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En quel sens les sciences de l'homme sont-elles des sciences ?

Publié le 04/02/2004

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  • Question assez inhabituelle : on demande plus souvent ce qui fait défaut aux sciences humaines pour être authentiquement scientifiques.
  • Il s'agit donc de repérer les points communs aux sciences humaines et aux sciences, et ce qui justifie l'appellation des premières.
  • Le plus efficace est de réfléchir sur les buts des différentes sciences, plutôt que sur leurs méthodes

« [III.

Savoir et pouvoir] Bacon considère déjà qu'il faut « savoir pour pouvoir ».

Descartes précise que, grâce à la science et à la technique,l'homme deviendrait « comme maître et possesseur de la nature », et Auguste Comte confirme à son tour que laconnaissance de la nature grâce aux sciences augmente le pouvoir que l'homme a sur elle.

Or, cette alliance entresavoir et pouvoir se retrouve dans les sciences humaines.Sans doute fait-on souvent valoir qu'il y a dans l'homme une liberté qui interdit qu'on le considère comme soumis àun déterminisme aussi rigoureux que les phénomènes physiques ou chimiques.

Et l'on peut de ce point de vue mettreen cause la capacité de pans entiers des sciences humaines à prévoir quoi que ce soit : c'est ainsi parce que lescomportements humains restent non massivement déterminés que l'économie, même se voulant la plus scientifiquepossible, ne parvient pas à véritablement prévoir les « crises ».

C'est qu'il y dans de tels domaines un facteur «affectif » ou « sensible » qui ne peut être mis en équation.

Il n'en reste pas moins que le recours à des donnéesempruntées aux sciences humaines peut faciliter certaines tâches sociales ou politiques : à partir de sondages, ondéfinit ce que peut être par exemple l'attente du téléspectateur, et c'est à partir de ce profil que sont définis denombreux programmes, dont le succès éventuel ne peut qu'encourager la répétition du processus.

De même, unparti politique tient de plus en plus compte des renseignements recueillis par des sociologues et des psychologuessur les sentiments, les choix, les attentes d'une population, pour définir son propre programme de propositions oud'action.Il est donc clair que, à la façon des sciences « dures », les sciences humaines sont liées au pouvoir, et peuvent leseconder : non seulement parce qu'elles peuvent se trouver, volontairement ou non, à son service, mais aussi parcequ'elles possèdent un certain savoir, qui peut être utilisé par n'importe quel pouvoir à des fins intéressées.

LorsqueMichel Serres fait valoir que, dans le monde contemporain, les sciences sont liées à l'industrie et au pouvoir, et quece dernier se définit de plus en plus comme « thanatocratique », on peut admettre que sa remarque vaut désormaisautant pour les sciences humaines que pour les autres. [Conclusion] Les sciences humaines sont des sciences comme les autres, dans la mesure où elles possèdent les mêmescaractères : cherchant à établir un savoir, elles se retrouvent finalement dispensatrices de pouvoir.

Dans leur cas,cela n'est guère surprenant : en effet on ne doit pas oublier que, parmi les facteurs qui ont accéléré leur formation,se trouvait notamment la nécessité de résoudre les problèmes sociaux suscités par la société industrielle.

C'est doncdès leur origine qu'elles sont conçues comme devant être utilisées, et c'est bien pourquoi elles rejoignent là lesautres sciences – même si l'on a pu estimer classiquement que ces dernières étaient d'abord orientées par un butplus « noble ».. »

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