Dissertation:"Qu'est-ce que faire paysage ?"
Publié le 30/12/2022
Extrait du document
«
Qu’est ce que « faire paysage » ?
Au XVème siècle, à la Renaissance, la perceptive est codifiée par Alberti dans son ouvrage
De pictura publié en 1540.
Ce traité va révolutionner la peinture de l’époque car il introduit la
notion de profondeur dans l’espace.
Les peintres seront alors plus attirés pour représenter de
grandes étendues naturelles ou architecturales.
On voit alors apparaître dans de nombreux tableaux
la notion de paysage notamment dans le très célèbre La Vierge au Chancelier Rolin de Jan Van
Eyck où le paysage est un élément du tableau ou encore L’Hiver de Jacob Grimmer et Rivières et
bandits embusquées de Pieter Stevens dans lesquels le paysage est l’élément principal des peintures.
Ces représentations des grands espaces ont popularisés le terme « paysage » à cette instant de
l’histoire.
Par conséquent, pour qu’il y est paysage, il faut réaliser une action.
On pourra alors se
demander qu’est ce que « faire paysage » ? Tout d’abord, la signification de « paysage » est vaste,
en effet elle varie selon les siècles et les cultures.
Étymologiquement, le mot « paysage » vient de
« pays » car il désigne une portion de territoire qu’un observateur peut admirer.
Selon la convention
européenne du paysage, un paysage est « une étendue spatiale couverte par un point de vue.
C'est un
ensemble interdépendant au fonctionnement, à la mécanique, autonome formé d'une continuité
d'éléments sédimentés et dont l'on ne perçoit qu'une globalité.
Son caractère « résulte de l'action et
de l'interaction de facteurs naturels et/ou humains » ».
Le paysage mobilise donc en premier lieu
notre vue, mais il peut aussi solliciter d’autres sens comme l’ouïe ou l’odorat, on parle alors de
paysage sonore ou olfactif.
De plus, le paysage a un aspect matériel (les éléments qui le constituent)
et un aspect artistique : le paysage peut nous véhiculer des émotions diverses.
Ensuite, le verbe
« faire » possède une multitude de synonymes, il peut très bien signifier « concevoir »,
« interpréter », « penser », « créer », ou « recréer ».
Cette pluralité de sens du verbe « faire » donne
alors plusieurs manières de comprendre la notion de « faire paysage », mais alors qu’elles sontelles ? Enfin, Le pronom interrogatif « Qu’est ce que » montre qu’il faut définir précisément chaque
aspect de cette notion.
Ainsi, dans un premier temps, nous étudierons la notion de « faire paysage »
dans le sens de l’interprétation de celui-ci.
Puis, nous verrons que « faire paysage » désigne aussi le
fait de retranscrire les sentiments d’un paysage ou d’en créer / recréer un.
« Faire paysage » peut avant tout désigner l’interprétation de celui-ci, or si chaque
interprétation est changeante d’une personne à l’autre, c’est parce que l’on ne possède pas la même
perception.
Le paysage dépend alors de chacun.
Nous allons donc voir en premier lieu pourquoi le
paysage est une notion à la fois objective et subjective.
Dans l’imaginaire collectif, lorsque l’on
parle de paysage, la première image qui nous vient en tête est une grande étendue de nature.
On
peut alors penser que la notion de paysage est objective, de plus, lorsque que deux personnes sont
devant un paysage, ils regardent la même chose car ce sont les mêmes éléments qui se trouvent
devant eux.
Mais, lorsque l’on « fait paysage » on intervient directement sur celui-ci.
En effet, un
paysage, pour exister à besoin d’un cadrage, qui est définit par l’observateur or on ne fait pas tous la
même taille, on n’a pas tous la même acuité visuelle, on ne voit donc pas tous la même chose ce qui
en fait la subjectivité du paysage.
On peut faire un parallèle avec la conciliation du paysage et de
l’architecture faite par Richard Rogers : autour du château La Coste, il a créé une structure
suspendue au dessus du vide qui permet de mettre un point d’honneur sur le travail du site (site
craft), il travaille avec l’orientation du site (géographique), du vent, de la lumière et de la circulation
de l’eau et des Hommes.
Galerie suspendue faite par Richard Rogers, autour du château
La Coste à Le Puy-Sainte-Réparade, photo personnelle
De cette façon, la structure s’imbrique totalement dans le site et nous fait oublier la notion
d’intérieur extérieur mais créer un ensemble, un cadrage unique du paysage de ce site particulier.
Le point de vue est aussi crucial car l’on peut interpréter un paysage différemment en fonction de
celui-ci.
Ici, on peut faire écho aux sculptures du français Matthieu Robert-Ortis ou celle de Bernard
Pras qui jouent sur l’anamorphose : on voit les sculptures autrement selon notre angle de vue.
Pour
« faire paysage », il ne faut pas simplement voir le paysage, il faut le regarder, il ne s’agit pas de
l’entendre, il faut l’écouter.
Il faut donc faire appel à notre perception c’est à dire à une activité de
jugement et d’interprétation qui passe par nos sens.
Or, il n’existe pas une perception universelle,
elle est propre à chaque individu.
De surcroît, un paysage est subjectif car il peut nous faire ressentir
certaines émotions qui sont changeantes selon les personnes, on peut aussi interpréter un paysage
différemment selon ses origines et son éducation sociale et culturelle.
Mais nous allons approfondir
ces deux points dans les deux prochains paragraphes.
Comme nous l’avons dit en introduction, le paysage possède une dimension artistique, l’art
est une activité qui s’adresse délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect.
Ainsi, nous pouvons introduire la notion d’artialisation du paysage qui est un théorie empruntée à
Montaigne par le philosophe Alain Roger et développée dans son essai Cours traité du paysage
publié en 1997.
Elle désigne le fait « de ne pas voir seulement le paysage comme une simple
juxtaposition d’éléments visuels épars, mais plutôt comme une structure d’ensemble, une sorte de
modèle paysager à usage de contemplation qui permet de nous faire ressentir des émotions des
sensations et de créer une certaine ambiance ».
Roger affirme alors que sans l’art, le paysage
n’existerait pas : « tout paysage est un produit de l’art » autrement dit le paysage est un pays auquel
on a donné une valeur artistique.
De plus, il existe deux types d’artialisation : celle in situ qui est
directe et celle in visu qui est indirect.
L’artialisation in situ ou directe signifie que l’art est introduit
directement et volontairement dans un site ou un paysage ce qui le rend emblématique, c’est en
quelque sorte la fonction des architectes, des urbanistes ou des paysagistes, mais nous élargirons
cette notion dans la prochaine partie.
L’artialisation in visu désigne le fait qu’un paysage
quelconque est érigé au rang d’œuvres d’arts de par ses aménagements typiques qui nous font
ressentir quelque chose.
« Faire paysage » peut alors s’apparenter à artialiser indirectement le
paysage.
D’autre part, lorsque l’on regarde un paysage, on le perçoit et l’interprète différemment en
fonction de nos origines et de notre éducation culturelle et sociale.
On parle alors du concept
d’Habitus caractérisé par le sociologue français Pierre Bourdieu.
Cette notion explique que nos
actions, nos comportements, notre langage, notre façon de s’habiller, de se mouvoir et de penser est
définie selon notre socialisation primaire (enfance, adolescente) et secondaire (âge adulte) par
différentes expériences vécues et par l’environnement social qui nous entoure.
L’Habitus façonne
alors notre identité.
Cet ainsi qu’une personne ayant grandie en aristocratie n’aura pas la même
façon de parler et de penser qu’un fils d’une famille modeste.
Les individus intériorisent leur
Habitus car ils l’oublient : on peut penser que la marche est quelque chose de naturelle, or elle n’est
pas innée et elle est la résultante d’une instruction culturelle.
On peut prendre comme autre exemple
L’enfant Sauvage de François Truffaut, œuvre cinématique qui s’inspire du fait réel concernant
Victor de l’Aveyron.
Le film décrit le récit d’un enfant ayant grandi seul dans la nature et donc qui a
été déconnecté de la société.
Il est un jour capturé par des paysans.
Le réalisateur met donc en avant
l’ambivalence qui existe entres les personnes sociabilisées et l’enfant sauvage du fait de leurs
Habitus diamétralement opposés.
Cette opposition de comportements entre plusieurs individus est
aussi mis en exergue dans le film Un Indien dans la ville d’Hervé Palud avec notamment la scène
culte de l’enfant indien qui escalade....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- dissertation philo: liberté et faire ce que l'on veut
- être libre, est-ce faire ce que nous voulons ? (dissertation rédigée)
- La fiche Étudier un paysage urbain Le centre-ville o En utilisant la typologie mise au point lors de l'activité préparatoire, faire retrouver les différents types de constructions ainsi que les fonctions des bâtiments.
- Distinguer les différents plans d'une photo Découvrir Une carte postale de la montagne o Faire observer le paysage et nommer ses différents éléments (sapin, piste de ski, premier village, deuxième village, forêt de sapins, montagne enneigée).
- La fiche Étudier un paysage de bord de mer Découvrir Le long du littoral o Faire décrire le paysage en utilisant des termes précis caractérisant chaque partie du paysage.