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Emmanuel KANT : Théorie et pratique, chapitre II

Publié le 22/04/2010

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« Relativement au bonheur, aucun principe universellement valable ne peut être donné pour loi. Car aussi bien les circonstances que l'illusion pleine de contradictions et en outre sans cesse changeante où l'individu place son bonheur (personne ne peut lui prescrire où il doit le placer) font que tout principe ferme est impossible et en lui-même impropre à fonder une législation. La proposition : Salus publica suprema civisatis lex est garde intacte sa valeur et son autorité, mais le salut public qu'il faut d'abord prendre en considération est précisément cette constitution légale qui garantit la liberté de chacun par des lois ; en quoi il demeure loisible à chacun de rechercher son bonheur dans la voie qui lui paraît la meilleure, pourvu seulement qu'il ne porte aucune atteinte à la liberté légale générale, par conséquent aux droits des autres co-sujets. «

Kant examine la question du bonheur. Il ne saurait être la fin de l'État en raison même de sa nature. Le but de l'État est de garantir la liberté par des lois, d'offrir des conditions qui rendent possible la recherche du bonheur. Celle-ci ne peut être qu'individuelle Ainsi le texte exhibe le sens du bonheur (« Relativement [...] législation «), ce sens implique qu'il ne peut être la finalité du politique (« La proposition [...] lois «). La recherche du bonheur relève de l'intérêt particulier (« en quoi [...] co-sujets «). Nous analyserons les raisons de l'impossibilité de trouver un principe conduisant au bonheur et par là, nous examinerons la nature du bonheur. Cela nous conduira à expliquer en quoi le bonheur ne peut être la fin de l'État et nous essayerons de comprendre si la recherche du bonheur est compatible avec le respect de la liberté et des droits d'autrui. Ce texte s'inscrit dans l'enjeu suivant : en quoi bonheur et politique sont-ils incompatibles ?

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« politique ont été confondus les peuples ont souffert.

À vouloir faire le bonheur du peuple et confier cette tâche aupolitique, on a fait le malheur des hommes.

C'est le sens que prennent les idéaux totalitaires qui se sont révéléstyranniques alors même que la fin poursuivie était le bonheur.

Le politique doit se réserver la sphère publique et satâche est l'organisation de la cité.

La morale est affaire d'individu tout comme le bonheur.

Néanmoins Kant indiquedans le texte par le terme « d'abord » que l'État ne saurait se désintéresser du bonheur des hommes, mais si cen'est pas sa finalité, la finalité de l'État peut être d'organiser les conditions favorables au bonheur des hommes.

Cesconditions sont pour Kant, une « constitution légale qui garantit la liberté de chacun par des lois ».

La garantie deliberté politique est pour Kant la possibilité pour chacun pour autant qu'il en a le talent de pouvoir exercer « unusage public de sa raison » c'est-à-dire que l'État doit garantir une liberté d'expression.

Ainsi l'obéissance aux loisn'est pas une soumission mais la conservation de l'intérêt commun bien compris.

Si l'État doit garantir les conditionspar lesquelles chacun peut s'instruire, s'éduquer, et si le pouvoir politique doit garantir des conditions permettant àchacun de rechercher le bonheur, une question se pose : comment respecter la liberté d'autrui ? Est-il compatibled'avoir le souci du bien commun et, en même temps, de vivre en cherchant à satisfaire un désir particulier ?Politique et bonheur doivent rester dans leurs sphères respectives.

La fin du texte laisse l'homme libre du choix derechercher son bonheur mais avec la restriction du respect de la liberté d'autrui.

À quelles conditions est-ce possible?Le troisième mouvement du texte circonscrit un devoir de l'homme qui est de « ne pas porter atteinte à la libertégénérale et à la liberté d'autrui » donc d'oeuvrer pour l'intérêt général.

Or la recherche du bonheur concerne lesintérêts subjectifs.

Le texte de Kant semble tenir ces deux aspects ensemble, est-ce vraiment possible ? Kant écritqu'il est « loisible de rechercher son bonheur », mais est-ce véritablement le sens que doit prendre l'action del'homme, est-ce cela qu'il doit faire et surtout n'est-ce pas une finalité de l'existence contradictoire avec celle quise propose le respect de la liberté d'autrui ?Deux principes peuvent me déterminer à agir.

Soit j'agis par intérêt personnel, principe d'amour de soi, et je satisfaismes désirs, mes penchants, je recherche le bonheur, je peux ainsi le trouver mais mon action est dirigée par unintérêt égoïste dont on voit mal la compatibilité avec le respect d'autrui.

L'homme peut ne pas respecter autrui sansle vouloir simplement parce que dans sa course au bonheur son intérêt seul a du sens.

Mais si j'agis en tant qu'êtreraisonnable alors mes actions sont guidées par l'autonomie de ma volonté c'est-à-dire que j'agis selon les lois de laraison librement.

Ainsi mon action est morale, le respect d'autrui, de ses droits et de sa liberté est garantie maisqu'en est-il du bonheur ? Si l'homme doit soumettre ses penchants à sa raison et si le bonheur est l'expression deses penchants il y a contradiction manifeste.

Ce qui a valeur pour tous n'est pas obligatoirement ce qui a valeurpour un seul.

Le respect d'autrui implique que je le considère comme une personne c'est-à-dire un « être raisonnable», je reconnais l'humanité en chaque homme.

Or la morale qui s'attache au bonheur est une morale de l'intérêt.

Eneffet respecter autrui ce n'est pas ne pas lui faire ce que l'on ne voudrait pas qu'il nous fasse, car dans cetteperspective, l'homme devient un calculateur dosant son respect à l'aune de ce qu'il supporte.

La morale du bonheurest une expression de l'asservissement de la raison à l'intérêt.

Si mon bonheur prend la figure de la réussiteprofessionnelle par exemple, je ferais tout pour y parvenir voire à n'importe quel prix puisque mon bonheur endépend.

La liberté et les droits d'autrui, sont bafoués.

Si je prends en compte les droits d'autrui ma recherche dubonheur est entravée. Ainsi non seulement la finalité de l'État n'est pas le bonheur, mais si l'homme se donne comme finalité le bonheur,cette finalité entre en contradiction avec le devoir de respect de la liberté et des droits d'autrui.

Si politique etbonheur sont incompatibles, morale et bonheur pour Kant le sont également.L'intérêt de ce texte réside dans l'affirmation claire de Kant à propos de la finalité de l'État comme ne devant pasêtre le bonheur.

Il nous dit ainsi que la liberté de l'homme est à ce prix.

Mais le prix de la liberté de l'homme sembleencore plus élevé car la liberté nous détourne du bonheur.

Le bonheur n'est ni la finalité de l'Etat, ni celle del'homme.. »

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