DM pour la rentrée Q12 : L’artiste travaille-t-il ?
Publié le 29/05/2024
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DM pour la rentrée
Q12 : L’artiste travaille-t-il ?
Notions liées à la culture (art, travail, technique) - Eléments
de définition en vue de la problématisation:
• La culture :
Le mot culture vient du latin colere, qui signifie mettre en valeur (à la fois un champ -l'agriculture-et
l'esprit -être quelqu'un de « cultivé »)
- La culture s'oppose par définition à la NATURE car la culture désigne l'ensemble des ACQUIS (les
connaissances, croyances, arts, morale, droit, coutumes ; tandis que la nature renvoie à ce qui est
biologique et INNÉ : le patrimoine génétique).
Ainsi la culture est TRANSMISE EN SOCIÉTÉ (et non par
HÉRÉDITÉ).
- A un niveau individuel, la culture s'oppose à l'inculture, à l'ignorance, mais renvoie également à la
maîtrise des acquis d'un groupe social donné (être « cultivé » est donc relatif au contenu culturel du
groupe social en question) : ainsi, la culture peut devenir l'expression d'un rapport de force (ceux qui
possèdent la culture légitime, maîtrisent ses codes, étant dominants).
- Collectivement, la culture constitue l'identité d'un groupe, d'un peuple.
• L'art :
- Du latin ars, qui traduit le grec technê, qui possède le double sens de savoir-faire/technique
d'une part et d'autre part de création artistique, de recherche du mot (cette polysémie du
terme renvoie à la parenté entre artiste et artisan).
C'est donc une part importante de cet
ensemble qu'on nomme culture.
- L'art renvoie donc d'abord à une MAÎTRISE TECHNIQUE (travail sur les supports, les
matériaux, les techniques diverses…)
- Mais il s'inscrit aussi dans une TRADITION (apprentissage auprès d'autres artistes, artisanat,
appartenance à un mouvement artistique ou à une école, modèles/ maîtres…), une filiation
revendiquée par rapport au travail d'autres artistes, ou renvoie au contraire au REJET DE CETTE
TRADITION, à la volonté de créer quelque chose de nouveau.
Dans les deux cas, on remarque
que l'art a une histoire, faite, comme toute histoire, de continuité et de ruptures.
- L'art se comprend aussi dans son rapport à la nature.
En effet, l'art est par définition artificiel,
c'est la création que quelque chose qui n'existe pas dans la nature.
Dès lors, on peut considérer
que l'art IMITE la nature (en reproduisant l'apparence des objets de la nature ou en dégageant
la forme universelle en eux) et revendiquer cette RESSEMBLANCE (c'est le cas de l'art figuratif)
ou la rejeter (c'est plutôt le cas de l'art abstrait).
- On peut également s'interroger sur la part aléatoire qui se trouve dans toute création (audelà de la maîtrise technique, de l'imitation etc.) : on parle parfois de talent, de génie ou
d’inspiration etc.
Dans tous les cas, cela renvoie à la LIBERTÉ CRÉATRICE (bien que certains
déterministes considèrent que l’œuvre d'un artiste n'est que le résultat d'une sublimation par
ex : cf.
psychanalyse) : Aristote déjà faisait valoir que « Le hasard aime l'art, l'art aime le
hasard »
- L’œuvre d'art se distingue également par sa fonction : elle vise traditionnellement le BEAU,
par opposition aux autres objets qui devraient être UTILES, FONCTIONNELS.
Cela étant, la
distinction entre le beau est l'utile est remise en question par les pratiques contemporaines.
Par ailleurs, il est malaisé de définir le beau, qui est, selon Kant, « un universel sans concept »
(universel car tout le monde le partage : quand je dis « c'est beau », je m'attends à ce qu'on
puisse être d'accord avec moi ; mais sans concept car je ne peux pas en donner une définition
claire).
On peut avancer toutefois qu'il entre dans la notion d’œuvre « belle », ou simplement
réussie, un sentiment ou une impression de complétude, de totalité, d'achèvement.
- L’œuvre a également une double VALEUR : esthétique et commerciale.
Elle peut aussi susciter
des RÉACTIONS DIVERSES : contemplation, plaisir, étonnement, réflexion etc.
- Enfin, Il ne faut pas oublier que le monde de l'art ne se réduit pas aux seuls artistes, mais
comprend également des critiques, des institutions (musées, galeries, fondations,
collectionneurs privés…) et le grand public (qu'il soit averti ou non).
• POUR RAPPEL - Le travail :
- Le travail peut désigner des activités très différentes : celle d'un ouvrier, d'un enfant à l'école,
d'un cadre, d'un artiste, d'un footballeur… On peut donc peiner à trouver un point commun
entre toutes ces activités qu'on nomme travail : souvent, on croit que ce point commun est
l'argent, on définit donc le travail comme activité rentable.
Pourtant, il existe de nombreux
contre-exemples :
-le travail scolaire n'est pas rémunéré, le travail associatif ne l'est pas toujours non
plus.
-l'esclavage (non rémunéré !) n'est-il pas du travail ?
-on peut être rémunéré pour une activité qu'on ne considère pas comme du travail
mais comme un hobby ou une passion etc.
Ainsi, on peut dire que le point commun entre toutes les activités qu'on appelle travail n'est
pas la rémunération mais le but de ces activités : LA TRANSFORMATION DE LA NATURE DANS
UN SENS UTILE A L’HOMME, EN VUE DE LA SATISFACTION DE SES BESOINS.
- Le travail est donc par définition au service d'un but, d'un intérêt, il est le MOYEN pour
atteindre cette fin.
C'est pourquoi il s'oppose au JEU, aux LOISIRS, qui n'ont pas de but
extérieur à eux-mêmes, et constituent donc UNE FIN EN SOI.
- Le travail, ainsi compris comme nécessaire pour satisfaire nos besoins, renvoie à la part en
nous la plus proche de l'animalité (besoins élémentaires : chaleur, nourriture etc.), en ce qu'il
s'agit ici de la SURVIE ASSURÉE GRÂCE A UN CYCLE PERPÉTUEL DE PRODUCTION ET DE
CONSOMMATION.
- Il peut ainsi également renvoyer à l'idée de pénibilité, voire de malédiction (cf.
la chute
d'Adam et Eve).
C'est d'ailleurs le sens de son étymologie : TRIPALIUM (instrument de
contrainte pour attacher le bétail/ parfois présenté également comme instrument de torture :
cf.
la série TV du même nom).
En ce sens, la mécanisation du travail (cf.
vos connaissances en histoire sur la révolution
industrielle, en économie sur le taylorisme etc.) a été présentée par Marx comme une
aliénation du travail : non seulement les ouvriers (prolétaires) sont exploités par les
capitalistes, mais surtout la mécanisation entraîne un morcellement du travail (gestes
fractionnés, répétitifs) qui le prive de son sens.
- A l'inverse, on peut concevoir le travail comme un vecteur d'accomplissement personnel, en
tant qu'il est le résultat d'un projet conscient et volontaire qui s'inscrit dans un avenir nonimmédiat.
Selon Hegel, le travail permet en effet à l'homme d'être reconnu et de s'affirmer, à
travers l'extériorisation de lui-même et sa maîtrise de la nature.
• La technique :
- Elle renvoie étymologiquement à la technê comme art, habileté, maîtrise technique.
Elle est
donc d'abord synonyme d'art au sens d'un savoir-faire dont la mise en œuvre permet d'obtenir
volontairement un résultat déterminé et qui peut dériver de l'expérience ou/et de
connaissances.
Mais, à la différence de l'ART qui est DÉSINTÉRESSÉ, la technique vise L’UTILITÉ
et L’EFFICACITÉ.
- La technique est une part importante de la culture car elle renvoie à la maîtrise de la nature
par l'homme (nature vs.
Culture), le savoir, notamment technique, permettant, selon
Descartes, de se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ».
- La technique est souvent présentée aussi comme le propre de l'humanité, la fabrication des
outils ayant été décisive dans son évolution, et supposant par ailleurs une intelligence
développée (fabriquer un outil nécessité de planifier une tache en se représentant
mentalement la succession des différentes actions à accomplir, de forger des projets sur du
moyen terme -et non dans l'immédiateté et dans le pur instant comme l'instinct- mais aussi
d'être capable de choisir la forme et les matériaux les mieux adaptés à nos buts etc.)
- La technique pose cependant des problèmes : N'est-elle pas un instrument de domination
(les dominants étant ceux qui la maîtrisent) ? Elle est source de progrès ou doit-elle plutôt être
considérée comme une menace ? (Pbs écologiques, bioéthiques etc.)
• Prenez le temps de retrouver les références que vous avez déjà
rencontrées sur ces notions, par exemple :
-
(TECHNIQUE) La main conçue par Aristote comme outil polymorphe et outil à
faire des outils dans Les Parties des animaux
-
• Proposez une problématisation et une problématique
Q12 : L’artiste travaille-t-il ?
I)
L’artiste travaille
1) L’artiste produit des efforts réguliers et soutenus pour produire son œuvre, souvent
pour transformer la matière et/ou réifier une idée.
Un musicien ou un sculpteur vont
par exemple fournir des efforts répétitifs.
Réfs : Genèse, 3, 16-19 (le travail comme punition et souffrance) + étymologie du
travail (tripalium)
2) Les efforts répétés sont nécessaires pour acquérir une maîtrise technique.
Ce savoirfaire technique constitue également un point commun entre l’artiste et le travailleur.
Tous deux mobilisent des techniques comme moyens de parvenir à une fin, c’est-à-dire
de parvenir volontairement à un résultat déterminé.
A ce sujet, Nietzsche, dans Humain, trop humain s’oppose au mythe du "don" naturel
ou du « génie » inné qui est une illusion : l'artiste observe, travaille, s'exerce par la
répétition etc.
Cette illusion naîtrait de....
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