DM Philo: Quand desobeir?
Publié le 19/05/2024
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DISSERTATION
Sujet 1: Quand desobeir?
Viola Desmond, figure emblématique de la résistance contre l'injustice et pionnière dans
la lutte pour les droits des minorités au Canada, décide de s'asseoir le 1er novembre 1946 dans
la section réservée aux blancs dans un cinéma et refuse de céder à la politique de ségrégation
en vigueur.
Elle défie ouvertement l'ordre établi et met en lumière les injustices subies par la
communauté noire.
Cette histoire soulève une question fondamentale: quand désobéir? Il
convient dans un premier temps de définir ce qu’est la désobéissance.
Il est possible de soit
désobéir à quelqu’un, c’est à dire de ne pas faire ce qu’il demande ou ce qu’il impose soit de
désobéir à quelque chose, ce qui implique dans la majorité des cas une transgression ou une
violation des lois et des règles.
Cette question de la désobéissance des lois nous renvoie à
deux notions qui s’opposent: le légal et le légitime.
Le légal est ce qui est juste d'après la loi et
le légitime est ce qui est juste d'après la morale.
En apparence, il semblerait que nous n’ayons
pas le droit de désobéir aux lois puisqu’en effet les lois, par définition, s’appliquent de la même
manière a tout le monde et garantissent les droits ainsi que les libertés individuelles.
Il serait
ainsi injuste de désobéir aux lois étant donné que ces dernières sont là pour incarner une forme
de justice.
Mais en réalité, il est également évident que certaines lois peuvent parfois être
injustes comme celles concernant la legalisation de l’esclavage par exemple.
Il y a souvent un
décalage entre les droits positifs de notre société et la justice morale qui se couple au manque
de progression de certaines sociétés qui restent enracinées dans des valeurs archaïques.
Le
problème philosophique se complexifie: comment déterminer si une loi est juste ou injuste?
Dans quelles conditions un individu peut-il placer sa conception de la justice au-dessus des
lois? Existe-t-il des situations où la légalité d'une loi ne suffit pas à la légitimer ? Peut-on
considérer légitime la désobéissance civile lorsque la loi entre en conflit avec des valeurs
éthiques ou porte préjudice à la dignité individuelle et aux droits fondamentaux de l'homme?
Tout d'abord, nous examinerons l'argument selon lequel la primauté de l'ordre et de la légalité
doit prévaloir dans toute société stable, soutenant ainsi qu'il est jamais nécessaire de désobéir
à la loi.
Ensuite, nous verrons que la désobéissance civile devient parfois une nécessité face à
des injustices insupportables, mettant en lumière les moments où la légitimité morale prime sur
la légalité.
Enfin, nous proposerons une solution au problème posé qui suggère que la
recherche de solutions démocratiques et la réforme des lois sont la voie à suivre pour résoudre
les conflits entre la loi établie et les impératifs moraux.
Dans un premier temps, il ne faut jamais désobéir aux lois afin de préserver la stabilité
de notre société et afin de suivre notre devoir moral.
D’une part, il est essentiel de noter que, dans des circonstances ordinaires, la
désobéissance aux lois est perçue comme une forme d'injustice.
Les lois sont édictées dans le
but d'assurer le bon fonctionnement de la société en définissant ce qui est permis ou interdit
aux citoyens.
Aller à l'encontre des lois revient ainsi à violer ce principe fondamental sur lequel
repose l'ordre social.
Lorsqu'un individu enfreint les lois, il s'expose alors à des sanctions de la
part de la justice, dont le rôle principal est de rétablir l'équilibre perturbé.
La mission de la justice
est de prendre des décisions en conformité avec le droit, c'est-à-dire en accord avec la loi en
vigueur.
Par conséquent, la justice s'appuie sur le droit pour réinstaurer l'harmonie entre les
actions des citoyens et les normes établies par la société.
Il semble donc préférable d'obéir aux
lois, même quand nous ne sommes pas en accord avec elles puisque le respect du droit positif
est toujours un devoir moral.
Ceci se rattache à l'idée du contrat social, un concept
philosophique introduit par Jean-Jacques Rousseau, qui souligne l'accord implicite entre les
citoyens et l'État.
Selon cet accord, les citoyens acceptent de se soumettre aux lois et aux
décisions de l'État en échange de la protection de leurs droits et libertés.
Ce contrat repose sur
la volonté générale, concept central de la pensée de Rousseau, qui représente ce qui est dans
le meilleur intérêt de la communauté.
Dès lors, la désobéissance à la loi peut être vue comme
une violation de cet accord mutuel, un acte qui remet non seulement en question la légitimité de
l'État mais menace également la cohésion et l'unité sociale.
De plus, le respect des lois, même
quand elles semblent défavorables ou inappropriées à certains individus ou groupes, est
essentiel pour maintenir un équilibre et garantir que les droits et les libertés de tous soient
préservés.
En ce sens, le respect du contrat social est un devoir moral qui transcende les
préférences individuelles et s'inscrit dans une logique de responsabilité collective.
De plus, l’ordre social et la stabilité sont des conditions essentielles pour le
développement et le bien-être d'une société.
Sans eux, les sociétés plongent dans l'anarchie,
où le chaos et l'incertitude prédominent, nuisant ainsi à la sécurité et au bien-être des citoyens.
Thomas Hobbes, dans son œuvre Le Léviathan, argumente que l'absence d'un pouvoir central
fort, incarné par l'État, conduit à un état de nature où la vie de l'homme est "solitaire, pauvre,
méchante, brutale et courte".
Selon Hobbes, la peur d'une vie dans un tel état pousse les
hommes à s'unir sous un contrat social, acceptant de céder certains de leurs droits à un
souverain en échange de protection et d'ordre.
Ainsi, désobéir aux lois, même si elles sont
perçues comme injustes ou contestables, peut ébranler les fondations même de cet ordre,
mettant en péril la stabilité sociale et menant potentiellement à un retour à l'état de nature, une
perspective que personne ne souhaite véritablement.
Cette idée de garder une société stable
revient aussi dans le Criton de Platon avec Socrate qui est accusé à tort de corruption de la
jeunesse et d'irrévérence envers les dieux mais qui choisit néanmoins d'accepter sa peine
capitale.
Il justifie cela en disant que s'évader constituerait une menace pour le fondement
même des lois et de la cité.
En effet, admettre que chaque individu se donne le droit de
transgresser les lois chaque fois qu'il y trouve à redire conduirait à un bouleversement de l'ordre
public et dénaturerait totalement le concept de loi.
Il est impératif que la loi s'applique
uniformément à tous, sans exception.
Reconnaître l'autorité des décisions collectives, même
lorsqu'elles nous sont défavorables, revient à valoriser la justice et l'égalité au sein de la
communauté, mettant ainsi en exergue la primauté de la loi.
Cette nécessité de régulation
sociale reflète ce que Emmanuel Kant appelait « l'insociable sociabilité des hommes ».
Les lois,
en offrant un sentiment de sécurité et de repères, s'inspirent à la fois de l'expérience humaine et
des erreurs passées, ainsi que des principes théoriques fondamentaux tels que la libre
circulation, la liberté d'expression, et le droit au logement indiscutable.
Elles sont ainsi perçues
comme des accords justes, voire nécessaires, qui établissent les normes permettant de
contenir les instincts égoïstes des individus.
Par conséquent, il semble paradoxal d'imaginer
l'existence de lois injustes, puisque, par définition, le juste est ce qui est conforme à la loi.
De
plus, même en étant injustes, les lois pourraient être perçues comme fournissant un cadre
structurant indispensable à la société.
A ce stade du raisonnement, le problème semble réglé: pour préserver un ordre social et
éviter le chaos, il faudrait ne jamais désobéir aux lois et ainsi accepter ce qui nous ne plait pas
puisque la morale est subjective.
Mais ne peut-on pas distinguer des cas où la transgression
des lois est justifiée? Ne faudrait-il pas aller contre la norme lorsqu’on vit dans une société
profondément injuste? Comment définir cette injustice de manière objective?
D'emblée, il y a des moments où la désobéissance civile devient une nécessité face à
des injustices insupportables ou face aux inégalités croissantes qui mettent les gens en danger.
Cette perspective reconnaît que les lois ne sont pas toujours justes et que la désobéissance
peut être un moyen légitime de contester ces injustices.
Dans ces cas spécifiques, il faut
choisir de désobéir aux lois non pas de manière agressive et violente, non pas de s’y opposer
avec brutalité mais simplement de ne pas les suivre et de donc opposer une résistance
pacifique.
Il est donc légitime, juste d’un point de vue moral, de ne pas y obéir, de ne pas s’y
soumettre et donc de choisir de ne pas les respecter.
D’une part, il faut désobéir dans les situations ou il faut lutter contre des injustices
sociales et ou les lois contredisent les valeurs éthiques fondamentales sur lesquelles repose la
moralité humaine.
On pourrait prendre l’exemple du point de vue de Benjamin Constant dans
Réflexions sur les Constitutions, qui insiste que l'obéissance à la loi est en quelque sorte
conditionnée par un regard....
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