DURKHEIM: sociétés animales et sociétés humaines
Publié le 10/10/2011
Extrait du document
La grande différence entre les sociétés animales et les sociétés humaines est que, dans les premières, l'individu est gouverné exclusivement du dedans, par les instincts (sauf une faible part d'éducation individuelle, qui dépend elle-même de l'instinct), tandis que les sociétés humaines présentent un phénomène nouveau, d'une nature spéciale, qui consiste en ce que certaines manières d'agir sont imposées ou du moins proposées du dehors à l'individu
et se surajoutent à sa nature propre : tel est le caractère des institutions (au sens large du mot), que rend possible l'existence du langage, et dont le langage est lui-même un exemple. Elles prennent corps dans les individus successifs sans que cette succession en détruise la continuité ; leur présence est le caractère distinct des sociétés humaines, et l'objet propre de la sociologie.
DuRKHEIM.
Questions
1) Dégagez l'idée générale du texte.
2) Retracez l'articulation des idées qui le façonnent. Sur quels concepts opposés ce texte joue-t-il ?
3) Essai critique : Pensez-vous que l'homme social soit seulement gouverné du dehors ?
«
tution sociale, et produit de celle-ci.
La dernière idée articulée sur la thèse générale est celle de la permanence des institutions â travers la succession des générations humaines.
Cette perma
nence constatée
et affirmée constitue une réalité spécifique,
donc un objet de science parfaitement définissable : celui de la sociologie.
- Le texte fonctionne sur la base d'une série d'oppositions
conceptuelles, dont on peut ici effectuer un recensement ordonné:
• sociétés animales/sociétés humaines ; • régulation instinctive interne/régulation sociale externe ; • nature propre/nature spéciale ;
• nature propre/« institutions» ; • succession/permanence institutionnelle.
3) Pensez-vous que
l'homme social soit seulement gouverné
« du dehors » ? - Les discussions n'ont pas manqué , dans l'histoire de la
pensée, concernant les normes du comportement humain.
Très tôt, les théories qui se sont esquissées ont semblé prendre deux
directions opposées: d'un
côté, on a voulu référer ces normes â
l'idée d'un principe intérieur, inscrit dans la nature humaine; de l'autre, on s'est efforcé de montrer le rôle déterminant des con
ventions
et des normes sociales, extérieures â l'individu.
Qu 'en est-il au juste ? Peut-on accepter des solutions aussi simplistes
et aussi
unilatérales ? Peut-on dire, par exemple, que l'homme social est seulement gouverné «du dehors» ?
- Indépendamment des constructions philosophiques tradi
tionnelles, qui se meuvent souvent dans une opposition-clé entre
principe naturel et norme sociale ou conventionnelle, il convient
de prendre en charge
l'apport tout récent des différentes
sciences de l'homme, et notamment, de deux domaines scien
tifiques décisifs pour notre réflexion :
l'histoire et l'anthropologie .
Notons, avant toute chose, que la question posée semble problé
matiser toute approche qui serait d'emblée
unilatérale: si l'homme n'est pas «seulement» gouverné du dehors, il ne l'est qu'en partie, ce qui présuppose qu'ill' est tout de même .
Par ail
leurs, le mot « gouverné » implique une certaine conception de la
régulation par laquelle l'homme s'intègre au groupe et organise
ses conduites (on pourrait opposer, par exemple, la thématique
du gouvernement ou du commandement, qui implique des rap
ports
«verticaux» de soumission à la thématique du contrat et
de la loi, originairement destinée à poser le lien social constitutif.
»
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