Doit-on discuter le droit ?
Publié le 25/08/2005
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Le droit du plus fort est discutableLe problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assezfort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit etl'obéissance en devoir".
Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et laforce est-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai quedans la nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort restelongtemps le maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, etl'issue est incertaine.
De plus, la puissance physique engendre unecontrainte physique et non point morale.
Il n'est jamais interdit dedésobéir à la force sitôt qu'on le peut.
Le droit du plus fort n'engendrepas le devoir d'obéissance.
"Sitôt que c'est la force qui fait le droit,l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la premièresuccède à son droit." Il suffit d'échapper à la force pour en avoir ledroit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.
Un droitqui disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuventêtre fondées sur la force.
Le droit n'a rien de transcendantLes hommes, parce qu'ils sont seuls à présider à leur destinée, se sontdonné des dieux afin d'obéir à leurs commandements, de même ont-ilsprésenté le droit comme une réalité supérieure qui ne peut souffriraucune contradiction.
Le droit, tel que les nazis l'ont conçu, n'avait rien de droit et de juste.
Aussi était-ilimpératif, et de le discuter, et de l'abolir.
En démocratie, il est légitime de pouvoir discuter le droitLa Déclaration universelle des droits de l'homme stipule que «tout individu a droit à la liberté d'opinion etd'expression» (art.
19) et que la «volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics» (art.21).
Il est donc logique d'en déduire que tout citoyen a le droit de discuter le droit.
Critiquer le droit, c'est confronter sans répit ce qui est à ce qui doit être.
Alors la critique interne estce sans quoi l'état de droit ne peut ni se penser ni se pratiquer.
a) C'est la liberté de penser qui rend fort l'État démocratique :On n'agit pas contre l'État lorsqu'on a le droit de s'exprimer démocratiquement à son sujet.
Bien plus, l'Étatdoit encourager l'esprit critique des citoyens, afin qu'ils ne puissent pas s'accorder sur des absurdités(Spinoza).
Les exigences de la vie en une société organiséen'interdisent à personne de penser, de juger et, par suite, des'exprimer spontanément.
A condition que chacun secontente d'exprimer ou d'enseigner sa pensée en ne faisantappel qu'aux ressources du raisonnement et s'abstienne dechercher appui sur la ruse, la colère, la haine ; enfin, àcondition qu'il ne se flatte pas d'introduire la moindremesure nouvelle dans l'État, sous l'unique garantie de sonpropre vouloir.
Par exemple, admettons qu'un sujet aitmontré en quoi une loi est déraisonnable et qu'il souhaite lavoir abroger.
S'il prend soin, en même temps, de soumettreson opinion au jugement de la souveraine Puissance (carcelle-ci est seule en position de faire et d'abroger des lois),s'il abstient entre-temps de toute manifestation actived'opposition à la loi en question, il est –au titre d'excellentcitoyen- digne en tout point de la reconnaissance de lacommunauté.
Au contraire, si son intervention ne vise qu'àaccuser les pouvoirs publics d'injustice et à les désigner auxpassions de la foule, puis, s'il s'efforce de faire abroger la loide toute manière, ce sujet est indubitablement un perturbateur et un rebelle.
SPINOZA
Thèse et étapes de l'argumentation:
Spinoza s'interroge ici sur le droit de regard dont peut disposer l'individu à l'égard des lois: que puis-jelégitimement faire si une loi me déplaît, me désavantage ou si je la trouve injuste ?La position de Spinoza est de prôner une action franche mais insérée dans une démarche rationnelle etinstitutionnelle et non pas passionnée et révolutionnaire.
Son raisonnement peut valoir aussi bien pourles citoyens auxquels il conseille la liberté de pensée et d'expression dans des limites raisonnables, quepour les dirigeants auxquels il vaut montrer que ces libertés ne sont pas dangereuses en elles-mêmes etdoivent même être encouragées pour mieux isoler et réprimer proprement dite: les libertés de pensée et.
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