En quel sens faut-il prendre le principe : la fonction crée l'organe ?

En quel sens faut-il prendre le principe : la fonction crée l'organe? C'est un des principes fondamentaux un transformisme. Sollicité soit par l'action du milieu (Geoffroy Saint-Hilaire), soit par les nécessités de la concurrence vitale et de l'adaptation (Darwin) l' être vivant éprouve des besoins de plus-en plus variés et spécifiés. Il satisfait tant bien que mal chaque nouveau besoin au moyen de telle ou telle partie de son organisme; peu à peu cette partie s'adapte à sa fonction, c'est-à-dire qu'elle se modifie, devient un instrument spécialisé pour cette fonction; chaque petit progrès dans ce sens constituant pour l'être un avantage, sera transmis et fixé. C'est ainsi que, peu à peu, la fonction crée l'organe. Exemple : l'évolution de l'organe de la vision, depuis la tache pigmentaire de certains animaux inférieurs (et même, au-dessous, chez les protozoaires, corps entier vaguement sensible aux radiations lumineuses) jusqu'à l'oeil complexe du mammifère. Le sens philosophique du principe transformiste doit être compris comme étant l'antithèse du principe de finalité. On sait, du reste, que le transformisme est une expression du mécanisme. Prenons en effet l'hypothèse opposée : ce n'est pas la fonction qui crée l'organe; c'est l'organe qui préexiste à la fonction; il faut alors admettre que chaque être a été créé avec les organes qu'il devait avoir, et que, dans l'expérience de la vie, il se sert de ces organes pour accomplir les diverses fonctions auxquelles ils sont dévolus. Done chaque organe a été créé en vue de la fonction qu'il devait remplir : l'échassier a les pattes, lé cou et le bec longs afin de pouvoir trouver sa nourriture dans les marais; le carnassier a des griffes et des canines afin de saisir et déchirer sa proie.