E. Kant, Critique de la raison pure, II, chap. II, 2e section, « OEuvres philosophiques » 1, Gallimard.
Publié le 31/03/2014
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Le bonheur tout seul est loin d'être pour notre raison le bien complet. Elle ne l'approuve pas (quelque ardemment que l'inclination puisse le souhaiter) à moins qu'il ne soit joint à ce qui nous rend dignes d'être heureux, c'est-à-dire à la bonne conduite morale. Mais d'un autre côté, la moralité à elle seule et avec elle la simple qualité d'être digne du bonheur ne sont pas encore non plus, loin de là, le bien complet. Pour que le bien soit complet, il faut que celui qui ne s'est pas conduit de manière à se rendre indigne du bonheur puisse espérer d'y participer. [ ... ] Dans l'idée pratique les deux éléments sont essentiellement liés, mais de telle sorte que c'est la disposition morale qui rend possible, comme condition, la participation au bonheur, et non pas, à l'inverse, la perspective du bonheur qui rend d'abord possible la disposition morale. Dans ce dernier cas en effet cette disposition ne serait pas morale, et par conséquent elle ne serait pas non plus digne de tout le bonheur, qui devant la raison ne connaît pas d'autre restriction que celle qui vient de notre propre immoralité.
E. Kant, Critique de la raison pure, II, chap. II, 2e section, « OEuvres philosophiques « 1, Gallimard.
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Introduction
Le thème du texte est le bien.
Il met en jeu le rapport problématique entre bonheur et rai
son .
En effet, chacun cherche à être heureux , et la raison ne voit là rien à redire , au
contraire, sachant toutefois que cette quête n'est acceptable que si elle est respectueuse
de principes posés par
la raison.
Qu 'un escroc, un meurtrier ou un tyran soient heureux
grâce à
leurs méfaits choque et scandalise la conscience morale.
Il semble donc que l'on
ne puisse penser le bonheur sans chercher quelles en sont les conditions de légitimité.
La thèse de Kant est claire : il ne suffit pas de chercher à être heureux , encore faut-il
s'en rendre digne.
Les principes de la raison prévalent sur la satisfaction tirée du fait
d'être heureux , puisqu'ils donnent le droit de l'être au regard de la raison morale.
Toutefois, le texte montre que ce n'est pas aussi simple , car si chacun recherche le
" bien "•celui-ci ne se réduit ni à la réalisation du bonheur, ni au respect des principes
de
la raison morale.
La problématique se développe en deux moments : dans le premier,
Kant montre que
le bien complet tient au bonheur et à la moralité ; dans le second, il
traite du rapport entre la participation au bonheur et la disposition morale.
(Nous indiquons les titres des différents moments et sous-moments , ce qui n'est bien
sûr pas
utile sur votre copie d'examen.)
Analyse du texte
• Bien complet : bonheur et moralité
1.
Le " bien"
Pour comprendre la conception du " bonheur " proposée dès la première phrase, il faut
analyser la notion de " bien " (du latin bene, dont l'adjectif bonus a donné " bon »).
En
effet, dire que la " raison " ne réduit pas le " bien complet " au bonheur implique cette
analyse afin de saisir en quoi le bien peut être dit " complet " ou incomplet .
Corrigé des sujets du bac / 180.
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