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Douter, est-ce renoncer à toutes vérités?

Publié le 09/04/2005

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• Il est important, ici, de bien distinguer les différentes formes de doute et de les analyser à la lumière de la vérité. • Le sujet n'est pas : « Qu'est-ce que le doute ? «, mais le doute en rapport avec la vérité : faut-il y renoncer, nier même son existence, ou attendre patiemment que le jugement soit assuré pour la rechercher ? • Ainsi, vous devez réfléchir sur le doute méthodique : il teste la validité des idées mais le but est de trouver une idée indubitable ; et sur le doute sceptique : il faut renoncer à chercher la vérité car elle est inaccessible à l'homme.

Le doute suspend le jugement. Mais réserver son jugement signifie-t-il un arrêt définitif dans la recherche de la vérité ? N'y-a-t-il pas une manière de douter qui conduit sur le chemin de la vérité ?

Si l’on se réfère à la devise de Socrate : « Je sais que je ne sais pas «, on constate que le père de la réflexion critique place d’emblée le doute au cœur de l’attitude philosophique. Pourtant, selon le sens commun, le doute est une entreprise négative, sans réelle valeur sinon celle de l’aveu d’une impuissance, voire d’un échec. Douter, c’est reconnaître que l’on manque de certitude. On peut toutefois se demander si la raison nous offre les moyens de reconnaître la vérité des connaissances dont on se met à douter. Mettre en question les vérités auxquelles on croyait, n’est-ce pas prendre le risque de ne plus jamais y croire ? Est-ce à dire que le doute est irréversible ? Il convient donc de se demander si l’on peut rationnellement s’assurer de la vérité de ce que l’on pense, sans passer par l’étape du doute. C’est la raison pour laquelle il nous revient de nous interroger sur la nature de celui-ci : consiste-il en un abandon de tout jugement, de toute action et donc de toute vérité, ou bien peut-il, au contraire, placer la pensée sur le chemin méthodologique qui mène au vrai ? Dans cette optique, nous verrons dans une première partie que le doute, lorsqu’il est employé de manière systématique, peut bloquer tout accès à la vérité, avant d’apporter des objections à cette utilisation « douteuse « du doute, puis de vérifier s’il est possible d’attribuer à la nature même du doute une certaine vérité.  

« « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra del'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses.

» Touteaffirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pasparfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle devent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nousProtagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b).L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon lesmoments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectivesd'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de véritésobjectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes.

Pouvons-nous nous satisfaire d'une telle attitude ? Que faut-il penser du scepticisme ? A l'exemple de ceux qui «prouvaient le mouvement en marchant » nous pourrions alléguer le fait que la science moderne a réfuté lescepticisme en affirmant des « vérités » qui font aujourd'hui l'accord de tous les esprits compétents.

Mais plusfondamentalement on peut remarquer que le scepticisme se contredit en s'énonçant : car il se donne pour la vraiethéorie de la connaissance.

Poser comme vérité que la vérité est inaccessible, c'est au moins reconnaître une véritéet par là démentir sa propre thèse.

Toute pensée qui s'énonce vise une vérité, se reconnaît faite pour la Vérité, ettend à poser implicitement sa propre valeur. TRANSITION: Scepticisme antique et doute cartésien. On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartesrejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).

Il rejette même lesvérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout-puissant s'amuse à me tromper dans toutesmes pensées).Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.

D'abord le doute cartésien est provisoire (ilprend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : etcette évidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où bien d'autre vont jaillir).C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à sedétacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa puretél'acte même de penser.

Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèse qui vise à nous délivrerprovisoirement des pensées pour révéler que nous avions l'esprit que nous sommes.

Le doute cartésien estméthodique (le malin génie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » (Gouhier), c'est une technique mise auservice de la recherche du vrai.Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction del'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtirune philosophie nouvelle. [II — Le doute cartésien : méthode pour accéder à la vérité] Loin d'envisager le doute comme renoncement définitif à la vérité, Descartessuspend radicalement mais provisoirement son jugement.

Au doute négatifdes sceptiques, il oppose le doute méthodique.

Descartes va interroger sesconnaissances, faire table rase de tout ce qu'il sait, se méfier des préjugés etchercher sur quoi asseoir la vérité.

Mais il insiste bien sur la ponctualité de cedoute : une fois dans sa vie, douter de tout.Ce procédé va permettre d'établir la vérité sur des bases inébranlables :puisque le doute est radical, extrême, la vérité à laquelle il entend parvenirsera elle aussi une vérité indubitable.

Le doute apparaît comme une étapenécessaire de la pensée et non un renoncement stérile.Toute idée qui résistera au doute sera vraie : la première idée vraie est lecogito.

En effet, même si tout est un leurre (la connaissance, le monde, moi-même), même si tout est faux, illusoire, il est indubitable que je pense cefaux.

Douter est le signe de la pensée.

Pour douter, il faut penser le doute :la pensée est la première vérité sur laquelle repose toutes les autres.

Ledoute est ainsi le succès de la raison, puisque c'est dans cet effortdangereux que je reconnais la force de la raison.Douter n'est pas renoncer à la vérité mais un instrument pour trouver lavérité. La phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes .

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français. Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.

Le« Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes , qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ».. »

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