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En quel sens l'égalité entre les hommes est-elle la condition et la fin de la démocratie?

Publié le 27/02/2008

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  La démocratie se définit étymologiquement comme étant le pouvoir au peuple (demos : le peuple ; cratein : le pouvoir). En ce sens, il semble bien que l’égalité entre les hommes soit un réquisit logique, une nécessité pour que cette forme du pouvoir existe. En effet, si les hommes n’étaient pas égaux alors on pourrait remettre en doute la possible de donner le pouvoir à certains pour le réserver seulement à une élite instruite par exemple (aristocratie : le pouvoir des meilleurs). Ainsi, l’égalité entre les hommes est nécessaire à l’avènement d’une véritable démocratie, s’en est même la condition de possibilité. Cela dit, on prend alors implicitement le terme de démocratie simplement comme le pouvoir de tout le peuple sans exception et non pas seulement le pouvoir de la majorité du peuple. Or on peut aussi entendre le sens de démocratie en ce sens. Dès lors, la démocratie ne sera pas pleine et entière comme dans la première acception mais pourra avoir pour tendance de s’en rapprocher, c’est-à-dire que pour y parvenir, l’égalité des hommes sera la fin à atteindre, le but téléologique de la démocratie.

Cependant, on se trouve alors face à un conflit puisque logiquement l’égalité entre les hommes ne peut pas être à la fois la condition et la fin, elle ne peut pas être et la cause et la conséquence : il y a donc manifestement contradiction. Et c’est en ces termes que le sujet prend tout son intérêt. Il s’agit alors d’étudier la fécondité conceptuelle des deux et de sélectionner celle qui sera la plus conforme au concept de démocratie (1ère Partie), le problème que pose le sujet étant bien celui de la définition de la démocratie ainsi que de la valeur de son critérium, c’est-à-dire l’égalité entre les hommes. Or c’est peut-être sur ce terme en effet qu’il convient d’être vigilant et d’en saisir toute la portée. L’égalité est un concept mathématique impliquant une identité de valeur entre deux objets. La question est alors de savoir de quelle identité parlons-nous. En effet, parler d’égalité entre les hommes n’est pas supposer une atténuation des différences entre les individus, ou encore faire référence à un homme idéal, à un homme nouveau à la manière soviétique ou plus simplement à une utopie. Plus radicalement, la démocratie n’est-elle pas menacer par la revendication d’une égalité entre les hommes, n’est-ce pas confondre le citoyen et l’homme ? En ce sens, l’égalité ne serait ni la condition ni la fin de la démocratie. (2nd Partie). Néanmoins si l’idée d’égalité est, conformément à la définition de la démocratie, ou une condition ou une fin, il s’agira alors de montrer quel type d’égalité est féconde pour saisir le concept de démocratie et comprendre ce qu’elle est (3ème Partie).

 

« démocratie, ou plus simplement atteindre la démocratie.

Or c'est bien le problème que pose Marx dans son Manifeste du Parti communiste .

En effet, l'égalité entre les hommes ne peut pas être la condition de la démocratie car jamais l'Etat bourgeois ne laisseraitle pouvoir au prolétariat constituant le peuple dans son immense majorité.

Etc'est en ce sens que l'on parler de lutte des classes.

Dire que l'égalité deshommes est la condition de la démocratie c'est la condamner à ne jamaisexister.

C'est pourquoi, la révolution communiste qui prône une égalité detous les hommes n'envisage pas celle-ci comme une condition de ladémocratie mais la fin la plus achevée de cette dernière définissant un hommenouveau, notamment hors du régime traditionnel de la propriété.

Et c'est bience qu'énonce Marx dans cette phrase : « La première étape dans la révolutionouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquêtede la démocratie ».

Il s'agit donc d'abord de la dictature du prolétariat quiseule pourra amener l'égalité entre les hommes.

Transition :Ainsi, si l'égalité entre les hommes, même si elle paraissait être la condition dela démocratie, semble être un idéal ne permettant finalement jamais sonavènement.

C'est pourquoi au lieu d'en être la condition, il paraît plusjudicieux d'y la fin de la démocratie relativement à la définition que nous enavons donné ; une égalité qui verra son accomplissement dans un processushistorique que seul permet la démocratie.

Cependant, voir dans la fin de ladémocratie l'égalité entre les hommes n'est-ce pas méconnaître la différence entre l'homme et le citoyen ? N'est-ce pas non plus un risque de tendre vers un totalitarisme en recherchant cetidéal d'égalité ? Plus simplement, l'égalité entre les hommes est-ce pertinent ou cela a-t-il un sens pour comprendrel'essence de la démocratie ? II – Critique du postulat de l'égalité : illusion, utopie, totalitarisme a) Résolument, l'idée d'une égalité entre les hommes est une illusion mais surtout un danger pour la démocratie.

Eneffet, dire que la fin ou la condition de la démocratie est l'égalité entre les hommes c'est définir un modèle del'homme, rechercher un idéal type et nier d'une certaine manière la diversité et la spécificité de chaque être humainau sein de l'Etat.

Autrement dit, on se situerait ici dans la thématique de l'homme nouveau et ce serait tendre dèslors vers le totalitarisme.

C'est en effet un des problèmes de cette vision de l'égalité comme le remarque Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme .

Si Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, t.

II , avait déjà perçu le risque de dérive de la démocratie en totalitarisme avec le développement de l'individualisme qui,paradoxalement détourne de l'intérêt commun, dans cet ouvrage Arendt en quoi ce discours sur l'égalité des hommes est un point récurrent des discours totalitaires, un point d'ancrage, impliquant la définition d'un idéal et lanécessité de recourir à la violence afin de faciliter sa mise en place, ce que les exemples historiques de dictaturesne cessent de nous montrer.

(Et il est par ailleurs intéressant de remarquer que chez Marx comme chez Mill onretrouve un usage bénéfique – quoique cela soit à nuance dans le dernier cas – de la dictature).b) En effet, l'égalité entre les hommes est un idéal.

Il s'agit plus simplement d'une illusion de l'esprit, d'unecroyance, d'une croyance, d'un mythe et au niveau de la société d'une utopie.

Il n'y a effectivement guère quedans les utopies et dans le récit biblique que l'on retrouve cette idées de l'égalité entre les hommes.

Et il s'agit biencomme le remarque Cioran dans Histoire et Utopie d'un mécanisme récurrent propre à l'utopie.

L'égalité entre les hommes n'a pas de réalité en soi, cela ne fait référence qu'à la volonté consciente ou non de retrouve un Eden jadisperdu.

Autrement dit, comme Cioran l'exprime dans une formule ramassée : il s'agit de « refaire l'Eden avec lesmoyens de la chute », c'est-à-dire de reconstruire un paradis artificiel, crée par l'homme pour l'homme avec lesfruits de son travail.

C'est pourquoi si l'on veut faire de la démocratie une réalité il faut refuser le critère de l'égalitéentre les hommes comme la condition ou la fin de celle-ci.c) Pourtant, conformément à la définition que nous avons fourni, la démocratie semble bien reposer sur l'idée d'uneégalité ; mais si l'on parle d'égalité, il ne s'agit plus ici de l'égalité entre les hommes, impossible à réaliser etdangereuse, mais bien d'une égalité entre citoyen déterminant un droit positif, une justice, des devoirs etc.

Eneffet, confondre ou mettre sur le même plan égalité entre les hommes et égalité entre les citoyens, c'est faire laconfusion comme le dit Jacob dans le Jeu des possibles , entre deux registres de réalités : celui de la biologie et celui du droit, mais aussi entre égalité et identité, sachant que l'égalité biologique entre deux individus estimpossible.

Transition : Ainsi, on ne peut pas dire au risque de ruiner toute réalité à l'idée de démocratie que l'égalité entre les hommes estla condition ou la fin de celle-ci.

Cela constituerait au mieux une illusion, une utopie faisant référence à rêve d'unparadis perdu, au pire cela pourrait mener droit vers un totalitarisme.

Dès lors il semble nécessaire de ressaisir leconcept de démocratie à l'aune de la seule égalité qui soit féconde, celle entre citoyens.

III – Redéfinition de la démocratie à l'aune d'une égalité féconde, celle du citoyen a) En effet, pour penser la démocratie il faut d'abord voir que la différence entre homme et citoyen suppose le. »

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