Ecrire l'histoire est-il ce qui lui donne du sens ?
Publié le 27/08/2005
Extrait du document
L’histoire se donne à l’historien et à ses acteurs comme un ensemble d’événements demandant à être interprété : l’interprétation de l’histoire peut alors consister à relier les événements entre eux, dans des schémas explicatifs de causes et d’effets, et à choisir d’après des hypothèses quels événements sont déterminants. Ecrire l’histoire apparaît dans cette perspective comme un travail de mise en ordre des faits historiques, qui se donnent, lorsqu’ils s’accomplissement, comme un enchevêtrement chaotique d’éléments. Se demander si écrire l’histoire est ce qui lui donne sens peut être compris d’une double manière : on peut se demander si écrire l’histoire permet, par ce travail de mise en ordre, de révéler le sens qui serait présent dans le cours des événements mais qui serait dissimulé sous leur enchevêtrement. Mais on peut aussi se demander si écrire l’histoire n’est pas un véritable travail d’interprétation, qui donne un sens à l’histoire qui n’y était pas auparavant présent. Dans le premier cas, la question est de savoir si c’est bien écrire l’histoire qui lui donne du sens, si un sens est déjà présent dans la réalité historique et guide le cours des événements. Dans le second cas, elle est de savoir si écrire l’histoire en l’interprétant ne consiste pas à lui attribuer des sens différents selon les interprétations et si ce procédé n’est pas artificiel et ne cherche pas à conférer à tout prix un sens à l’histoire. En effet, ne peut-on dire qu’écrire l’histoire pour chercher à lui donner un sens est une entreprise vaine ? Nous verrons tout d’abord qu’écrire l’histoire est ce qui lui confère du sens dans la mesure où cela permet de révéler le sens inhérent au cours des événements. Nous nous demanderons alors si écrire l’histoire ne consiste pas à faire émerger une multitude de sens possibles dans un travail d’interprétation. On pourra alors se demander si ce travail d’écriture, au lieu de donner sens à l’histoire, n’est pas ce qui provoque une rumination du passé et fige sa valeur.
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