Dois-je tenir compte de ce que font les autres pour orienter ma conduite ?
Publié le 03/03/2004
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Ce sont les autres qui nous jugent.
Seul, dit Sartre, je suis comme collé à moi-même. C'est le regard d'autrui qui me fait prendre conscience que le geste que je viens d'accomplir a quelque chose d'indélicat ou de vulgaire. C'est donc en comptant sur le regard d'autrui que je peux corriger ma conduite. Ce sont les autres qui me font savoir que telle attitude, pour moi naturelle, heurte leur sensibilité. Autrui est le médiateur entre moi et moi-même C'est la formule textuelle par laquelle Sartre, dans L'Être et le Néant (3e partie, ch. I, I), pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise de conscience de soi. Il en fait la démonstration par l'analyse de la honte. J'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui, par exemple si je suis surpris à faire un geste maladroit ou vulgaire. La honte dans sa structure première est honte devant quelqu'un. Elle est immédiate, non réflexive.
Ce que fait autrui doit-il être une référence, un modèle pour la conduite ? Doit-on toujours baser son agir sur celui d'autrui ?Cette nécessité minétique ne remet-elle pas en cause notre liberté ? L'histoire ne nous démontre-t-elle pas à quel point l'expérience des autres peut nous être nécessaire pour notre conduite ? Quelle importance peut-on accorder à l'influence d'autrui pour orienter notre conduite ? L'expérience d'autrui n'est-elle pas pour moi une précieuse leçon de vie ? Comment peut-on décider ou non de tenir compte de cette influence ? Il paraît nécessaire d'avoir des modèles à qui s'identifier, et, d'avoir besoin du regard des autres pour orienter notre conduite ? Toutefois, la présence des autres n'est-elle aussi ce qui met en péril notre individualité et notre originalité ?
- [Le regard que les autres portent sur moi est de la plus haute importance. Dans la mesure où je vis au sein d'une société, je suis tenu d'orienter ma conduite en tenant compte de celle des autres.]
- [C'est librement et en raison que l'homme décide de sa conduite. Tenir compte de ce que font les autres aboutit à un dangereux conformisme. Les autres n'ont pas toujours raison de faire ce qu'ils font.]
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sorte, de la question de la connaissance de soi et qu'elle en apparaît comme le fondement.
L'individualisme est immoralDans la mesure où je dépends entièrement d'autrui, je me dois moralement d'agir en respectant les règles quem'impose la société.
Comme l'a bien montré Durkheim, la société n'est pas la somme des individus qui lacomposent.
Ce que font les autres exprime une volonté supérieure: celle de la société à laquelle j'appartienset dont je suis entièrement redevable.
[C'est librement et en raison que l'homme décide de sa conduite.
Tenir compte de ce que font les autres aboutit à un dangereux conformisme.
Les autres n'ont pas toujours raison de faire ce qu'ils font.]
Il faut cultiver l'autonomieIl est vrai, comme le dit Kant, que l'on «éveille l'envie en conduisant un enfant à s'estimer d'après la valeurdes autres.
C'est bien plutôt d'après les concepts de la raison qu'il doit s'estimer» (Réflexions sur l'éducation).Libre et autonome, je ne le suis qu'à partir du moment où j'obéis à ce que me dicte ma conscience.Pour Kant, le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit lafaculté de se déterminer soi-même de par une législation rationnelle.L'homme est lié à son devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.Aucun intérêt ne vient le forcer à faire son devoir, aucune forceétrangère à sa propre volonté ne vient le contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre maishétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procèdepas de lui-même.
Le devoir ne se définit que par l'autonomie de lavolonté.
Être libre et moral, c'est agir conformément à sa proprevolonté législatrice universelle.Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.
Le principesuprême du devoir est inconditionné et absolu.
La volonté n'y est pasintéressée, et elle n'est pas non plus motivée par la crainte d'unchâtiment ou d'une sanction s'il y a désobéissance.
Dansl'accomplissement du devoir, la volonté est fondée sur un principed'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a lavolonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriétédes objets du vouloir).
Le principe de l'autonomie est donc : de choisirde telle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en mêmetemps comme lois universelles dans ce même acte de vouloir."
Le conformisme est aliénantIl est vrai que les «êtres humains ne sont pas des moutons; et [que] même les moutons ne se ressemblentpas au point qu'on ne puisse pas les distinguer» (John Stuart Mill, De la Liberté).
Tenir compte de ce que fontles autres, c'est renoncer à être soi-même.
Or, c'est en assumant ce que je suis que je me définis en tantqu'individu adulte et responsable.
Dans L'Unique et sa propriété, Stirner établit une théorie radicale de l'individualisme anarchiste.
La seule etunique valeur, c'est le Moi, tout le reste n'est rien.
Reprenant l'étymologie allemande du mot société(Gesellschaft), Stirner en dégage la racine saal : la salle.
Être en société, c'est se trouver enfermé dans unesalle commune en compagnie de plusieurs personnes non choisies.
La société contraint à des relations mais neles établit pas.
Qu'il existe ou non des relations confraternelles ne la touche guère.
La société n'est pasl'oeuvre d'individus singuliers, mais d'un tiers anonyme et impersonnel.
Au sens propre, la société n'estpersonne.
Non fondée sur des relations, elle ne définit qu'un espace de cohabitation que les relationsinterindividuelles indiffèrent, ou parfois même perturbent.
La société ne tolère que dans certaines limites queles individus établissent des relations de Je à Tu, oubliant par là qu'il y a les "autres".
Elle se donne commevaleur sacrée, et tout excès individuel, dans le système anonyme et neutre, est une offense rudement punie.Elle est un système de travail en commun qui vise l'enrichissement collectif, et les relations individuelles, loind'en constituer le ciment, en sont le germe de dissolution.
La société n'est pas une association libre d'individuslibres, c'est un tiers impersonnel (l'Etat) qui détient le pouvoir absolu sur tous les individus.
Le titres peuvent se 'taperCe que font les autres ne doit pas troubler mon jugement.
L'opinion commune est rarement une opinion droite.Ce n'est pas parce que les autres sont racistes que je dois l'être.
Les philosophes ne se sont jamais plies àl'opinion générale.
Mieux! Lui résistant, ils ont dénoncé nombre de folies commises par ceux qui adoptentaveuglément le point de vue du plus grand nombre..
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