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D'où provient la difficulté des hommes à trouver le bonheur ?

Publié le 22/02/2010

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             Le bonheur peut se définir comme un état stable et durable de satisfaction. Si tous le monde recherche le bonheur c’est bien qu’il est l’objet de toutes les actions. Or comme le remarque Alain dans Propos sur le bonheur, « si le bonheur est l’objet d’une recherche, c’est qu’il ne va pas de soi «. Mais qu’es-ce qui fait que le bonheur semble difficile à obtenir ? Pourquoi ce bonheur semble être Graal impossible ? C’est là tout l’enjeu de la question et nous interroge aussi sur la possibilité même d’un vrai bonheur effectif. Mais plutôt que de se désespérer des malheurs qui nous assaillent, il faut se rappeler que le bonheur se veut et se fait.

En ce sens, s’il convient de comprendre pourquoi la recherche du bonheur ne va pas de soi (1ère partie), il nous appartient de saisir comment dépasser ces difficultés (2nd partie) et de préciser les moyens de trouver ce bonheur (3ème partie).

« méchante lampe, à peine suffisante pour diriger leur pas ».b) Et c'est bien en ce sens que Leibniz dans De l'origine des choses prises à la racine fait cette comparaison avec le tableau et cette recherche du bonheur.

L'inquiétude intrinsèque de l'homme qui produit en lui cette agitation etcette action nécessaire vers l'extérieur l'empêche de prend part à ce bonheur en le goûtant pour ce qu'il est :« Regardons un très beau tableau, et couvrons-le ensuite de manière à n'en apercevoir qu'une minuscule partie: queverrons-nous dans celle-ci, même en l'examinant de très près et surtout même quand nous nous en approchons deplus en plus, sinon un certain amas confus de couleurs, fait sans choix et sans art ? Et cependant, en écartant levoile et en regardant le tableau tout entier de la distance convenable, on comprendra que ce qui avait l'air d'unetache faite au hasard sur la toile, est l'effet de l'art consommé du peintre.

Ce qui arrive à l'œil dans la peinture,arrive également à l'oreille dans la musique.

Les plus grands compositeurs entremêlent très souvent les accords dedissonances, pour exciter et pour inquiéter l'auditeur qui, anxieux du dénouement, éprouve d'autant plus de joie,lorsque tout rentre dans l'ordre.

C'est au point que nous retirons du plaisir de certains dangers insignifiants ou decertaines épreuves pénibles, parce qu'ils nous font prendre conscience ou nous permettent de tirer orgueil de notrepuissance et de notre félicité, Pareillement encore lorsque nous regardons des saltimbanques danser au milieu depoignards ou faire des sauts périlleux, nous prenons plaisir à notre frisson de peur même.

Et nous jouons souventavec les enfants, en faisant semblant pour rire, de les lancer en les lâchant à demi ».c) Dans ce cas, il faut bien voir que cette apparent désordre est bel et bien ordonné.

Une partie peut se concilieravec l'harmonie du tout, ne doit pas être entendu en ce sens, qu'il ne serait tenu aucun compte des parties, commes'il suffisait que le monde, considéré dans son ensemble fût parfait, alors que le genre humain pourrait êtremisérable, ou comme s'il n'y avait, dans l'univers, aucun souci de la justice ou de notre propre sort, ainsi que lepensent quelques-uns qui ne jugent pas assez sainement de l'ensemble des choses.

Ainsi, le bonheur issu de cetteharmonie rend possible le bonheur pour tous et ne s'entend pas comme le sacrifice des parties comme le dit Leibniz dans De l'origine des choses prises à la racine : « Car il faut savoir que, de même que dans une république bien organisée on a soin que chacun ait autant de bonheur que possible, de même l'univers ne serait pas assez parfait sil'intérêt de chacun n'était pris en considération, autant du moins que l'harmonie universelle le permet.

Il n'y a pas, àcet égard, de meilleure mesure que la loi même de la justice, ordonnant que chacun ait sa part de la perfection del'univers, que sa félicité soit proportionnelle à sa vertu et à son zèle pour le bien commun, zèle auquel se ramène ceque nous appelons charité ou amour de Dieu ».

Transition : Ainsi au-delà d'un vision pessimiste excluant l'existence ici bas du bonheur, il convient de prendre le recul nécessaireafin de saisir dans cette perspective tout le sens de ce bonheur qui dès lors ne doit se comprendre que dans lasimplicité du vouloir vivre.

III – Goûter l'instant présent a) Il s'agit alors d'être capable de goûter l'instant présent et non plus de se saisir de ce monde de divertissement.Or c'est bien ce que nous dit Pascal dans la Pensée 172.

Nous ne tenons jamais au présent : « Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l'avenir.

Nous ne pensons presque point auprésent […] Le présent n'est jamais notre fin.

Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nousdisposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais ».

En effet, Pascal note cetteincapacité qu'a l'homme de pouvoir rester dans le présent, c'est-à-dire à ne pas vouloir fuir dans le futur comme sile présent n'était pas suffisant ou manquait toujours de bonté.

C'est bien parce que l'homme est incapable de resterdans une chambre seule comme le dit Pascal qu'il ne lui est pas possible de savourer l'instant présent.

Le présentl'ennui et ce qui était l'objet de son désir, une fois réalisé n'a plus l'attrait de la nouveauté et du désirable.

Il lui fautdu nouveau et c'est bien alors cette insatisfaction qui crée cette impossibilité du bonheur pour l'homme.b) Mais bien que le bonheur ne nous pas entièrement garanti, il n'en reste pas moins que nous devons y tendre.

Etc'est bien ce l'on peut comprendre cette phrase des Pensées de Pascal : « il faut travailler à l'incertain ».

Si Pascal la comprend dans un sens religieux en tant qu'il définit le bonheur dans un au-delà terrestre dans le monde divin duparadis, il n'en reste pas moins que cette définition du bonheur est bien plongée dans une perceptive future maisaussi bien présente et réelle si l'on accepte de s'apaiser et de rester en paix dans un chambre, comme il défiel'homme de le faire.

L'aspect temporel est particulièrement important dans la mesure où il s'agit de travailler, c'est-à-dire de gagner par l'effort et ici l'ascétisme et la privation les clés d'un bonheur futur.

C'est bien ce sens que l'onpeut parler d'un bonheur en perspective et en prospective.

Le bonheur se gagne et se mérite.c) En aucun cas, le bonheur n'est possible s'il s'ancre ou s'arcboute sur le passé ou s'il envie l'avenir.

L'homme passealors nécessairement à côté de son bonheur et c'est bien ce que l'on peut voir avec Nietzsche dans ses Considérations inactuelles .

Il met en scène d'un troupeau qui ignore ce qu'est hier et aujourd'hui.

L'homme se compare à l'animal dont il envie de bonheur : « L'animal vie d'une vie non historique, car il s'absorbe entièrementdans le moment présent.

[…] L'homme au contraire s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé quil'écrase ou le dévie […] « C'était autrefois… », cette formule appelle sur l'homme la lutte, la douleur et la satiété, etqui lui rappelle que son existence n'est en somme qu'un imparfait qui ne s'achèvera jamais.

Lorsque enfin la mortapporte l'oubli tant désiré, elle nous dérobe à la fois le présent et l'existence, et met un sceau sur cette vérité,qu'être n'est qu'un avoir été ininterrompu, une chose qui vit de se nier et de se consumer, de se contredire elle-même.

[…] Mais dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui fait que lebonheur est un bonheur : la possibilité d'oublier, ou pour le dire termes plus savants, la faculté de se sentir pour untemps au dehors de l'histoire.

L'homme qui est incapable de s'asseoir au seuil de l'instant en oubliant tous lesévènements passées, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, commeune victoire, ne saura jamais ce qu'est le bonheur, et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur. »

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