EGALITE : mythe ou réalité ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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Pourtant elles sont toutes les trois liées.
C'est parce qu'il y a des esclaves, des femmes, des métèques s'attelant àcertaines activités dans la cité que les hommes libres ont accès à ce droit civique.
Cette limitation de l'égalité au champ politique peut nous sembler réductrice.
Cependant, notre jugementde valeur n'est que de peu d'importance si on part du postulat qu'il y a une césure entre l'antiquité et le moderne etpar conséquent que juger n'est pas de rigueur.
En effet, nous regardons la démocratie athénienne avec les yeuxd'héritiers des successives déclarations des droits de l'homme qui instaurent à la fois des droits politiques et desdroits sociaux aux gouvernés.
Revenons quelque peu sur ces dernières pour en montrer les limites qui en découlent.La tradition des droits de l'homme charrie deux éléments différents : les droits-libertés et les droits créances ; lespremiers établis en 1789 garantissent les droits des citoyens contre le pouvoir de l'Etat en leur assurant la libertéde pensée, d'expression, de culte, de réunion, de travail de commerce : « La loi doit protéger la liberté publique etindividuelle contre l'oppression de ceux qui gouvernent.
» (Préambule de la constitution de 1793) En résumé, il s'agitde préserver l'autonomie et la vie privée contre les interventions de l'Etat.
Les droits créances consacrées par lesrévolutions de 1848 à la suite des revendications sociales visent à assurer les conditions réelles de l'exercice de cesdroits libertés.
Ils définissent les droits que détiennent les individus sur l'Etat : droit au travail, à la sécuritématérielle, à l'instruction au repos...
Ils impliquent l'intervention de l'Etat en faveur des individus.
Si les premiersdroits limitent l'intervention de l'Etat ; les seconds, eux, renforcent cette dernière pour passer de la citoyennetéformelle à la citoyenneté réelle, de l'égalité formelle à l'égalité réelle.
Le fait que les droits créances apparaissentseulement quatre ans après les premiers soulignent bien la tension qui règne entre l'égalité formelle et la nécessitéde sa réalisation.
Cette tension s'incarne dans de multiples situations.
Arrêtons-nous sur le droit de vote et lesuffrage universel.
En paroles, le suffrage en France est donc universel, en pratique cela est loin d'être le cas.
Ilsuffit de nommer le cas de certains prisonniers qui n'étant pas privés de leurs droits civiques n'ont pas au sein de lamajorité des prisons la possibilité de voter ou bien des résidents européens ou étrangers qui n'ont pas le droit devoter sinon pour les citoyens européens aux élections locales.
Peut-on réellement appeler cela un suffrageuniversel ? En effet cette restriction du suffrage universel n'est qu'un petit exemple de l'abîme qui sépare l'égalitéformelle de l'égalité réelle, du mythe de la réalité.
Dans son allure formelle, l'égalité a toutes les allures du mythe.
Dans quelles mesures cela est-il vrai ? Enquoi est-il nécessaire à la réalité ou pour le dire comme Tocqueville en quoi l'égalité est-il le principe essentiel de ladémocratie ? L'égalité de prime abord a tout du mythe.
En effet comme ce dernier elle s'inscrit dans un processusd'éducation, incarnant un certain modèle de prime abord inaccessible.
En effet à l'image d'Achille ou des héros deHomère en général, elle semble idéalisée et ne pouvoir en aucun cas s'incarner au sein même de la réalité.
Elle seraitplus un exemple que la réalité devrait imiter, essayer d'atteindre comme le nageur essaie d'atteindre l'horizon.
Deplus, ce rôle didactique qui lui est imparti se développe formellement de deux façons : d'une part, elle s'inscrit dansune longue tradition : de l' homoietes grecque, via l'égalité chrétienne (dès lors que le Christ a racheté de son sang tous nos péchés) à son inscription dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen en 1789 et dans lesconstitutions suivantes ; d'autre part elle est à l'origine d'un enseignement populaire oral et quotidien importants'opposant principalement au dix huitième siècle dans tous points à la monarchie de droit divin : les chansonspopulaires, l'actuel hymne national français, la volonté d'inventer un calendrier républicain en seraient quelquesmanifestations.
Même de nos jours, il est intéressant de noter qu'à chaque jour férié chrétien correspond plus oumoins une fête dite laïque.
A la Toussaint correspondrait le 11 novembre, à Noël, le premier de l'an...
Cependanttout en voulant se détacher de la divinité chrétienne, religion liée à la monarchie de droit divin, elle ne peuttotalement rompre ses liens.
En effet, l'égalité comme tout mythe est imprégnée d'une connotation religieuse et plusprécisément de l'idée de transcendance.
L'égalité voudrait transcender toutes les différences et les particularismesde chacun pour les placer au même niveau. L'aspect transcendant de notre concept est flagrant dans les théories contractualistes de Hobbes et de Rousseau.
Hobbes dans le Léviathan , oppose l'égalité naturelle, inquiétante de l'homme de l'état de nature et l'égalité civile instaurée par le monarque.
L'homme au départ est mu par trois passions fondamentales : la crainte, larivalité et la gloire, elles mêmes dirigées par l'instinct de conservation de la vie.
En effet, les hommes sont égauxdevant le risque de mort ainsi la crainte qu'autrui lui hôte la vie incite tout homme même le plus vertueux à êtreviolent.
Cette égalité naturelle est certes évidente pour Hobbes mais elle est la pire qui puisse exister car aussiincontrôlable et contradictoire que la nature.
Le seul moyen de dépasser la contradiction serait dans la raison,simple puissance de calcul asservie comme les trois passions fondamentales à l'impératif de conservation de la vie.Les commandements issus de ce calcul sont nommés par Hobbes lois de la nature.
Ces dernières exigent de l'hommequ'il renonce d'agir à sa guise pour atteindre un état de paix afin d'éviter le risque permanent de mort.
Le postulat.
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