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Dissiper une illusion, est-ce seulement corriger une erreur ?

Publié le 10/01/2004

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illusion
Ce terme implique le passage du faux au vrai, l'acquisition de nouvelles vérités : le processus de la connaissance est impliqué.*Illusion, vérité et connaissance sont les éléments du problème à poser.DES NOTIONS AU PROBLÈME*La question précédente était également relative à l'illusion. Cette notion devait être abordée en rapport avec celle d'existence et de rêve. Ici, elle doit être abordée autrement, dans son rapport avec la connaissance et la vérité. II s'agit donc de déterminer les rapports entre ces trois éléments.*La vérité s'oppose ensemble au faux et à l'illusoire, mais s'y oppose-t-elle de la même façon ? Cette différence ne tient-elle pas à la différence qui existe entre la façon de reconnaître qu'une chose est fausse et la façon de reconnaître qu'une chose est illusoire ? Voici notre problème : la connaissance permet-elle de distinguer le faux de l'illusoire ?1.

Il s'agit ici de distinguer l'erreur de l'illusion.

  • Comment corrige-t-on une erreur ? A quel type de travail intellectuel cela renvoie-t-il ?
  • Est-il possible de dissiper une illusion ? Quelle est la part de désir dans celle-ci ?
  • La manière dont est formulée la question sous-entend qu'il est plus aisé de corriger une erreur que de dissiper une illusion.
illusion

« lumière, s'impose d'elle-même, et ne peut pas être expliquée par autre chose qu'elle-même. 3.

Pour échapper à l'illusion, il faut en connaître les causesAfin d'empêcher qu'il agisse sur nous et ne nous trompe, il faut connaître le mécanisme de l'illusion.

À la différencedu faux, qui est effacé par le progrès des connaissances vraies, la lutte contre l'illusion exige des moyensspécifiques, une science de l'illusion.On pourra recourir ici à diverses références.

On peut se référer par exemple à la théorie freudienne, qui trouve descauses positives au rêve (et donc aussi à la réalité telle qu'on croit qu'elle est ; cf.

question précédente).On peut également faire appel à des textes de Kant sur l'illusion de la métaphysique.

Dans la dialectique de laCritique de la raison pure, Kant montre que l'illusion selon laquelle nos pensées qui ne s'appuient pas sur l'expériencecorrespondent à ce qui existe, est une illusion " nécessaire ”.

Cette illusion nécessaire prend sa source dans uncertain fonctionnement de notre esprit : celui-ci ne peut pas s'empêcher de chercher à savoir quelles sont lescauses premières de toutes choses, et il se satisfait de ses constructions abstraites, sans se rendre compte quepour nous qui ne sommes que des hommes, toute vérité suppose une forme d'expérience.Seule une connaissance des causes de l'illusion peut permettre de rectifier notre jugement, sans pour autant fairedisparaître les causes ni le phénomène même de l'illusion. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partiecontingent de l'expérience.

Ce sera l'une des préoccupation centrale de Kant . Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sottoujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensibleet le travail conceptuel de l'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur, parle moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opèreune mise en ordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit.

Parexemple : les relations de causalité s'instaurant nécessairement entre lesphénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre des choses,mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestation à notre esprit.

Laconnaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soi maisconnaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) des phénomènes.

Trèsschématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur .

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonneà vide, elle outrepasse ses droits, comme le montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée,car l'expérience n'en est pas possible.

Les idées de la raison ont une fonctionunificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ;mais c'est quand elle prétend connaître des objets transcendants (au-delà del'expérience possible) qu'elle mérite de subir une critique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de la nécessité et de lacertitude ; le savant ne produit pas des théories au gré de sa fantaisie.

Ces théories scientifiques rétablissent unordre universel de la connaissance, car elles appliquent à la matière de l'expérience la forme rationnelle del'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, ni empirisme, le Kant isme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que la connaissance ne porte que sur desphénomènes, sans que les choses en soi soient jamais accessibles ? Les limites de la raison. Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplacer la raison et on peut même allerjusqu'à affirmer que « l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.

Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même.

Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori » de l'entendement (« catégories »).

C'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles.

Au-delà du savoir, il y a donc un monde des noumènes (choses en soi) qui nouséchappe.

Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pour essayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dansd'inévitables contradictions, antinomies et paralogismes.

Une métaphysique est impossible comme science.

Enparticulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notre volonté, l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu . Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination. Or, avec Kant , l'illusion est portée au cœur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et sesprétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites del'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomène sensible(le Moi, le monde, Dieu).. »

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