Diversité des langues et pluralité des visions du monde
Publié le 10/03/2015
Extrait du document
Si certaines langues n'ont qu'un présent ou un passé, d'autres ont
également un futur, voire plusieurs formes de futurs ou de passés.
Benjamin Lee Whorf affirme que le concept de temps n'est pas, dans
son essence, exprimé de la même manière par tous les hommes mais
qu'il dépend «de la nature de la ou des langues qui ont présidé à son
élaboration«. Il remarque, en particulier, que, dans la langue française,
il existe des expressions comme «dix jours«, «un temps long«, «un
temps court«, qui voilent ou recouvrent l'expérience subjective du
temps qui passe, de la durée et qui nous amènent à concevoir un temps
objectif, mesurable, homogène. En revanche, dans la langue de l'indien
Hopi, ces types d'expression ne se rencontrent jamais: «"Ils restèrent
dix jours'' devient "ils restèrent jusqu'au onzième jour", "Dix jours est
un laps de temps supérieur à neuf jours" devient "le dixième jour est
postérieur au neuvième". Notre "longueur de temps" n'est pas considérée
comme une longueur mais comme une relation d'antériorité ou
de postérité entre deux événements1 .«La langue «Hopi« est plus proche
que la nôtre de la pensée bergsonienne du temps.
«
Diversité des langues et pluralité des visions du monde
lituanien, ont un duel, parfois même, comme les langues mélanésiennes
un triel, ou encore, comme les langues micronésiennes des îles Gilbert,
un quadrel.
La marque du pluriel étant exceptionnelle dans leur langue,
les Chinois
n'ont pas toujours ressenti comme nécessaire la distinction
du particulier et du général (distinction qui a permis le syllogisme
et qui a tenu une grande place dans notre logique classique).
3 L'analyse du temps
Si certaines langues n'ont qu'un présent ou un passé, d'autres ont
également un futur, voire plusieurs formes de futurs ou de passés.
Benjamin Lee
Whorf affirme que le concept de temps n'est pas, dans
son essence, exprimé de la même manière par tous les hommes mais
qu'il dépend «de la nature de la ou des langues qui ont présidé à son
élaboration».
Il remarque, en particulier, que, dans la langue françai
se, il existe des expressions comme «dix jours», «un temps long», «un
temps court», qui voilent ou recouvrent l'expérience subjective du
temps qui passe, de la durée et qui nous amènent à concevoir un temps
objectif, mesurable, homogène.
En revanche, dans la langue de l'indien
Hopi, ces types d'expression ne se rencontrent
jamais: «"Ils restèrent
dix jours'' devient "ils restèrent jusqu'au onzième jour", "Dix jours est
un laps de temps supérieur à neuf
jours" devient "le dixième jour est
postérieur au
neuvième".
Notre "longueur de temps" n'est pas consi
dérée comme une longueur mais comme une relation d'antériorité ou
de postérité entre deux événements 1 .»La langue «Hopi» est plus proche
que la nôtre de la pensée bergsonienne du temps.
4 Les formes grammaticales
Les langues indo-européennes sont pourvues de formes grammati
cales précises qui ont favorisé
l'essor d'une pensée abstraite, «Spécu
lative».
Ainsi, la distinction, dans ces langues, du substantif et de
l'adjectif, a permis de rendre sensible l'opposition de la substance
et
de l'accident.
De même, l'emploi des cas nominaux et accusatifs, celui
des voies actives et passives semblent avoir facilité
la distinction du
sujet et de l'objet.
En revanche, dans la langue chinoise, ces préci
sions grammaticales n'interviennent pas obligatoirement.
Le fait est en
tout cas que la pensée chinoise
ne distingue pas la substance de l'acci
dent et n'oppose pas nettement sujet et objet et
qu'elle préfère l'impli
cite
et! 'allusif aux démonstrations «scolastiques».
L'absence de liens
entre les unités de la langue chinoise explique aussi, sans doute, le
1.
Benjamin Lee Whorf, Linguistique et anthropologie.
trad.
Cl.
Canne, Denoël, 1969.
21.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La diversité des langues et pluralité des visions du monde ?
- La diversité des langues est-elle un obstacle à l'entente des peuples ?
- Pluralité des langues et harmonie des hommes ?
- La diversité des langues est-elle un obstacle à l'entente entre les peuples?
- Le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde