Doit-on croire au hasard ou au destin ?
Publié le 25/08/2005
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Ici on vous interroge sur deux croyances distinctes, voire opposées. Soit l'on croit que tout ce qui arrive est hasardeux, n'est pas déterminé pas une cause nécessaire et qui survient de façon indépendante de tous les autres phénomènes, soit on croit que ce qui arrive était déterminé d'avance à survenir et s'inscrit alors dans une certaine fatalité. Mais dans les deux cas, il s'agit là d'une croyance et donc d'un savoir qui ne renvoie pas nécessairement à une certitude la raison. Or la science nous montre qu'il est possible de trouver une cause à ce qui survient, puisqu'un événement dépend toujours d'un autre, mais si l'ordre des choses ne nous apparaît pas, alors nous croyons qu'il n'y a pas d'ordre. Mais est-ce une certitude ? En revanche, si nous voyons l'ordre des choses, devons-nous en conclure que cela devait arriver, sans qu'autre chose puisse arriver ? N'est-ce pas affirmer que nous sommes impuissants à déterminer, en tant qu'êtres humains, ce qui peut nous arriver et aussi que le possible se réduit au réel ? Sommes-nous encore libres alors ? En fait, tout laisse à penser que le hasard et que le destin, ne relevant que de croyances et de la manière avec laquelle l'homme se comprend dans le monde, sont des réponses nécessaires (" doit-on ") qui invitent l'homme à donner du sens au choses, mais aussi à ne pas assumer sa responsabilité...
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(heimarménê), enchaînement inflexible des causes, dominant le déroulement des événements, fondant leurcorrespondance, autorisant les techniques de la divination.
Dans la connivence des corps parcourus par le souffledivin se manifeste la volonté d'un être intelligent et bon.
Une providence anime le monde, grand animal raisonnablequi est la cité commune des animaux raisonnables, hommes et dieux, et où tout est fait pour eux.
Le finalismesouvent intempérant des stoïciens rencontre ici le problème du mal, auquel il répond par une théodicée dont Leibnizn'oubliera pas les arguments.
L'éthique stoïcienne étend à la conduite humaine l'empire du logos qui règle nospensées et régit l'univers.
Mais l'homme a-t-il encore quelque chose à faire dans ce monde dont il est une partie, etque gouverne l'immuable destin ? Le stoïcisme passe pour une philosophie de l'acceptation, de la résignation.
Laliberté qu'il promet n'est-elle qu'un esclavage intériorisé, magiquement transmué en son contraire ? Les stoïciens ontlutté contre l'« argument paresseux » qui fonde sur la fatalité du futur une attitude de démission pratique etd'irresponsabilité morale ; ils ont cherché, en distinguant divers types de causes, à concilier l'infaillibilité dudéterminisme avec la liberté humaine et la légitimité du jugement moral.
Par l'assentiment, qui est en notre pouvoir,nous pouvons coopérer à l'ordre rationnel du monde, identifier notre vouloir au sien, tenir notre partie dans lasymphonie totale des causes.
3) Liberté humaine et nécessité naturelle Le hasard et le destin ne sont peut-être pas les termes adéquats pour décrire la réalité humaine, car le fond duproblème demeure l'articulation de la liberté et de la nécessité, entre la contingence apparente des actes humainset la nécessité des processus naturels.
Il n'est plus question de choisir entre une vision du monde qui privilégieraitunilatéralement le hasard ou la nécessité.
Un auteur a tenté cette articulation.
Un passage de Kant, dans la Religion dans les limites de la raison (1793), montre que déterminisme a toujours alors le sens de « prédétermination », sinon de prédestination : il s'agit desavoir si la volonté est libre, c'est-à-dire si l'acte, au moment de l'action, estau pouvoir du sujet, ou s'il a ses raisons nécessaires dans le tempsprécédent, selon le schème de la causalité.
Affirmer le déterminisme, ce seraitaffirmer que le cours de l'action humaine est fixé d'avance, et constitue unenchaînement causal naturel.
Tout choix apparemment libre, vécu comme tel,serait une simple prise de conscience de cet enchaînement, une perceptionempirique interne.
En quel sens l'autonomie morale du sujet est-elle doncconciliable avec l'universalité de la relation de cause à effet dans le domainedes phénomènes ? La thèse de Kant est qu'on doit distinguer un sujetempirique, comme tel strictement soumis à la loi d'une causalité naturelle, etun sujet suprasensible, à la fois législateur et sujet, donc libre, sedéterminant lui-même dans le domaine de la raison pratique (morale).
C'estpourquoi le terme de déterminisme, selon Kant, est plutôt un obstacle« dialectique », engendrant une contradiction illusoire, qu'un concept légitimede la réflexion : il sert à recouvrir confusément la liberté pratique sous ladomination de la nécessité naturelle, alors qu'il faut délimiter la juridiction dechacune.
"L'homme conscient de son devoir n'est pas, dans le monde, phénomène maisnoumène ; il n'est pas une chose, mais une personne." Kant , Opus postumum, 1796-1804.
L'homme, par son affectivité, tisse des liens avec le monde.
De ce fait, il peut être déterminé dans ses actions pardes causes qui lui sont extérieures, hétéronomes.
Tout ce qui peut conditionner le sujet ne permet pas de fonder lamorale, car l'homme serait alors ramené à un statut d'objet, phénomène parmi les phénomènes, régi par le principede causalité.
Si l'action morale est possible, elle ne peut se fonder que sur un inconditionné, c'est-à-dire quelquechose qui ne dépende pas de la nature, mais qui soit de l'ordre de l'intelligible pur, un noumène.
Conclusion Choisir entre le destin et le hasard est certainement réducteur et ne laisse l'alternative qu'entre le déterminisme etla liberté.
Un déterminisme naturel et une liberté humaine contingente.
Pourquoi choisir finalement quand les deuxsont conciliables ? Il n'est plus question de choix mais de réalité humaine qui n'est qu'en apparence contradictoire.Privilégier la hasard ou le destin comme explication unique de toute la réalité relève en effet d'une croyance..
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