En quel sens peut-on dire que "jamais les hommes n'ont été à la fois aussi solidaires et aussi seuls" ?
Publié le 11/01/2004
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Les hommes sont solidaires, cela leur est nécessaire; Marx, philosophe matérialiste,fait au niveau des échanges une distinction : entre l'échange simple et une autrecatégorie d'échange.
Selon lui, dans les sociétés primitives, l'échange véritablen'existe pas à proprement parler.
Les choses ne sont pas échangées maispartagées, et cela dans un but d'entraide, de coopération.
Dans ces sociétés leshommes sont donc solidaires l'un à l'autre, et pourtant avec certaines nuances ils nesont pas seuls, repliés sur eux-mêmes.
Il faut toutefois noter qu'entre différenteshordes, la communication est pratiquement inexistante.Tournier, dans son livre intitulé Vendredi ou les limbes du Pacifique, analyse lesrelations avec autrui, à partir de la non-présence d'autrui.
Et il conclut qu'autrui estun facteur de solidarité, en tant qu'il préside à l'organisation politique, sociale etéconomique de la société, et qu'il crée des institutions nécessaires à cetteorganisation.Nous pouvons nous demander pourquoi on peut poser la question suivante : « Enquel sens peut-on dire que « jamais les hommes n'ont été à la fois aussi solidaireset aussi seuls »? Cela implique-t-il qu'autrefois les hommes ne l'étaient pas, ou toutau moins à un degré moindre?Dans notre vie moderne, la communication « authentique » n'existe pas vraiment,les gens veulent aller toujours le plus vite possible, de sorte qu'ils ne pensent pasvraiment ce qu'ils disent, tout en faisant une « action charitable ».La notion de solidarité sous-entend une certaine compassion, une certaine pitié, etmême amitié.
Il faut que nous sympathisions avec celui qui est en peine, afin de lui apporter un certain réconfort.Il semblerait que dans notre société moderne les hommes soient à la fois solidaires et seuls, à un degré important.« Les hommes n'ont jamais été aussi solidaires et aussi seuls » en ce sens où les hommes deviennent de plus en plusmotivés par la satisfaction de leurs besoins, ce qui les pousse à s'entraider davantage, sans toutefois montrer plus decompassion, de compréhension envers autrui.
Aujourd'hui, les échanges entre les individus se complexifient de plus enplus, ils sont de tout ordre : affectifs, verbaux, commerciaux, etc.
Mais il faut remarquer que tous les échanges quels qu'ilssoient se réalisent sur un fond économique.
Depuis plusieurs années, les gouvernements s'attachent à assurer le confortmatériel, le moyen de vivre décemment, à leurs citoyens.
Des prestations sociales sont versées aux familles, pour leurpermettre de subvenir à leurs besoins.
Les vieillards, qui reçoivent une allocation vieillesse afin de les secourir, reçoiventuniquement un secours financier et non moral.
Ce qui pourrait expliquer la double présence de la solidarité et de lasolitude.De même, dans notre société moderne, des ouvriers se mettent en grève pour diverses raisons, en particulier pouraméliorer leurs conditions de vie et de travail.
Mais en fait, ils sont seuls, ce ne « sont des hommes que parmi des hommes».
Ils savent que le regroupement des forces leur permettra d'obtenir quelque chose si minime soit-il de la part desopposants.
Pour eux, « la force fait le droit ».
Cet exemple nous montre que dans certains cas la solidarité n'exclut pas lasolitude.
Lorsqu'un accident arrive sur la route, aussitôt les secours s'organisent, les blessés sont entourés de gens.
Enfait, cela n'empêchera pas l'individu de se sentir seul, car la plupart du temps les gens l'entourent afin d'en savoirdavantage que les autres, afin d'assouvir leur curiosité.
Ils ne compatissent pas véritablement, ils sont seulement heureuxque ce qui est arrivé à autrui ne leur soit pas arrivé à eux.Il existe entre les hommes, et c'est un fait inévitable, une certaine solidarité.
Le comportement humain intervient, c'est luiqui régit les rapports entre les individus.
Nous pouvons dire que « jamais les hommes n'ont été à la fois aussi solidaires et aussi seuls », dans la mesure où noussommes responsables vis-à-vis d'autrui.
Au cours des siècles, les hommes se sont rendus service mutuellement.
Poursurvivre, les hommes sont maintenant obligés de s'entraider.
Ils ne peuvent pas vivre indépendamment les uns desautres, et sont donc étroitement liés pour diverses motivations de nature économique, affective, sociale, etc.
C'est enévoquant ce problème que Marx définit l'échange comme « le fondement de l'existence, une chose sociale ».
Plus onavance dans le développement de la société, plus les individus sont solidaires et en même temps seuls.
La solitudesemble être la conséquence de la société qui, tout en multipliant ses efforts pour secourir et entraider les citoyens, lesconduit à la solitude.La solidarité extrême suppose qu'il y ait un secours financier, mais surtout moral.
Sans ce dernier secours la solitudeapparaît.
Les hommes sont solidaires, leurs sentiments humains les portent à l'être de nos jours; bien souvent leshommes s'entraident sans véritablement donner une signification profonde à leurs actes, ce qui contribue à leur donner lesentiment d'être seuls, d'être rejetés de la société, de ne pas avoir d'amis.Si nous prenons l'exemple du don gratuit effectué par les pays riches, pour subvenir aux besoins des populations pauvres,nous pouvons constater qu'il est plutôt effectué dans un but politique et économique que social.De même si nous considérons le cas particulier des immigrés dans la société occidentale, nous nous apercevons quemalgré les secours financiers qu'ils reçoivent, ils se sentent seuls, rejetés de la société, et cela à cause des différences decultures.
En définitive, nous pouvons dire en un sens que « jamais les hommes n'ont été à la fois aussi solidaires et aussi seuls ».Cette double présence, paradoxale et pourtant véridique, tend chaque jour à devenir plus omniprésente dans la vie desindividus, ces derniers devenant de plus en plus dépendants.Mais peut-on dire que la solitude soit vraiment absolue? N'existe-t-il pas des situations où les hommes sont solidairessans toutefois être seuls ? Autrui est nécessaire à tout individu pour des raisons diverses, ne serait-ce que pour que cedernier apprenne à parler afin d'établir des communications avec autrui.
L'homme est un « être d'affectivité »..
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