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En quel sens peut-on dire avec Bergson : nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité.

Publié le 27/03/2005

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bergson
Considérer en effet que nos actes sont libres lorsqu'ils ont avec notre personnalité « cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste », c'est signaler l'existence d'un phénomène en lui-même bien énigmatique, dès lors que la ressemblance est qualifiée d'indéfinissable !Ce caractère indéfinissable n'est pas cependant un défaut : il correspond au contraire à ce qu'il peut y avoir de mystérieux en effet dans le sentiment que nous avons de notre propre liberté. Sentiment qui en lui-même est toujours imprécis, diffus, et qui ne peut aboutir qu'à un repérage dont la conceptualité n'est pas la qualité principale : que signifient exactement des actes « émanant » de la personnalité ou l'" exprimant » ? Comment la personnalité est-elle ainsi « traduite » en acte ? On a du mal à le savoir.Mais de telles remarques feraient le jeu de Bergson lui-même, qui se garde bien ici, à propos de la liberté, de céder à la rigueur conceptuelle, et qui indique même que c'est précisément lorsqu'on pratique des distinctions conceptuelles trop raffinées que l'on se condamne à ne plus rien comprendre de la nature vécue de la liberté. [II - Réponses à deux objections]Une analyse du repérage proposé par Bergson pourrait en effet souligner que, si la personnalité colore l'acte, c'est bien que ce dernier est alors déterminé par ce qui est nommé « caractère ».La réplique à une telle objection est simple : la distinction entre un moi qui agit et un moi qui sent ou qui pense n'est qu'un artifice de présentation, résultant d'une analyse nous éloignant par définition de ce qui a lieu dans l'existence. Admettre que le moi qui pense (le caractère) aurait ainsi le pouvoir de « peser » sur le moi qui agit est une illusion « puérile »en fait les «deux moi » n'en font qu'un, c'est leur mélange qui compose ce que Bergson nomme « personnalité », à l'intérieur de laquelle le caractère se trouve intégré de telle façon qu'il ne risque pas de s'en extraire pour exercer la moindre « pesée » sur un aspect différent du moi. Il y a ainsi va-et-vient constant entre la pensée et l'action, on ne peut isoler sérieusement l'une de l'autre, ni concevoir que l'une soit « cause » de l'autre.C'est encore une puérilité de penser que les modifications de notre caractère nous seraient étrangères, venant ainsi contester la possibilité même de notre liberté dès lors que nous n'obéirions qu'à des déterminations extérieures.

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