« elle demande à être jugée par ses oeuvres, c'est-à-dire par l'ordre et la liaison qu'elle met dans le système de nos connaissances, ou par le trouble qu'elle y sème et les conflits qu'elle suscite ».
Publié le 21/10/2012
Extrait du document
«
soit reconnu au fait moral une spéci
ficité dont la nature reste d'ailleurs
obscure.
BELOT Gustave (1859-1929) dans ses Etudes de morale positive a lié étroitement la morale à la sociologie.
Il collabora au Nouveau Traité de Psychologie, de Georges Dumas.
NIETZSCHE Friedrich (1844-1900) (Voir page 280.)
SIMMEL Georg (18s8-1918) sociologue, historien de la philosophie,
puis métaphysicien, a eu deux préoccupa
tions constantes, en dépit des orientations
successives de sa doctrine : la logique de la connaissance historique et le dépasse ment moral des contradictions de la vie,
qui déterminent à ses yeux la crise de l'homme moderne, condamné à l'incerti· tude et au relativisme.
La « sociologie formelle » de Simmel réduit la structure sociale aux éléments qui la composent : seule l'analyse des relations entre indi
vidus permet de comprendre les mouve
ments de masse.
Non qu'elle étudie chaque événement de la conscience indivi
duelle ou qu'elle tente d'épuiser tous les
rapports entre individus : projet irréali
sable, auquel Simmel substitue la tra
duction
en catégories fondamentales
(comme celles d'union et de désunion) de la multiplicité des rapports individuels.
L'analyse ne permettant pas d'atteindre
la structure sociale en elle-même, il faut recourir à des relations intelligibles
qu'éclairent les déterminations psycholo
giques.
Car
si la sociologie s'appuie sur
la combinaison des éléments pour recom poser le macrocosme social, elle doit .finalement en appeler à des mêcanismes psychologiques pour rendre compte de « l'action réciproque » entre les individus.
Entre le souci de réduire les ensembles aux éléments et la difficulté d'expliquer
l'inter-action des éléments par les phéno
mènes de conscience, la sociologie for
melle de Simmel ne cesse d'osciller, sans
pouvoir achever l'analyse qui se voit ainsi
condamnée à organiser les processus
sociaux à l'aide
des seuls concepts.
La même représentation atomiste préside à
la théorie simmélienne de l'histoire : la
bataille de Marathon n'est que la somme de la multiplicité irifinie des actes de chacun des combattants.
Pour connaître
sans faille cette victoire, il faudrait pou
voir épuiser l 'énumération de toutes les
forces individuelles qui y ont pris part.
Gestes et actes sont trop singuliers pour
nous être accessibles,
trop variés et com plexes les sentiments : dans l'indéfini
morcelage des faits, nous ne pouvons
saisir la victoire de Marathon que comme un ensemble fictif, artificiellement arra ché à la durée de la vie pour prendre place
dans le devenir de l'histoire, et plus pré
cisément dans celui de l'historien.
L'his toire ne connaît pas de fait pur et l' histo
rien est d'autant plus profondément engagé
dans
l'a priori, qu'il appartient lui même à la durée dont il veut être le chro
niqueur.
Le passé ne se transforme en histoire que grâce à « l'information » subie par l'historien.
Si l'histoire réelle
n'est accessible qu'à la faveur de concepts étrangers aux faits et si la connaissance que nous en prenons est diformée par « l'historicité » même de l'historien, la science du passé exclut toute vérité supra
historique.
Le relativisme de Simmel se difend pourtant de mener au scepticisme :
l'absence de vérité historique est le signe du divorce de l'esprit et de la vie, qu'il appartient en dernier ressort aux individus de surmonter.
Mais la Philosophie de 1 'Argent accentue encore le caractère
irréductible et métaphysique de ce divorce qui « enracine » l'homme moderne, tou
jours plus écrasé par les œuvres collectives,
dans une situation tragique : la vie ne cesse de créer des œuvres qui s'insurgent contre la vie.
Sous l' irifluence de Bergson,
la dernière philosophie de Simmel s'est efforcée de fonder un concept de vie
capable de réconcilier l'évolution créa
trice avec l'esprit : orientation irration
naliste qui, pas plus que la tentative
critique en sociologie et en histoire, n 'a pu surmonter ses contradictions.
Georg Simmel est l'auteur de : Einlei tung in die Moralwissenschaften
( 1890) ; Die Probleme der Geschichts
philosophie ( 1892) ; Philosophie des
Gel des ( 1
900) ; traduction en fran ;ais d'œuvres choisies sous le titre : Mélanges de Philosophie relati
viste (1912).
(P.H.)
TROETSCHL Ernst (1865-1923) De la critique kantienne pouvait surgir un subjectivisme, qui infirme, à la racine,
toutes nos représentations; mais dans la mesure où le criticisme kantien définissait
la connaissance objective, formellement,
par son universalité et sa nécessité, le monde du normatif, des valeurs était
introduit dans la connaissance elle
même : telle a été l'interprétation du néo-kantisme de Windelband, auquel se rattache, pour une part, la pensée de Troetschl.
Pour Windelband, le vrai doit être pensé, au même titre que le « bon » doit être fait et le « beau >> apprécié; la tâche philosophique consiste
à discerner ces trois valeurs normatives, dont l'ensemble constitue la « culture » humaine; Troetschl, au même titre que Windelband, aborde chaque problème et, en premier lieu, le problème religieux,
sous le rapport de la nécessité au sein
d'une économie de la conscience.
« Essence de la religion » qui, ainsi que deux et deux font quatre, relève d'un a priori aussi rationnel et contraignant.
Si Dieu est Dieu, il n'est pas moins
Dieu dans le domaine de la vie spontanée de l'âme que dans le monde de la raison, monde soumis aux vicissitudes historiques
et à l'apparition de personnalités.
Dans Der Historismus und seine Probleme ( 192 1), il ne s'agit plus de saisir le phénomène historique dans sa nécessité,
et dans le rapport qu'il peut entretenir avec des valeurs logiques déterminées,
mais de situer l'historique dans ce qu'il a, à la fois, de contingent dans ses manifestations parcellaires et de néces saire dans ses manifestations d'ensemble, en rapport avec des « valeurs de culture »; ainsi l'hellénisme, le germanisme sont-ils des « totalités individuelles » inexpli
cables si l'on veut les saisir par compo-
sition d'éléments antécédents.
L'histoire ne se saisit pas à l'aide de mécanismes causals, mais par l'appréhension d' « uni
tés de devenir ».
Ernst Troetschl est aussi l'auteur de : Die Absolutheit des Christentums (1901).
LAMARCK Jean-Baptiste, Pierre,
Antoine de MONET, chevalier de ( 1744-1 829) Né à Barentin, mort à Paris.
On réunit
et on oppose Darwin et Lamarck : cin
quante ans les séparent et ils ne se con fOivent pas l 'un sans l 'autre; à l 'origine du transformisme, un même postulat : une variation individuelle peut être consi dérée comme l'origine d'une transforma
tion de l'espèce.
En d'autres termes :
l'hérédité d'une variation individuelle
est admise
comme un fait.
Sur le mode d'acquisition de ce caractère, Darwin se sépare de Lamarck.
Lamarck, bota
niste avant que d'être zoologiste, recon sidère la notion de « série naturelle » qui,
au xvm• siècle, conquiert biologistes et
philosophes : série, qui non seulement
permet une classification continue, mais encore permet une compréhension immé
diate, intuitive, de la complexité du réel;
d'autre part, il renverse le rapport indi
vidu-espèce, qu'avait établi le fixisme de Cuvier, pour lequel le caractère rationnel de l'organisation d'une espèce était
immuable dans le temps.
Lamarck cons tate des anomalies, une gradation irrégu
lière dans l'organisation des animaux :
atrophies, déplacements, développements
inusités (
1809, Philosophie zoolo gique); cette irrégularité, en contradic
tion avec la marche régulière, sérielle,
naturelle des choses, ne peut s'expliquer que par des modifications subies par les individus sous l'influence du milieu, et
transmises par hérédité.
Sur les végétaux,
l'action du milieu est directe : comme le montre le ranunculus aquatilis, à la
morphologie amphibie.
Sur les animaux,
l'action moins directe du milieu s'effectue à l'aide d'une chaîne de besoins, d'habi
tudes : la fonction crée l'organe.
Lt milieu est producteur d'anomalies, l'ha bitude est conservatrice de ces anomalies,
l'organisme a une structure de caractère adaptatif et non plus une forme ration
nelle, éternelle, la meilleure possible.
Voilà pourquoi on a pu parler d'un
certain esprit téléologique du lamarckisme.
Ce qui importe, c'est que, dès la fin du XVIIIe siècle, ait été introduite, dans une science de la nature (la biologie), qui
oubliait souvent la dimension temporelle
qu'implique toute
science de la vie, l'histoire, de l'individu ou de l'espèce,
et qu'elle devienne, sinonfacteur d'expli
cation,
du moins facteur de compréhen
sion.
DARWIN Charles-Robert (18o9-1882) Né à Shrewsbury, mort à Down (Kent).
Le darwini rme se définit par trois notions : la variation utile, la sélection naturelle,
la survivance des plus aptes.
Trois notions
qui proviennent d'un nombre considérable
d'observations et de la méditation de l'Essai sur le principe de la population de Malthus.
De 1831 à 1836, une croi-.
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