En quoi la bioéthique est-elle symptomatique d'une mise au pas douloureuse de la morale à la modernité ?
Publié le 22/02/2012
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est faillible.
Par l'utilisation des biotechnologies, l'Homme pourrait bel et bien s'affranchir de ce carcan compresseurqu'à constitué son imperfection naturelle, et ce jusque dans sa limite la plus palpable, la mort : car, si généralisé etamélioré (et on sait que rien n'arrête le progrès), le clonage thérapeutique pourrait théoriquement permettre leremplacement de n'importe quel organe, et donc permettre l'immortalité.
Pour s'éloigner de la spéculation sur les avancées à venir et arriver à des considérations plus actuelles sur le progrèshumain permis par la bioéthique, on peut s'appuyer sur l'oeuvre du philosophe Peter Sloterdijk (SLOTERDAIK, le nomest dans la bibliographie).
Le philosophe allemand s\'appuie sur les réflexions de Nietzsche pour affirmer que lesinventions génétiques font partie du processus de civilisation: l\'Homme n\'a cessé de domestiquer son espèce ensélectionnant les instincts qui améliorent l\'humanité.
La connaissance des gènes et leur manipulation peut entrerdans un programme de « planification explicite des caractéristiques des individus ».
Pour Sloterdijk il s\'agit derendre humanité de moins en moins bestiale: l\'Homme physiquement solide qui peut enfin se réaliserintellectuellement et psychologiquement.
C'est un peu du réchauffé de Sénèque lorsqu'il dit qu'il faut être très richepour pouvoir s'épanouir intellectuellement, car on est loin des préoccupations matérielles.
Le clonage thérapeutiqueainsi que reproductif permettant une amélioration de la condition humaine, il est difficilement condamnable.
L'idéederrière tout ça est sans doute l'avènement du surhomme tel qu'à pu le décrire Nietzsche.
A noter cependant que latraduction française du terme est un peu hasardeuse : il faut prendre surhomme au sens d'après l'homme.
Et doncde post-homme, même si le mot n'existe pas.
L'expression d' « homme nouveau », correspondrait le mieux à l'idée.
Ce serait toutefois aller trop vite en besogne que d'éluder les aspects moins reluisants des biotechnologies et sesimplications sur la définition de l'Homme.
On passe à la deuxième partie de l'exposé.
2) « L'humanité en péril » : un constat qui se fait le corollaire de l'apparition de nouvelles techniques aux multiplesenjeux.
a) Le problème du clonage : vers un bousculement du principe de liberté.Pour Axel Kahn, le clonage est « une question tient à la préservation du caractère substantiel de la liberté.
Lesparents décident - déjà - de beaucoup de choses, mais l\'enfant peut changer tout cela.
En revanche, si un individului impose son matériel biologique, le clone ne peut le changer et, cela, rien ne peut le justifier ».
En effet si lasubstance de l\'homme est de pouvoir faire les choix le concernant directement, le clonage devient une réductiondirecte à la chose pour l\'individu qui en est issu.
Jürgen Habermas, dans L\'avenir de ma nature humaine.
Vers uneugénisme libéral, appelle à légiférer contre ce qu\'il nomme le « clonage libéral »qui correspond au droit laissé auxparents de contrôler l\'héritage génétique de leurs enfants.
Il développe la notion d\'eugénisme libéral qui comprendcelle d\'eugénisme négatif (correspondant à la prévention d\'une forme de malheur) et celle d\'eugénismed\'amélioration (correspondant à la garantie d\'une forme de bonheur).
Pour Habermas les hasards génétiques sontla condition indispensable pour que se déploie une vie autonome, elle même condition sa définition en tant qu\'êtrehumain.
Et la liberté humaine et la définition de l\'Homme dépend de cette autonomie car l\'Homme est l\'être quidécide de ce qu\'il sera.
« Personne ne doit dépendre de quelqu\'un d\'autre de manière irréversible ».
Or les viesdes individus non conformes à la norme, dont les parents n\'auront pas décidé la prédétermination génétique serontconsidérées comme des vies de moindre valeur et ainsi réduites en autonomie…
De plus, il est logique de penser que le clonage libéral ne sera pas l'apanage des masses populaires.
De ce fait, lesbiotechnologies peuvent être un fort vecteur d'inégalité.
Si il n'est pas certain que le hasard, génétique, fasse bienles choses, la discrimination du patrimoine génétique en fonction du revenu n'a pas non plus l'air d'avoir unevocation égalitaire.
Dans la mesure où la bioéthique s'inscrit dans le cadre républicain, elle est sensée, à défautd'imposer le concept d'égalité rigide à la française, proposer une équité chère à Rawls, plus flexible, qu'on appelle «Égalité des chances ».
Quoi qu'il en soit, même cette équité semble mise à mal par les biotechnologies, car leurstatut de technologie de pointe les rend de facto exclusives à certaines populations.
Pour ce qui est de la confrontation entre bioéthique et liberté et d\'égalité humaine, Grégory Bénichou va plus loinen condamnant le clonage comme étant à l'origine de « l\'Homme jetable », débouchant sur une aliénationhumaine…
b) La dénaturation de l'homme, un passage problématique du sujet à l'objet.Tout comme a été mis en place le quotient intellectuel, G.
Bénichou dénonce l\'instauration d\'un quotient génétiqueselon lequel les individus seront plus ou moins normalement constitués.
Le risque étant que les parents sélectionnentin vitro leur enfant à naître en fonction de la \'\'qualité\'\' de son quotient génétique.
Certaines dérives du mêmeordre existent déjà selon G.
Bénichou, qui évoque les méthodes de hiérarchisation au sein des entreprises vendantdu sperme, notamment aux États-Unis… Un nouveau facteur d'inégalités sociales serait alors favorisé par cegenre de pratiques.
Dans ce cas comment entrevoir le clonage comme un progrès pour l\'être humain, commentutiliser le clonage sans compromettre les principes d\'égalité et de liberté ? La bioéthique, telle qu'elle est définie,dans les lois de 1994, a comme objectif d\'éteindre les souffrances des individus et non pas de hiérarchiser leshumains ou de classer les malades.
Pourtant cette science pourrait créer à son insu un nouveau genre d\'inégalité:l\'inégalité biologique.
Sans entrer dans les détails, l'auteur Aldous Huxley, dans le Meilleur des Mondes, a retranscritde façon exhaustive les implications d'un développement brutal des biotechnologies, notamment par lerétablissement d'une société de castes.
Au delà du clonage reproductif, certains biologistes proposent la fabricationde clones sans cerveau afin de les utiliser comme gisements thérapeutiques ou comme « banque d\'organes ».
Celasignifie en arriver à de « l\'élevage humain », à fabriquer de \'\'l\'homme jetable\'\' dénonce G.
Bénichou.
Cela revientà diviser l\'humanité en deux castes, ceux qui vivent et ceux qui servent de pièces de rechange à ceux qui vivent..
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