En quoi la conscience est-elle temporelle ? (Pistes de réflexion seulement)
Publié le 26/03/2004
Extrait du document
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cette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-làmême, elle est présente.Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.
Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube ».
Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.
Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.
Je vois deux faces du cube, mais j'anticipesur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues.
Autrement dit, une autre caractéristique de laconscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui lesera.
Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps.Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autrechose, de viser autre chose.
Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a unesignification pour moi (je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité dedépasser ce qui lui est simplement donné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures.
Le but et l'ambition de la phénoménologie sont le retour aux choses mêmes.
Parlant de la révolution d' Einstein , Husserl déclare : « Ainsi Einstein ne réforme pas l'espace et le temps où se déroule notre vie d'être vivant ». Loin de comprendre ceci comme une attaque contre les sciences (auxquelles fut formé Husserl ), il faut le comprendre et comme une attaque contre le scientisme, et comme la nécessité d'un retour aux questions centralesdu sens : « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.
Dans la détresse de notre vie cette science n'a rien à nous dire.
Les questions qu'elles excluent par principe sont précisément les questions qui sont lesplus brûlantes à notre époque malheureuse ce sont des questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens detoute existence humaine. » L'ambition de la phénoménologie est donc de questionner le sens, de retrouver le sol où se déroule notre vie d'êtrevivant, de fonder une science de l'esprit en tant qu'esprit.
Celle-ci commence par la découverte de cette propriétéparticulière de la conscience d'être toujours présence et rapport au monde, et non intimité fermée sur elle-même.
Ence ses, la pensée existentialiste en est l'héritière, et la leçon de Husserl vaut toujours. - L'essence de la conscience réside donc dans l'intentionnalité : tout phénomène psychique vise un objet, laconscience est tension, mouvement vers un objet.
Elle semble donc plus être de l'ordre de l'espace.- De plus, un psychologue, Wundt, a essayé de montrer par différentes expériences que la conscience devait êtrepensée à l'instar de la perception, comme un champ.
Il met en évidence que la conscience possède un foyer avecune périphérie et qu'il est possible de déplacer le champs de la conscience pour y amener un objet dans son centre.De plus, il démontre qu'il est possible pour la conscience de contenir plusieurs représentations...La notion de champ renvoie donc à un espace.
De même, la théorie de l'inconscient ne postule pas que laconscience n'est qu'une partie du psychisme, un espace particulier....
La conscience nous accompagne dans la vie, elle est essentiellement durée intime et porte en elle tout letempsLa conscience comme il faut bien le comprendre, est ce qui nous met en contact avec le monde.
Perdre conscience,c'est perdre du même coup le monde qui nous entoure.- Bergson a ainsi mis en évidence que la conscience avait rapport avec leconcept de durée et non de temps.
Le temps de la science est un tempsdivisible, "spatialisé".
Au niveau de la conscience intime, le temps s'allonge ous'accélère, pèse ou s'oublie en fonction des aléas de la vie, au gré de l'humeurdu moment.
Ainsi, l'attente ou l'impatience peuvent faire de chaque minute quicoule une éternité d'angoisse.
Le temps est vécu, véritablement subjectif, faitde moments hétérogènes.- De plus, Bergson affirme que la conscience garde en mémoire tout le tempspassé.
La conscience ne peut pas être sans la présence de tout la passéconscient, le vécu de la personne : "Une conscience qui ne conserverait rien deson passé, qui s'oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaqueinstant : comment définir autrement l'inconscience?- Cependant, toute conscience est aussi pour le philosophe mouvement vers lefutur, elle est toujours occupée par ce qui va être.
"Toute conscience estanticipation de l'avenir[[...] La conscience est un trait d'union entre ce qui a étéet ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir." Ainsi, la conscience a pour base intime le temps et non l'espace.
Les penséesqui y prennent leur source, sont en effet régies par la succession etl'enchaînement temporel.
Pourtant, la principale activité de la conscience résidedans l'intentionnalité qui relie la conscience à un champ.
La conscience seréduirait alors à une sorte de contenant limité, tel que le champ perceptif.
Néanmoins, nous pouvons dire avecBergson que sans la coexistence de la totalité du passé et de l'anticipation de l'avenir, il n'y aurait pas deconscience.
Cette dernière est donc essentiellement temporelle puisqu'elle fait le lien entre le vécu passé du sujetet son avenir..
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