DM : la philosophie est-elle une science comme les autres ?
Publié le 28/10/2016
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La philosophie, est, étymologiquement, la recherche du savoir et de la sagesse. Aussi, il semble logique qu’Aristote, philosophe de l'Antiquité, élève de Platon, lie dans cet extrait de son ouvrage Métaphysique le concept de science et celui de philosophie. Pour autant, la philosophie est-elle une science comme les autres ? En quoi se distingue-t-elle de toute autre activité humaine ? D’où vient l’envie de philosopher ? Selon Aristote cette activité tire sa spécificité de ses origines, et de sa finalité. En effet, d’une part, elle provient de la surprise qu’éprouvent les hommes face à tout phénomène naturel, tendance qui les pousse à s’interroger sur la raison d’être des différents éléments du réel. Mais, d’autre part, elle n’a pas d’autre but qu’elle-même : un philosophe recherche la sagesse de façon désintéressée, pour expliquer des phénomènes qu’il ignore encore. Autrement dit, la philosophie est une activité sans but utilitaire. Pour examiner cette thèse, nous allons découper cet extrait en deux moments qui seront autant de parties de notre développement. Dans un premier temps, de la ligne une à la ligne sept, Aristote explique la genèse de la pensée philosophique en la mettant au compte de l'étonnement. Dans un second temps, de la ligne huit jusqu’à la fin du texte, il déduit la spécificité de l'activité philosophique de cette origine première : elle n'aurait pas d'autre but que de mettre fin à l'ignorance révélée par l'étonnement. Comment Aristote peut-il caractériser la discipline qu’il pratique par son inutilité ? Voulant prouver que la philosophie a pour seul but de satisfaire le besoin de connaissance qu'éprouve celui qui s'y adonne, Aristote commence par remonter à la source de ce besoin. C'est ainsi qu'il constate que « ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques », constat qu'il illustrera immédiatement en évoquant l'activité de recherche des premiers philosophes. On reconnaît ici l'influence de la philosophie platonicienne sur le jeune Aristote. Platon n'écrivait-il pas lui-même déjà dans le Théétète: « s'étonner, voilà un sentiment qui est tout à fait d'un philosophe. La philosophie n'a pas d'autre origine ». Toutefois, alors que Platon se contentait de constater l'effet de l'étonnement sur le philosophe pour expliquer son activité, Aristote non seulement va en montrer les effets en évoquant ce qu'il appelle les « spéculations philosophiques », mais il va expliquer qu'il puisse produire de tels effets en parlant du constat d'ignorance qu&a...

«
premiers penseurs aux spéculations philosophiques, Aristote explique les effets de celui-ci sur ceux
qui l'éprouvent.
Il prépare ainsi le terrain, au moyen du concept d'ignorance, à l'énoncé de sa thèse,
selon laquelle les philosophes s'adonnent à la connaissance en n'ayant aucune visée utilitaire.
L'étonnement aurait pour effet la prise de conscience de l'ignorance qui conduit à l'éprouver: «
apercevoir une difficulté et s'étonner, dit-il, c'est reconnaître sa propre ignorance ».
De fait, pour
avoir l'idée de chercher une quelconque explication, ne faut-il pas d'abord se rendre compte que l'on
en manque ? Il n'est pire obstacle à la recherche que l'illusion de savoir.
Si on croit savoir, on ne
cherche plus à savoir.
L’étonnement est donc la marque de la prise de conscience de notre ignorance
face aux différents phénomènes évoqués.
L’expression « c’est pourquoi » montre que l’étonnement
est ce qui explique le lien entre la philosophie et les mythes.
L’auteur explique en effet qu’ « aimer
les mythes est, en quelque manière, se montrer philosophe, car le mythe est composé de merveilleux
».
Il semble vouloir dire par là que le mythe éveille la curiosité, pousse à la réflexion, et stimule
ainsi la soif de connaissance.
Ils poussent donc à l’étonnement, et donc à la philosophie, pour
Aristote.
Aussi nous pouvons comprendre comprend que les mythes, c’est-à-dire des histoires qui
ont un sens, toujours à réinterpréter, soient de nature à contenter le philosophe, qui se trouve stimulé
intellectuellement à leur contact.
Ils sont des matières privilégiées pour se mettre à penser.
Platon
lui-même, dont Aristote fut le disciple, n'a-t-il pas fait une large place aux mythes dans son œuvre,
allant même jusqu'à en imaginer de toutes pièces pour susciter la réflexion, tel, par exemple, le
mythe de la caverne ? Dans ce premier moment, Aristote a donc commencé par rappeler l'origine de
la pensée philosophique en l'expliquant par un étonnement dû à une ignorance certaine.
Il va
maintenant s’interroger sur la fin, c’est-à-dire le but des différentes activités humaines, pour
montrer que la philosophie n’a pas d’autre but que la recherche du savoir pour lui-même.
C’est ce
que nous allons étudier dans le deuxième moment de ce texte.
Aristote, dans le deuxième temps de
son argumentation, va tenter de nous faire découvrir le but original de la philosophie.
Après avoir
rappelé brièvement ce qu'il vient de dire de l'ignorance éprouvée dans l'étonnement, « ainsi donc, si
ce fut pour échapper à l'ignorance et que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie »,
Aristote en vient au sujet qui l'intéresse au premier chef, celui du but spécifique de la philosophie.
Dès la ligne neuf, l'idée de finalité est ainsi évoquée.
En effet, parlant des premiers philosophes,
Aristote écrit : « il est clair qu'ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une fin
utilitaire ».
Il est évident en effet que celui qui s'adonne à la connaissance pour mettre fin à son
ignorance n'a pas d'autre but que celui de faire cesser celle-ci ! Pour Aristote, le but de la
philosophie et d'atteindre la connaissance ; il s'agit d'un but purement théorique et donc, en aucune
façon, utilitaire, c’est-à-dire ayant une utilité dans la vie pratique quotidienne.
Il s'agit de savoir
pour savoir.
Aristote le prouve en mettant en avant un constat d’ordre historique, de la lige neuf à la
ligne douze.
En effet, il explique que toutes les activités humaines visant à améliorer cette vie
quotidienne T.L.
– Bac blanc n°1 – 2010 – corrigé de l’explication du texte d’Aristote 3 (dont les «
techniques », au sens de savoir-faire) dont le but était « utilitaire », avaient déjà été inventées
lorsque l'on a commencé à se tourner vers la philosophie.
Aristote veut montrer par là que, si le but
effectif de la philosophie avait été utilitaire, cette science aurait existé depuis beaucoup plus
longtemps.
Or son apparition est, il faut bien en convenir, tout à fait récente, même de nos jours, à
l’échelle de l’humanité, et plus encore au moment d’Aristote, disciple de Platon.
Les latins en disant
« primum vivere, deinde philosophari » faisaient leur, ainsi, le constat d'Aristote : la vie d'abord,
avec ses impératifs pratiques, la philosophie ensuite, consacrée aux spéculations.
La « recherche »
dont parle Aristote ne peut avoir lieu que si les besoins les plus essentiels et élémentaires, pour la
survie par exemple, comme le fait de construire des habitations, de se nourrir, etc., sont comblés par
des activités adaptées et instituées.
Ce n’est que par possibilité de se détourner des exigences de
notre vie pratique, de nos actions « présentes » et « pressantes », comme dirait Bergson dans la
quatrième conférence de L’énergie spirituelle, que l’on peut philosopher.
La philosophie est donc
permise par le fait que l’intelligence humaine n’est pas épuisée par la recherche de solutions aux
problèmes pratiques, comme le remarquera, bien après Aristote, Bergson dans un autre ouvrage,
L’évolution créatrice.
Fort de ses considérations sur l'origine et l'histoire de la philosophie, Aristote
peut alors conclure en disant: « il est donc évident que nous n'avons en vue, dans la philosophie,.
»
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