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Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs

Publié le 31/01/2020

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Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs

Les êtres dont l’existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de i la nature, n’ont cependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu’une j valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi, autrement dit comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen, quelque chose qui, par la suite, limite d’autant toute faculté d’agir comme bon nous semble (et qui est un objet de respect). Ce ne sont pas là des fins simplement subjectives, dont l’existence, comme effet de notre action, a une valeur pour nous ; ce sont des fins objectives, c’est-à-dire des choses dont l’existence est une fin en soi, et même une fin telle qu’elle ne peut être remplacée par aucune autre, au service de laquelle les fins objectives devraient se mettre simplement comme moyen.

Traduction V. Delbos, revue par F. Alquié, Gallimard, 1987, 2' section, p. 294.

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« COMMENTAIRE DE TEXTE manière instinctive et non en se représentant les raisons de leurs actions.

Remarquons, en outre, que cette analyse vaut aussi pour les artefacts.

Quelle est« la valeur » de ces entités? La notion de valeur est ici cruciale : déterminer la valeur d'un être, c'est déterminer son importance dans le raisonnement sur les raisons d'agir, c'est donc déterminer l'importance qu'un être doué de raison doit lui accor­ der lorsqu'il décide d'agir.

Or, la valeur des plantes et des animaux est« relative».

Autrement dit, ces êtres n'ont pas de valeur en eux-mêmes, mais en fonction de quelque chose d'autre.

Qu'est-ce que cela peut être? Kant les qualifie de« moyens»: une chose est un moyen pour une autre, une fin, si l'existence de cette chose rend possible l'existence de la fin visée par un agent quelconque.

Par exemple, une pelle est un moyen pour creuser un trou : grâce à une pelle, je peux creuser un trou.

Autrement dit, la valeur des entités désignées par Kant dépend des fins que peuvent avoir les hommes.

Les plantes et les animaux ne valent que parce qu'ils peuvent être utiles aux hommes.

Ce sont donc des « choses » : ce terme désigne, en effet, des entités qui n'ont pas par elles-mêmes de valeur.

Dans le deuxième mouvement, Kant oppose de manière systématique les « personnes» aux« choses».

Remarquons que Kant ne parle pas exclusivement des hommes, mais en général «des êtres raisonnables» : c'est seulement parce qu'ils sont, par essence, doués de raison que les hommes sont des personnes.

Tout autre être non humain, mais également doué de raison, serait également une personne.

Alors que les choses sont des moyens, les personnes sont des« fins en soi».

Qu'est­ ce qu'une« fin en soi»? Les êtres raisonnables peuvent se donner diverses fins : les fins, c'est-à-dire ce à quoi tendent les actions, varient donc d'un être raisonnable à l'autre.

Elles ne sont donc pas« en soi», puisqu'une fin est« en soi» si elle s'impose aux intentions des agents au lieu d'en dépendre.

Plus précisément, Kant caracté­ rise la notion de« fin en soi» comme« quelque chose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen ».

Kant ne nie donc pas que les fins en soi, les per­ sonnes, peuvent également être utilisées comme moyens, è'est-à-dire pour atteindre des fins qui nous sont propres.

Ainsi puis-je demander à autrui de me rendre un service : il me sert alors de moyen.

Mais même si une fin en soi sert de moyen, elle doit toujours, en même temps, être une fin.

Puisque les choses n'ont de valeur que relativement à mes fins, je peux m'en servir entièrement comme bon me semble.

Autrement dit, je peux en faire ce que je veux, par exemple les détruire quand je n'en ai plus besoin.

!.'.emploi d'une chose comme moyen ne limite donc jamais mes intentions.

Mais les personnes ne sont pas seulement des moyens, mais des fins indépendantes de mes intentions : elles s'imposent donc à moi.

Je ne peux pas ne pas les prendre pour fins, puisqu'elles sont en elles-mêmes des fins.

Par consé­ quent, les personnes limitent mon action : je ne peux pas faire n'importe quoi avec une personne.

Enfin, que signifie « prendre une personne pour fin »? Prendre une personne, par exemple un homme, pour fin, cela signifie d'abord, de manière néga­ tive, ne pas le prendre pour une chose.

Positivement, cela consiste ensuite à le tenir pour un être raisonnable dont les actions sont choisies de manière réfléchie : en conséquence, je dois toujours me servir d'autrui avec son accord, et je ne peux imposer à une personne ce qu'elle ne veut pas.

Finalement, c'est le tenir pour« objet 1 j j 1 ~. »

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