En quel sens est vrai ce mot de Royer-Collard : « On ne se souvient pas des choses ; on ne se souvient jamais que de soi-même » ?
Publié le 25/06/2009
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introduction. — Le vulgaire, et même tout philosophe quand il se laisse aller à son penchant spontané, ne doute pas que sa mémoire ne le porte vers des personnages disparus, vers des régions éloignées : on se souvient des hommes et des choses. Royer-Collard estime illusoire ce pouvoir qu'aurait la mémoire de faire sortir l'homme hors de soi. Pour lui, « on ne se souvient pas des choses, on ne se souvient jamais que de soi-même «. Ne pouvons-nous pas donner un sens acceptable à cette affirmation si paradoxale à première vue ? I. — SENS ÉVIDEMMENT FAUX A prendre son texte à la lettre, Royer-Collard prétendrait que notre mémoire n'enregistre rien concernant les objets — hommes ou choses : ne seraient enregistrés que les événements concernant le sujet qui se souvient ; en fait d'histoire, nous -ne connaîtrions que celle de notre vie. Il y a bien dans cette conception une âme de vérité sur laquelle nous reviendrons : puisque c'est nous qui enregistrons un souvenir ou le rappelons, il fait partie de notre histoire et la chose qu'il évoque est quelque chose de nous. Il n'en reste pas moins que le contenu de notre mémoire est constitué principalement par des objets. Établissons un bilan sur deux colonnes, inscrivant d'un côté les souvenirs se rapportant à l'extérieur, aux choses et aux hommes, de l'autre ceux qui se rapportent à nous-mêmes, nous serons frappés de la pauvreté de la seconde colonne en comparaison de la première. On se souvient des choses bien plus que de soi-même.
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