En quel sens la représentation de ma propre identité n'est elle pas une évidence ?
Publié le 29/11/2011
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Se représenter sa propre identité nécessite tout d'abord de pouvoir s'observer, s'éloigner assez de soi-même pour avoir une vue complète et objective et rester suffisamment proche pour ne pas perdre les détails qui nous caractérisent. Voir l'action ne suffit pas, il faut connaître les raisons profondes de l'action, c'est pourquoi je peux seul juger mon action pour moi-même, car personne d'autre n'a accès a mes motifs et mes mobiles mieux que moi, personne n'a ma mémoire, je suis donc le seul à pouvoir comprendre le « pourquoi «. Mais pour juger je dois être objectif, je ne dois pas laisser la connaissance de ma mémoire m'apitoyer, je ne dois pas rester complaisant, je dois mettre à part tout émotion. Comment alors prendre en compte à la fois mon vécu, sans justifier automatiquement l'action ?
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Mais je ne prétends pas que mon caractère soit le même à chaque instant de ma vie, il change, est-ce dire aussique mon identité change ?
Chaque seconde, ma pensée varie, mes émotions s'alternent, j'acquiers des capacités, j'en perds d'autre, je gagneen expérience tout en perdant en naïveté.
Lorsque je vois une ancienne photographie de moi, puis-je encore direque ce bébé, c'est « moi » ? Puis-je encore me dire que je suis celui qui a haït ses parents pour une histoire desortie ? Pourtant tel que je suis, je n'aurais plus les pensées, plus les mêmes réactions, je ne ferais plus les mêmeserreurs, ou peut-être aussi serais-je moins généreux parce que j'aurais acquis une conception différente de l'argent.Puis-je me reconnaître dans le passé ? Mon identité a t-elle changé ?Puisqu'à chaque instant survient une nouvelle pensée, une émotion inédite, dois-je penser que mon identité n'estqu'instantanée ? Mon identité varie-t-elle en fonction de ma mémoire ? Si elle change si vite, si elle n'est jamaismême, dès lors il n'y a plus lieu de parler d'identité.Pourtant c'est cette mémoire qui fait de moi un individu, la conscience du temps qui passe, mémoire du futur et élanvers l'avenir, fait de moi l'être créateur dont la liberté fait l'humanité.
Cet être même dont on veut définir l'identité.La mémoire fait de moi l'homme, l'être conscient et libre, qui a donc une identité.
La mémoire ne peut donc pas nierl'identité, il faut qu'elles s'accordent.
Pour Voltaire d'ailleurs « ce n'est que la mémoire qui établi l'identité, la mêmetéde votre personne ».En effet, en voyant ce bébé sur cette photo, en pensant à l'enfant que j'étais, je ne dis pas moins «je ».
Monidentité perdure, elle est continue, unitaire, elle ne se fragmente pas, elle subsiste malgré les changements.L'identité n'est pas une égalité, c'est à travers les changements que je subis que j'expérimente l'identité, que jeprends conscience d'elle.
Pour Bergson, il existe en deçà d'un moi social, un moi profond qui ne perdure que par leschangements, qui est une succession infinie de mouvements.
Mon identité est irréductible, on ne peut l'amputer.
Comme le démontrent les stoïciens, on peut malmener moncorps, m'arracher un bras, sans que pour autant je sois moins « moi ».
Depuis que, enfant, j'ai commencé à dire « je», j'ai conscience de ma position face au monde, de ma présence à moi, d'une certaine identité qui m'est propre,cette intuition est un évènement irréversible, j'aurai toute ma vie conscience de mon identité, ce qui ne veut pasdire que j'en aurai connaissance.
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Cette présence à moi ininterrompu fonde la continuité de l'identité, il n'y a pasd'instant où malgré les changements, je me sente moins présent à moi-même.
Rien ne peut dissoudre, dissiper cetteidentité.L'identité est donc présence à soi, elle s'établie et se développe par ma mémoire qui témoigne du changement etdans mon rapport à l'autre qui est mon caractère : « Il n'y a que deux choses qui établissent notre identité à nospropres yeux : la permanence de notre caractère et l'enchaînement de nos souvenirs » (J.
Lachelier in Psychologieet métaphysique)Mais savoir ce qu'est l'identité ne nous dit pas quelle est notre identité.
Il nous faut toujours nous examiner pour ladéfinir, et c'est ici que se trouve la véritable difficulté.
Se représenter sa propre identité nécessite tout d'abord de pouvoir s'observer, s'éloigner assez de soi-même pouravoir une vue complète et objective et rester suffisamment proche pour ne pas perdre les détails qui nouscaractérisent.
Voir l'action ne suffit pas, il faut connaître les raisons profondes de l'action, c'est pourquoi je peuxseul juger mon action pour moi-même, car personne d'autre n'a accès a mes motifs et mes mobiles mieux que moi,personne n'a ma mémoire, je suis donc le seul à pouvoir comprendre le « pourquoi ».Mais pour juger je dois être objectif, je ne dois pas laisser la connaissance de ma mémoire m'apitoyer, je ne dois pasrester complaisant, je dois mettre à part tout émotion.
Comment alors prendre en compte à la fois mon vécu, sansjustifier automatiquement l'action ? Si instantanément, je peux dire objectivement que l'action est mauvaise, qu'ellene se justifie pas ni par mon passé, ni par mes émotions, pourquoi alors la faire quand même ? Je ne peux pas à lafois m'observer en train d'agir et agir.
« Par une nécessité invincible, l'esprit humain peut observer directement tousles phénomènes, exceptés les siens propres » nous dit Auguste Comte.
C'est que l'individu ne peut pas s'aliéner etrester lui-même en même temps, il ne peut regarder dans une direction et se regarder regarder dans cette directionà la fois.Pour connaître mon identité, il faudrait pourtant que je puisse être spectateur de moi-même et non pas toujoursacteur.
Il faudrait que je puisse au moment même de la réflexion puis de l'action, comprendre tous les mécanismesmis en jeu avant qu'ils ne soient oubliés.
D'autre part, même en parvenant à s'éloigner suffisamment de soi-même pour se voir, Freud nous dit que nous nepourrions comprendre tous les mécanismes.
Il y a en effet des pulsions qui surgissent dans la conscience sans sejustifier, les lapsus, les actes manqués, quelque soit le recul, ne peuvent être expliqué si l'on regarde dans laconscience.
D'après Freud, certains comportements sont dus à un inconscient psychique qui se manifeste seulementpar des actions inexpliquées.
Une partie de se qui fait l'identité, peut-être même la plus grande partie, reste donccachée, enfouie, refoulée dans l'inconscient inaccessible.Pour accéder à cet inconscient, Freud a mis en place des techniques psychanalytiques qui permettent peu à peu deremonter jusqu'aux désirs refoulés par l'inconscient et qui s'exprime dans la conscience sous forme de pulsionmétaphorique.
Il s'agit de retrouver le comparé de cette métaphore.Freud nous donne donc un moyen d'accéder à cette partie cachée de notre esprit, mais le premier problèmepersiste, même en ayant accès à tout notre esprit, on est toujours pas capable de le saisir dans sa totalité enmême temps qu'il pense pour en déduire notre identité.
Il faudrait pouvoir à la fois s'éloigner de soi pour s'observerpenser, mais à la fois déchiffrer ses pensées en pénétrant l'inconscient.
On a donc vu plusieurs identités, l'identité que les autres me donne, par les codes de la société et par la.
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