Dissertations d'élèves sujet : Mémoire et conscience (Note 15)
Publié le 22/03/2015
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Comme si, pour l'amoureux, le monde entier signifiait la présence ou l'absence de son amour. On dit que les poètes ont une conscience plus vive et plus profonde du monde : c'est sans doute que pour eux le monde, à toutes saisons, à toutes les heures du jour, évoque mystérieusement.
A Dans Le Visionnaire, Julien Green observe à propos de l'oubli : Cette espèce de mort partielle me glace. La vie se présente à moi comme une suite d'anéantissements jusqu'à la destruction générale de toute mémoire. « La mort est la perte de la vie, de la conscience. Mais l'oubli est une mort au sein même de la vie et de la conscience. Si sans conscience je ne puis naturellement me souvenir, quelle conscience garderais-je si je perdais toute mémoire ? Quel rôle joue donc la mémoire dans le phénomène de la conscience ? Quels rapports entretiennent la conscience et la mémoire ?
B On a remarqué que la personnalité est un tout. La mémoire, l'intelligence, l'imagination ne sont pas des fonctions séparables les unes des autres, en fait sinon en droit. Mémoire et conscience seront donc étroitement unies, se constituant l'une l'autre. Considérons ces liens qui se tissent entre la mémoire et la conscience de l'homme, définie comme conscience du monde.
«
dans ce monde.
Toutefois la perception ne fait pas seulement
appel à cette mémoire que les psychologues nomment sensori-
motrice, mais aussi à une mémoire supérieure.
Alain a expliqué
que percevoir une allée bordée d'arbres implique que l'on a
déjà touché des arbres, que l'on a « compris les jeux de
l'ombre et de la perspective » ; que cela signifie également
que l'on peut donner un nom aux choses, les identifier.
Or à
tout cela la mémoire est nécessaire.
Ainsi, connaître, n'est-
ce pas toujours reconnaître ? Lorsque, revenant après une
longue absence dans mon village natal, je m'attends à y
rencontrer d'anciens camarades, je porte une attention plus
grande, tous mes souvenirs sur eux sont mobilisés en vue de
les retrouver.
Et quand je m'écrie : « Lui, je le connais ! »
cela veut dire : je l'ai reconnu.
On voit bien l'importance de
la mémoire, et les « inconscients » manquent le plus souvent
de mémoire, tout simplement.
D Notre passé, nos expériences modifient bien sûr notre
manière d'être au monde.
Plus nous avons de souvenirs, plus le
monde signifie, plus nous reconnaissons, et plus nous nous
souvenons, quelquefois par simple correspondance.
Ainsi la
grisaille d'un matin brumeux et incertain peut réveiller en
moi un amour oublié.
Moi seul, peut-être, aurai alors
conscience du caractère étrange et mélancolique de ce matin
hésitant : les autres ne verront rien, car ils ne se
souviendront de rien.
Comme si, par association d'idées ou par
d'autres processus plus obscurs, ma mémoire modifiait ma
vision du monde.
Comme si, pour l'amoureux, le monde entier
signifiait la présence ou l'absence de son amour.
On dit que
les poètes ont une conscience plus vive et plus profonde du
monde : c'est sans doute que pour eux le monde, à toutes
saisons, à toutes les heures du jour, évoque mystérieusement.
E Tout ceci nous montre qu'on ne saurait séparer la conscience
de la mémoire, que la conscience la plus immédiate puise dans
la mémoire et s'appuie sur elle, et que la mémoire influe sur
la conscience et lui imprime sa marque.
En ce sens, nous
pouvons faire nôtre la formule de Bergson : « Toute conscience
est mémoire, conservation et accumulation du passé dans le
présent.
»
commentées et corrigées
cience de ses états et de ses représentations ».
Elle
s'identifie ainsi à la conscience.
Néanmoins, ainsi que l'a
observé Leibniz qui distingue la perception, affection de la
substance, et l'aperception, affection de la conscience, il
existe des perceptions inconscientes, ce que Leibniz nomme les
« petites perceptions ».
La dernière phrase de ce paragraphe
(« les « inconscients » manquent de mémoire ») mérite quelques
explications.
D Étude, suggérée en B, des rapports entre la conscience et la
mémoire à travers la signification.
Ce paragraphe est très a littéraire », mais une dissertation
de philosophie n'exige pas par principe un style sévère et
rébarbatif.
Une certaine poésie, un lyrisme discret, comme
c'est ici le cas, ne peuvent qu'être appréciés.
On aurait pu ici renvoyer à Proust.
E Conclusion de la première partie.
La formule de Bergson n'est peut-être pas tout à fait à sa
place ici.
Bergson veut en effet dire par là que « la mémoire
2.
»
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