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Distinction du désir et de la volonté.

Publié le 10/02/2016

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 Il y a quelque chose de vrai dans l’allégorie de l’attelage imaginée par Platon : le cheval noir, qui par ses incartades risque à chaque instant de faire verser le char, symbolise les inclinations basses et les désirs mauvais ; le cheval blanc, docile à la voix du maître, représente les inclinations nobles; et c’est grâce à son aide que le cocher, c’est-à-dire la raison, peut opposer une résistance aux écarts du coursier rebelle. Pareillement, pour résister aux séductions des images tentatrices, il ne reste d’autres ressources à la volonté, c’est-à-dire à l’attention, que d’opposer en quelque sorte la sensibilité à elle-même en transformant en désirs les idées de la raison, en mettant la passion au service du vrai et du bien. Sans cet élan généreux la notion du devoir risque de demeurer abstraite, froide, inefficace. Aussi voyons-nous que les héros de la moralité ont presque tous une nature ardente, une volonté échauffée par l’amour. C’est peut-être une erreur de la psychologie

« YlE ACTIVE 159 autre, à maintenir dans la conscience une idée contre l'assaut des idées antagonistes, afin de lui permettre de développer tous ses effets moteurs .

.1'\ous sommes maîtres de nos actes dans la mesure où nous sommes maîtres de nos idées.

Ainsi s'explique que nous avons souvent conscience « d'aller dans le sens de la plus grande résistance ( 1) >>.

Il faut un vigou­ reux effort de l'attention pour implanter dans l'âme une idée qui n'est pas toujours la plus séduisante, qui a plutôt pour elle la raison que le cœur, qui exige même des sacrifices pénibles.

La volonté est donc ce pouvoir que possède une conscience attentive de se modifier elle-même en surveillant le jeu de ses représentations et en réglant la force de ses tendances.

La volonté étant ainsi définie s'oppose, sous certains points de vue, au désir.

Aristote a indiqué une différence qui mérite d'être retenue.

« Nous désirons même les choses impossibles, mais nous ne Distinction d'Aristote.

saurions les vouloir >>.

Le désir est souvent chimérique; il se contente d'une possibilité illusoire, il aspire même à ce qui ne dépend pas de la volonté humaine.

La volonté, au con­ traire, est prudente, réfléchie, pratique.

Elle implique une croyance ferme à la possibilité de l'acte.

Le désir, disait encore Aristote, porte sur la fin, la volonté sur les moyens.

Cette distinction découle de la précédente.

Le désir va tout de suite à son but.

Vouloir, c'est prendre les moyens d'arriver à la fin désirée.

Maine de Biran nous fournit une autre distinction importante.

La volonté est accompagnée d'un sentiment très net de la personnalité.

Vouloir, c'est se posséder.

Distinction de Maine de Biran.

Désirer, c'est s'abandonner à l'attrait d'une chose que l'ima­ gination nous représente comme agréable.

Aussi dans le premier cas, avons-nous le sentiment d'une victoire; tandis que dans le second, nous avons souvent conscience d'une abdication ou d'une défaite.

« Vaincre et dompter, dit.

Wil- (1) William James.. »

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