Emmanuel Kant (1724-1804): La Critique de la raison pure : les questions de la critique
Publié le 23/03/2015
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Elles semblent avoir un objet qui existe a priori, c'est-à-dire sans que l'expérience sensible vienne le présenter à l'entendement.
D'abord un savoir analytique, qui élabore des propositions où le sujet comprend implicitement l'attribut que l'on peut dégager.
A l'opposé, il existe un savoir qui élabore des propositions synthétiques, où l'attribut n'est pas contenu dans le sujet : la diminution de la température de l'eau entraîne la congélation.
L «Esthétique« et l «Analytique« sont toutes deux transcendantales, ce qui signifie que Kant y cherche quelles sont les catégories qu'elles projettent a priori sur les objets.
L «Esthétique« étudie les catégories a priori de la sensibilité et l «Analytique« les catégories a priori de l'entendement.
Les catégories a priori de la sensibilité sont l'espace et le temps, sous lesquelles l'on perçoit l'intégralité de la diversité du réel.
Ces catégories, considérées pour elles-mêmes, si elles permettent la perception des choses, n'organisent pourtant pas la diversité des impressions fournies par le monde sensible qui est fondamentalement sans unité aucune.
Le nom que Kant donne à ces perceptions saisies sous le rapport nécessaire de l'espace et du temps est «phénomène«, du mot grec phainomenon qui signifie «ce qui apparaît«.
C'est l'existence de la conscience du Moi qui fait l'unité à la fois des perceptions sensibles et des actes de l'entendement.
à porter des jugements synthétiques a priori.
Mais dès la fin de l «Analytique«, il semble bien que la métaphysique ne puisse être désormais admise au rang de connaissance.
C'est à une critique en règle de ce domaine de la philosophie que se livre Kant dans la «Dialectique transcendantale«.
Pour Kant, la métaphysique est un produit nécessaire de la raison pure.
L'âme, le monde et Dieu sont des idées de ta Raison, raison pure, c'est-à-dire détachée de toute expérience et par là-même en dehors de toute connaissance possible.
L'âme est le premier des trois termes à être examiné.
L'idée cartésienne de l'existence de l'âme comme pure spiritualité est, selon Kant, le résultat d'une confusion.
En effet, l'on a vu qu'il existe un Moi chez Kant, Moi transcendantal qui est la condition de l'unité des catégories entre elles et qui permet l'élaboration de toute expérience, toujours distinct et identique à lui-même.
La métaphysique prend ce Moi transcendantal, qui n'existe que dans l'activité tournée vers les objets de la sensibilité et de l'entendement, pour une réalité en soi, distincte du corps et préalable à toute perception sensible.
Elle lui donne le nom d'âme.
Or il s'agit là d'une erreur manifeste.
Car pour concevoir un objet, il faut d'abord le saisir sous les catégories de la sensibilité et de l'entendement.
Mais c'est une chose impossible à faire avec le Moi puisqu'il n'est pas un objet, pas plus que la catégorie de quantité, de qualité ou de relation, mais une pure pensée.
Sur le monde, la critique de Kant prend une toute autre forme.
Les propositions de la métaphysique sur le monde sont en effet totalement contradictoires et en même temps, semble-t-il, logiques.
C'est la coexistence de ces deux thèses, que l'on va exposer ci-après, qui fait dire à Kant que la recherche sur le concept «monde« est un échec : comment pourrait-il être possible que deux thèses contradictoires soient vraies en même temps?
La métaphysique a du monde la représentation suivante : il est la série totale des choses qui s'y écoulent, il est la totalité des choses.
Dès lors quatre questions peuvent être posées sur cette totalité, qui sont résumées dans le tableau suivant : cette série des choses qui constituent la totalité est-elle finie ou infinie, dans le temps et dans l'espace?
Si le monde est une addition de parties, est-il divisible à l'infini ou faut-il s'arrêter à des éléments qui sont indivisibles?
Si le monde est un enchaînement de causes et d'effets, peut-on remonter à une cause première ou l'enchaînement est-il illimité?
La relation entre tes événements qui se produisent dans le monde est-elle totalement contingente ou existe-t-il un être nécessaire dont dépendent ces événements contingents?
La raison, qui cherche à déterminer l'objet «monde«, charge l'entendement d'une tâche impossible qui est de penser a priori l'idée de la totalité.
C'est pourquoi ce même entendement, incapable de parvenir à une idée de totalité qui échappe à l'expérience, fournit, par défaut, des démonstrations logiques aussi fausses les unes que les autres.
Kant examine tes trois preuves de l'existence de Dieu telle que la métaphysique les a élaborées : la preuve ontologique (qui concerne l'être de Dieu), la preuve cosmologique (à partir de la contingence du monde physique), la preuve physico-théologique (à partir de l'ordre du monde).
«
Impression sensible et concepts de l'entendement
L'impression sensible, dans l'esprit, n'éprouve pas de difficulté à dési
gner l'objet qui la suscite : à l'idée de « table » il est aisé de faire cor
respondre l'objet
« table ».
Mais qu'en est-il de tous les objets de
l'esprit qui n'ont pas de correspondant dans le réel, comme Dieu, l'âme
ou les réalités
mathématiques ? Kant s'interroge également sur le fonc
tionnement général de l'entendement : peut-on affirmer qu'existent
des objets correspondant dans le réel aux concepts de l'entendement,
comme la causalité ? Comment semblables notions que rien ne vient
corroborer dans le monde sensible peuvent-elles s'appliquer
et même
donner leur loi aux objets extérieurs ? Et Kant de préciser, dans une let
tre de 1772, balayant d'un revers de main tous les systèmes de méta
physique du XVII' siècle : « Dire seulement qu'un être supérieur a sage
ment implanté en nous de tels concepts et de tels principes, c'est subver
tir la philosophie.
»
Connaissance analytique et connaissance synthétique
Les sciences qui s'élaborent en dehors de toute connaissance sensible
sont les mathématiques, la métaphysique, la morale, et même l'esthé
tique qui réfléchit
sur les principes du Beau.
Elles semblent avoir un
objet qui existe
a priori, c'est-à-dire sans que l'expérience sensible vien
ne
le présenter à l'entendement.
On ne saurait en effet avoir l'expé
rience par les sens, de Dieu, du
Bien, d'une droite mathématiquement
conçue.
Or ce type d'objet semble entrer en contradiction avec tout ce
qui
permet de garantir la validité du savoir.
Que peut-on en effet connaître ? Le savoir est divisé en deux catégo
ries.
D'abord un savoir
analytique, qui élabore des propositions où le
sujet comprend implicitement l'attribut que l'on peut dégager.
Ces pro
positions
sont dites a priori, c'est-à-dire qu'elles sont antérieures à l'ex
périence.
Par exemple,
si l'on déclare que « tout corps séparé de sa
source de lumière s'éclipse » et que l'on constate que « la Lune peut
être séparée de sa source de lumière lorsque la Terre s'intercale entre
elle et le Soleil »,alors l'on peut conclure que « la Lune s'éclipse ».On
constate que dans la première proposition se trouve contenue la
conclusion et qu'il n'est donc pas besoin de vérifier dans le réel la liai
son des deux éléments.
Ce type de proposition n'étend évidemment
guère le champ du savoir.
A l'opposé,
il existe un savoir qui élabore des propositions synthétiques,
où l'attribut n'est pas contenu dans le sujet: la diminution de la tem
pérature de l'eau entraîne la congélation.
Ce type de proposition est dit
synthétique car il réunit deux éléments différents, et il est a posteriori
car il ne peut être énoncé qu'après l'expérience.
Ces propositions syn
thétiques a posteriori sont celles qui étendent la connaissance.
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