En quel sens peut-on dire de l'histoire qu'elle est un mythe ?
Publié le 29/07/2005
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L'une des spécificités de l'histoire par rapport à la science est la
dimension de temporalité : l'histoire ne peut s'écrire qu'après un certain
délai, un fait ne devient historique que lorsque l'on est à même de le mettre à
distance, tandis que les faits observés par la science n'ont qu'une temporalité
relative. La vitesse de formation de tel précipité chimique, le temps d'émission
d'ondes radioactives de tel composé atomique, ont une valeur en tout temps et en
tout lieu.
III-L'histoire, à la frontière de l'art
et du mythe.
Dans ses Etudes sur les
fondements de la connaissance (tome II), Cournot montre que contrairement au
géographe, l'historien ne peut s'aider de la science mathématique pour figurer
une réalité, tandis que la géographie peut se dessiner, l'histoire ne peut,
elle, que s'écrire. Cournot écrit de l'historien : « il est comme ce voyageur à
qui manque les ressources du dessin, et qui doit y suppléer par la force de la
mémoire et de l'imagination et par le pittoresque du style. ». Loin d'être
contradictoire avec l'exigence de vérité qui l'anime, le style, l'art d'écrire,
de décrire, de rapporter des faits, sert au contraire cette exigence
d'objectivité.
Les armes de l'historien, ses outils, relèvent de l'art tandis que
le but qu'il se propose est apparemment scientifique, le travail de l'historien
consiste à composer avec ce paradoxe. En tant qu'exercice d'écriture,
l'histoire, relève donc d'un art, elle est suspendue au talent des hommes, à
leur capacité de faire primer le sens général des faits sur la multiplicité des
détails dont ils se composent. En effet l'histoire n'est jamais purement
descriptive, elle n'est pas un exercice d'écriture journalistique, un simple
compte-rendu, elle est toujours investie d'un certain sens, elle est au-delà
d'une simple collection de faits.
Le travail de l’historien est censé être le plus objectif possible, l’exigence de véracité qui l’anime paraît rapprocher sa tâche d’une science. Le mythe n’est-il pas à l’opposé, une anti-histoire, au sens où les faits narrés y sont subordonnées à une intention symbolique dominante, tandis que dans l’histoire c’est la justesse du récit qui prime ? Pourtant, nous verrons que l’écriture de l’histoire relève davantage de l’art que de la science ; c’est peut-être le moyen d’expression dont il dispose qui rapproche le travail de l’historien de l’écriture du mythe.
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