En quel sens peut-on dire que l'art est un langage?
Publié le 04/01/2005
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sur la pertinence d'une métaphore très souvent employée.
Constitue-t-elle un modèle pertinent pour comprendre cequi se passe entre les artistes et le public, ou risque-t-elle d'introduire des confusions?Nous envisagerons d'abord les raisons qui conduisent à l'usage si fréquent de cette image; nous examinerons ensuiteles limites du modèle, en nous acheminant progressivement de l'idée de langage vers celle d'expression etd'interprétation.
I.
Le langage des arts
L'artiste veut dire quelque chose
Une des origines de la métaphore est le mouvement d'expression : par l'oeuvre, l'artiste « s'adresse » au public, il lui« dit » quelque chose.
C'est évident lorsque des arts comme la poésie ou le roman utilisent vraiment la parole; maisils l'utilisent de façon indirecte.
On pense souvent que l'art, par exemple la peinture ou la danse, est le meilleurmoyen trouvé par l'artiste pour dire sa vie intérieure.
C'est encore plus frappant lorsque l'art doit véhiculer un «message » politique, lorsque l'art devient « engagé ».
Le message devient ici plus explicite car il ne doit pas y avoirde malentendu.Certaines choses ne peuvent se dire qu'à travers l'artDe même, il nous semble que les oeuvres d'art nous sont d'un précieux secours pour dire des choses que nous noussentons incapables d'exprimer, par exemple l'amour ou la tristesse.
Une musique, une danse ne se substituent-ellespas à notre parole qui resterait plate et insignifiante?Code ou langage universel?Si les arts sont un langage, chaque art particulier est-il l'analogue d'une langue? Et dans ce cas, faut-il l'apprendrepour la comprendre? L'art serait-il le seul langage compréhensible part tous et immédiatement, sans apprentissage ?Il faut au moins une longue pratique pour en saisir toutes les nuances et certains artistes semblent élaborer un codequi leur est propre et qui demande un long travail de déchiffrement.
Mallarmé, par exemple, refusait énergiquementl'idée d'un art accessible sans effort.
II.
Un langage muet ?
Il semble donc qu'une analogie intuitive et générale soit plausible; mais peut-elle valoir dans le détail et servir defondement à une analyse rigoureuse? Ne montre-t-elle pas alors des limites?
Langue et langage
Il faut remarquer tout d'abord, comme nous commencions à le suggérer en fin de première partie, que la questionpose un problème d'homogénéité.
Parle-t-on de langage ou de langue, d'aptitude générale à la communicationsignifiante ou de systèmes concrets de signes? Peut-on vraiment dire que les arts soient un langage? L'analogie dela grammaire est-elle correcte pour penser l'architecture d'un tableau ou l'organisation des figures d'unechorégraphie?
Quelle communication?
De plus, il manque dans la plupart des arts une dimension essentielle dans le langage, celle de la communicationvivante, du dialogue.
L'artiste crée; on peut dire que par là il nous dit quelque chose, mais que pouvons-nousrépondre, nous qui contemplons son oeuvre plus tard et en son absence?Surtout, pouvons-nous répondre dans la même langue ? Dans ce cas ce serait un échange d'oeuvres d'art et ledialogue serait réservé aux artistes entre eux.
Enveloppement et explicitation
Enfin, une des fonctions premières du langage est de dire un sens de façon à ce que chacun comprenne la mêmechose, pour éviter les malentendus.
En va-t-il de même pour les arts ? Chacun ne revendique-t-il pas une certaineliberté d'interprétation, voire un plaisir pur qui se passe de « compréhension » ? Parler ici de langage n'est-il pasalors un...
abus de langage ?
III.
Langage et expression
Ces réserves montrent que l'analogie doit être maniée avec prudence; on peut néanmoins lui trouver un sens pourpenser le mouvement de l'ex-pression.
Langage et symbole
On peut d'abord souligner la présence fréquente, dans les différents arts, d'un symbolisme plus ou moins « codifié ».Dans certains arts (religieux notamment) ou certaines écoles (Pétrarque et le sonnet amoureux) les symboles ou lecadre d'expression sont définis de façon assez stricte, parfois ils sont plus libres; dans tous les cas il s'agit decomprendre que l'art, s'il dépasse la simple décoration, renvoie à quelque chose, au-delà de sa matérialité, à unsens.
Intériorité et expression.
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