant Pierre et Jean la nécessité de créer par l'écriture « l'illusion de réel ». Le romancier serait donc une sorte de prestidigitateur. Par les mots, le langage, le style il fait du récit un miroir social. La description, fameuse, de la pension Vauquer inaugurant Le Père Goriot de Balzac fit voir littéralement chaque détail de l'habitation. La toile cirée, grasse, de la table d'hôte donne au lecteur l'impression d'y avoir passé sa main, les personnages sont décrits avec une telle acuité qu'on a l'impression qu'ils nous sont familiers. Honoré de Balzac accentue le trait en faisant de la pension un miroir de la hiérarchie sociale : plus  on monte dans les étages, moins on est riche, moins on est considéré... On cherche à peindre toutes les couches de la société... George Sand s'intéresse au monde rustique et paysan, Balzac à la petite bourgeoisie provinciale et avant eux, Madame de La Fayette à l'aristocratie qui anime la cour des Valois au XVIe. Plusieurs personnages sont historiques à l'exception de la protagoniste. Ce roman d'analyse reflète à sa manière les relations, le langage précieux d'une époque et d'une société. Par conséquent, le roman, par le truchement du personnage est une représentation du réel, un miroir plutôt fidèle de la société.                    Mais dans cette société, l'auteur n’est pas toujours à l’aise. Il n’y adhère pas totalement. Ecrirait-il si cela était le cas ? Ce dont il témoigne souvent, c’est d’une distance plus ou moins grande par rapport à cette société, et en particulier par rapport à ses choix. Le romancier tend alors donner au lecteur une vision de la société qui lui est propre. Aussi V. Hugo écrit-il sa vaste fresque humanitaire les Misérables comme une immense plaidoirie pour le peuple. Reflète-elle véritablement l’état de ce qu’on appelle le peuple ? Oui, certes, mais avec le romantisme propre à l’auteur de la Légende des siècles, avec la couleur particulière qui lui est propre et avec cette intention aussi qui est la sienne. Et bien sûr dans ce style un peu grandiloquent et emphatique propre au chef de file du romantisme français. De même Zola décrit-il le peuple tel qu’il est vraiment à travers l’alcoolisme de Gervaise dans l’Assommoir? Il s’est pourtant largement documenté sur la question.  Ses carnets d'enquête en témoignent. Malgré cela on perçoit la volonté d'un auteur de créer des symboles à travers des figures, des caractères parfois excessifs. Le puits, la mine décrits par cet auteur naturaliste ne sont-ils pas transfigurés en un être monstrueux qui avale les mineurs? Au fond, le personnage s'il reflète la société, c'est à la manière d'un personnage de roman, d'un être de papier qui se doit de frapper l'imaginaire d'un lecteur !                  Le romancier par ailleurs peut embellir, idéaliser une réalité pour séduire un lectorat avide de divertissement. En effet, qu’en est-il de Stendhal ? Ses héros sont des héros romantiques, empreints de sombre grandeur comme Julien Sorel, ou d’une inconscience énergique et désarmante comme Fabrice Del Dongo de la Chartreuse de Parme. Il reflète d’une certaine manière une partie de la société d’alors, à travers une noblesse un peu rêvée et une vie politique qui, quant à elle, traduit à travers la petite société inventée, une profonde connaissance des ruses des hommes face au pouvoir. Il s’agit alors de créer chez le lecteur du rêve, de l’évasion. Les romans d’Alexandre Dumas, Du Comte de Monte Christo aux Quatre mousquetaires répondent aux attentes d’un lectorat avide de sensations fortes et d’aventure. Les personnages, sans pour autant être idéalisés comme le seraient les héros du cycle arthurien, sortent « du lot » et font rêver. Leurs actions, les situations sont dites « romanesques » et sont donc propres à créer l’attente, les émotions sont exacerbées. Sur fond de vérité sociale  l'aristocratie du règne de Louis XIII est fort bien dépeinte, mais là n'est pas tout ! Le romancier cherche alors  à combiner ce qui peut être un reflet de la  société,  un miroir du monde à travers son personnage et  le récit d’aventures hors normes et divertissantes. Le personnage évolue dans une société qui pourrait être celle du lecteur mais ses aventures en font un personnage « romanesque ».                Donc, soit que l’écriture romanesque donne une vision du monde et du personnage dégradée, soit qu’elle en donne une image valorisée, il n’empêche que le marqueur, le repère reste celui d’une réalité sociale dont on se démarque peu ou prou.  Le roman et le romancier peuvent-ils alors s’émanciper vraiment de cette société omniprésente qui peut étouffer les destins ou au contraire les permettre ?                         Il faut attendre l’émancipation du personnage traditionnel.              Le  personnage peut ne pas être le reflet de sa société car son comportement, ses actions dépassent le cadre social et historique dans lequel il évolue. Le réalisme de Flaubert et de Maupassant libère au fond le roman de cette fonction de miroir, dont Zola reste encore prisonnier. Mme Bovary décrit la province normande et une petite bourgeoisie assez écoeurante. Mais le bovarysme est de tout temps et dépasse ce siècle étouffant. Emma Bovary pourrait être une jeune fille de notre époque ! Aujourd’hui encore, les mauvaises lectures, les illusions un peu sottes, l’aveuglement existent. lls sont de toute époque, éternels peut-on dire tout comme sont éternelles les hésitations d’une épouse et les freins que donne l’éducation le respect de soi et de son mari pour ne pas succomber à une passion dévastatrice à l’instar de la princesse de Clèves.En somme, le personnage reflète dans ce cas moins le contexte social qu’un comportement qui peut être pérenne et indépendant de la société dans laquelle il évolue.               Par ailleurs, à  travers l'écriture romanesque et au- delà de la description d'une vie sociale, peut être perçue une réflexion sur l'homme qui en fait partie. Ou à l'inverse qui s'en extrait. Le personnage, dès lors, devient celui qui représente cette société-là... un Candide à qui il faut dés- ciller les yeux pour qu'il « aie le courage de son propre entendement », société aveuglée, obscurantiste. Les personnages incarnent aussi des   hommes qui aspirent à échapper à leur conditionnement familial, tribal ou social. Julien Sorel meurt de ne pas échapper à son milieu, Fabrice del Dongo n’est sympathique que parce que précisément il transcende par sa jeunesse piaffante et impatiente toute la société à laquelle il appartient. Les aventuriers de Kessel n’appartiennent à aucune société organisée, hormis la leur. Le personnage devient une sorte d'outil narratif permettant à son auteur un discours sur sa société. Il n'en n'est pas le reflet, ou le miroir mais engage un regard, souvent critique.             Plus encore, le cadre social peut n’être qu’un prétexte à montrer l'homme face à des s...

« main, les personnages sont décrits avec une telle acuité qu'on a l'impression qu'ils nous sont familiers.

Honoré de Balzac accentue le trait en faisant de la pension un miroir de la hiérarchie sociale : plus  on monte dans les étages, moins on est riche, moins on est considéré...

On cherche à peindre toutes les couches de la société... George Sand s'intéresse au monde rustique et paysan, Balzac à la petite bourgeoisie provinciale et avant eux, Madame de La Fayette à l'aristocratie qui anime la cour des Valois au XVIe.

Plusieurs personnages sont historiques à l'exception de la protagoniste.

Ce roman d'analyse reflète à sa manière les relations, le langage précieux d'une époque et d'une société.

Par conséquent, le roman, par le truchement du personnage est une représentation du réel, un miroir plutôt fidèle de la société.                    Mais dans cette société, l'auteur n'est pas toujours à l'aise.

Il n'y adhère pas totalement.

Ecrirait-il si cela était le cas ? Ce dont il témoigne souvent, c'est d'une distance plus ou moins grande par rapport à cette société, et en particulier par rapport à ses choix.

Le romancier tend alors donner au lecteur une vision de la société qui lui est propre.

Aussi V.

Hugo écrit-il sa vaste fresque humanitaire les Misérables comme une immense plaidoirie pour le peuple.

Reflète-elle véritablement l'état de ce qu'on appelle le peuple ? Oui, certes, mais avec le romantisme propre à l'auteur de la Légende des siècles, avec la couleur particulière qui lui est propre et avec cette intention aussi qui est la sienne.

Et bien sûr dans ce style un peu grandiloquent et emphatique propre au chef de file du romantisme français.

De même Zola décrit-il le peuple tel qu'il est vraiment à travers l'alcoolisme de Gervaise dans l'Assommoir? Il s'est pourtant largement documenté sur la question.

 Ses carnets d'enquête en témoignent.

Malgré cela on perçoit la volonté d'un auteur de créer des symboles à travers des figures, des caractères parfois excessifs.

Le puits, la mine décrits par cet auteur naturaliste ne sont-ils pas transfigurés en un être monstrueux qui avale les mineurs? Au fond, le personnage s'il reflète la société, c'est à la manière d'un personnage de roman, d'un être de papier qui se doit de frapper l'imaginaire d'un lecteur !                  Le romancier par ailleurs peut embellir, idéaliser une réalité pour séduire un lectorat avide de divertissement.

En effet, qu'en est-il de Stendhal ? Ses héros sont des héros romantiques, empreints de sombre grandeur comme Julien Sorel, ou d'une inconscience énergique et désarmante comme Fabrice Del Dongo de la Chartreuse de Parme.

Il reflète d'une certaine manière une partie de la société d'alors, à travers une noblesse un peu rêvée et une vie politique qui, quant à elle, traduit à travers la petite société. »

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