En quoi la conscience du temps qui passe a-t-elle une incidence sur le sens de l'existence ?
Publié le 03/03/2009
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Le mot « conscience « vient du latin cum scientia qui signifie « accompagné de savoir «. Etre conscient, c’est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu’on agit, qu’on sent et qu’on pense. Le fait d’être conscient constitue donc pour l’homme un évènement décisif qui l’installe au monde et lui commande d’y prendre position. Seulement, selon la formule de Husserl : « Toute conscience est conscience de quelque chose.« Autrement dit, toute conscience est relation à autre chose qu’elle-même. L’esprit est là où il perçoit les choses. L’homme transcende spatialement, mais aussi temporellement. Ainsi, je peux me projeter dans le passé (la rétention), dans le présent (l’attention), mais aussi dans le futur (la protention). L’homme peut donc transcender jusqu’à cette possibilité ultime qu’est la mort puisque avoir conscience du temps qui passe, c’est aussi avoir conscience de sa mort prochaine. On peut donc se demander en quoi la conscience du temps qui passe a une incidence sur le sens de l’existence. Toute existence est menacée parce qu’elle s’inscrit dans le devenir et la temporalité. C’est parce que la mort est cet horizon que l’existence devient pour l’homme un problème. La figure singulière de mon existence est inséparable de l’idée de ma mort. Et si la mort, comme terme, est une expérience que personne ne peut faire, la mort comme destin habite l’existence elle-même et y inscrit la contingence. Exister, c’est donc faire l’épreuve d’une absence au sein même de toute présence. L’avenir nous est inconnu, justement parce qu’il n’existe pas, cependant, il suscite chez l’homme une idée de dégradation et donc de crainte. Mais si l’homme a conscience que sa vie est pure contingence, n’est ce pas de cette manière qu’il peut la mener avec passion ? Ainsi, connaître sa fin, est-il un objet de crainte ou un gage de liberté ? Nous verrons tout d’abord en quoi le temps est lié à l’existence, pour ensuite voir dans quelle mesure l’avenir est crainte ou liberté.
«
images les plus diverses.
Or, ces images ne correspondent à rien de donné.
Le mouvement de pensée vers l'avenirne correspond pas à un objet au sens strict du terme.
C'est un fait que notre avenir, loin d'être donné, est incertainet ne forme pas un objet en tant que tel.
Nous nous projetons vers une absence, nous tendons nécessairementnotre esprit vers les dangers possibles liés aux incertitudes et à la temporalité.
Aussi devons nous, nécessairement,dans notre optique, saisir l'avenir comme objet de crainte et d'appréhension.
Car l'avenir est privation d'être : il seprésente à moi non comme une plénitude mais comme un non-être dangereux, ayant une existence imparfaite ouobscure.
Je dois craindre le temps comme avenir car il me révèle mes impuissances et mes limites.
Tout en lui estdéséquilibre et attente vide.
Je dois nécessairement craindre cet avenir marqué par le non-être.
C'est ce que notejustement Ferdinand Alquié dans Le Désir d'éternité : « Le corps ne se tend alors que vers l'absence, l'esprit doit senourrir d'images imprécises, et non de souvenirs et de sensations […] Sans cesse freinée et mise en réserve, notreénergie frémit et s'impatiente, esquisse des mouvements et, par là, nous déséquilibre.
»Ainsi l'avenir suscite la crainte car il peut contenir l'incertitude et le danger, mais aussi parce qu'il est lié à la seulecertitude que je possède : la certitude du néant, la certitude de la mort.
Ce que promet, à coup sûr, l'avenir, c'estla mort car l'avenir contient ma fin et chaque minute du temps me conduit vers cette fin.
Comment penserais-je àl'avenir sans penser à ma mort ? Toute pensée de l'avenir anticipe cette mort et se tourne vers elle.
Je suis un être-pour-la-mort et cette dernière structure mon existence, nous rappelle Heidegger.
La mort est présente à l'horizon detous nos projets et « dès qu'un homme est né il est assez vieux pour mourir.
» L'homme trouve épouvantable demourir car il s'est construit tout un monde qui lui paraît irremplaçable.
Dans notre société, où l'individu est vu commeun être irréductible et unique, la peur de mourir est plus grande que dans les sociétés ou le groupe à une valeurprépondérante.
Il est donc certain que plus la conscience de soi s'affirme, plus la peur de la mort s'avive.De nombreuses critiques ont été adressées à Sartre pour sa philosophie de l'existentialisme lors de la sortie de L'Êtreet le Néant.
En effet, à l'époque, l'existentialisme athée est perçu comme une philosophie du désespoir.
Elle a pourpoint de départ une vision pessimiste de la condition humaine.
Sartre nie l'existence de tout ce qui pourrait donnerun sens supérieur à l'existence humaine.
« Il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour laconcevoir.
» Selon lui, il n'y a pas de « nature humaine », pas de destin, pas de bien ou de beau en soi, etc.L'homme ainsi confronté au néant et livré à lui-même, ne peut que ressentir de l'angoisse.
La philosophieexistentialiste souligne la condition misérable de l'homme, tout en lui refusant la consolation de la religion ou desgrands idéaux.
Pour Sartre, la vérité première de l'existence humaine, c'est le sentiment de solitude et d'isolement.L'homme se sent étranger au monde et incapable d'atteindre les autres.
La possibilité de trouver un sens à la viedans la communauté humaine se trouve ainsi également niée, puisque l'homme est fondamentalement seul.
C'est parce que mon existence est indissociable de l'idée de ma mort qu'elle devient un problème pour moi.
Maiscertains philosophes ont insisté sur le fait que l'existence humaine, irréductible à tout système, à toute logique étaitavant tout liberté.
Exister, n'est-ce pas avant tout choisir ?
L'avenir ne doit pas, du point de vue du choix éthique ou moral, être objet de crainte, car la crainte est unetristesse liée à mon impuissance.
Dès lors, à cette crainte sans dynamisme, sans vie et sans joie, opposons unavenir lié aux possibles, à la liberté, au projet, et non plus en connexion avec la mort.
Cet avenir ne doit pas êtreobjet d'appréhension.
Si l'avenir se trouve en liaison avec la mort, s'il se rapproche d'un principe de dégradation etde chute, il est aussi ce par quoi l'homme se réalise et se fait : l'avenir ne se lie-t-il pas au projet ? Il est l'organede ma liberté et de ma puissance.
Mettre l'accent sur la dimension de l'avenir, c'est souligner que la consciencehumaine est projet et liberté.
Qu'est ce que trouver l'avenir au sein de notre conscience ? C'est dévoiler lespossibles, l'action, l'entreprise humaine.
L'avenir, c'est ce manque à remplir par notre action.
C'est un monde depossibles.
L'avenir symbolise ma liberté et je n'ai pas de raison de le craindre.Exister, c'et d'abord être un sujet.
C'est par conséquent à chacun qu'incombe la tâche de penser son existence,même s'il s'agit d'une tâche difficile pour autant que penser consiste à se situer au point de vue de l'universel,c'est-à-dire à dépasser et à abandonner le point de vue particulier et limité que j'occupe, ici et maintenant.
Existeret se rapporter à son existence comme individu pensant, c'est pourtant ce dont nul ne peut se dispenser s'il doitpouvoir répondre à son existence.
C'est pourquoi aucun système philosophique ou religieux ne peut m'éviter d'avoir àassumer la responsabilité de mon existence.
Afin de répondre à ses nombreux détracteurs, Sartre tient uneconférence dont le thème est « L'existentialisme est un humanisme ».
Il soutient que c'est sur cette responsabilitéque l'existentialisme met l'accent.
On peut le comprendre à partir de cette formule « l'existence précède l'essence.»Dire que l'existence précède l'essence, c'est dire que l'homme existe d'abord et se définie ensuite.
Ou encore queson essence, sa définition, n'est que le résultat de son existence comme projet.
Parce qu'il est temporalité, l'hommepeut se rapporter à ce qui n'est pas, c'est-à-dire à ce qui n'est plus, comme passé, ou à ce qui n'est pas encore,comme avenir.
Il est l'être par qui le néant arrive dans le monde : l'homme transcende, c'est-à-dire dépasse lesimple donné pour viser au-delà de lui ce qui n'est pas encore.
Existant toujours en avant de lui-même, on ne peutdire de lui simplement qu'il est, mais qu'il ex-siste (de ex, « dehors », et sistere, « se tenir »).
Ainsi est-il, avanttout, ce qu'il se fait.
Nul ne peut se démettre de cette liberté fondamentale : laisser agir à sa place lescirconstances ou les autres est un choix.Camus voit dans le mythe de Sisyphe – ce personnage de la mythologie grecque condamné, par châtiment divin, àrouler un gros rocher jusqu'au sommet d'une montagne sans jamais y arriver - une illustration de la conditionhumaine.
Comme Sisyphe, nous passons notre existence à répéter des gestes absurdes parce que notre vie n'a pasde sens.
Camus s'interdit toutefois de sombrer dans le nihilisme et dans le désespoir.
Il pense qu'il faut se révoltercontre le désespoir, ne pas sombrer dans le renoncement, vivre en dépit de l'absurdité.
Nous devons agirhéroïquement, regarder le non-sens en face et vivre notre vie avec lucidité, comme Sisyphe roule son rocherinterminablement.
Dès que l'on a pris conscience que le monde nous reste incompréhensible, il faut vivre avec.
»
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