dissertation sur thème du travail - Nietzsche (Humain, trop humain)
Publié le 10/08/2023
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Dissertation Sujet type Mines – éléments de corrigé
Sujet : « Qu’est-ce que l’ennui ? L’habitude de travailler elle-même, qui se fait maintenant sentir
sous forme de besoin nouveau et surajouté ; il sera d’autant plus fort que sera plus forte l’habitude
de travailler, qu’aura peut-être été plus forte aussi la souffrance causée par les besoins.
»
Nietzsche, Humain, trop humain, (1878)
Vous direz dans quelles mesures ces propos de Nietzsche peuvent s’appliquer au travail tel que le présentent Les
Géorgiques de Virgile, La Condition ouvrière de Simone Weil et Par-dessus bord (forme hyper-brève) de Michel
Vinaver.
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Ennui et jeu.
— Le besoin nous contraint au travail dont le produit apaise le besoin : le réveil
toujours nouveau des besoins nous habitue au travail.
Mais dans les pauses où les besoins sont
apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l’ennui vient nous surprendre.
Qu’est-ce à dire ? C’est
l’habitude du travail en général qui se fait à présent sentir ! comme un besoin nouveau, adventice ;
il sera d’autant plus fort que l’on est plus fort habitué à travailler, peut-être même que l’on a souffert
plus fort des besoins.
Pour échapper à l’ennui, l’homme travaille au delà de la mesure de ses autres
besoins ou il invente le jeu, c’est-à -dire le travail qui ne doit apaiser aucun autre besoin que celui
du travail en général.
Celui qui est saoul du jeu et qui n’a point, par de nouveaux besoins, de raison
de travailler, celui-là est pris parfois du désir d’un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est
à danser, ce que danser est à marcher, d’un mouvement bienheureux et paisible : c’est la vision de
bonheur des artistes et des philosophes.
Nietzsche, Humain, trop humain, chap VIII, « Coup d’œil sur l’État » § 611
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INTRODUCTION
• Accroche et citation du sujet
« Je passe le temps en chantant/ Je chante pour passer le temps », dit Aragon faisant du poète celui
qui épouse joyeusement le passage du temps, parce que de celui-ci il tire son chant et le transforme
en une expérience de l’harmonie.
Cette figure s’oppose très exactement à celle de l’homme qui
passe le temps dans la souffrance de l’ennui, soit ainsi que le dit Nietzsche dans Humain, trop humain,
en travaillant : « Qu’est-ce que l’ennui ? L’habitude de travailler elle-même, qui se fait maintenant
sentir sous forme de besoin nouveau et surajouté ; il sera d’autant plus fort que sera plus forte
l’habitude de travailler, qu’aura peut-être été plus forte aussi la souffrance causée par les besoins.
»
• Analyse et problématisation du sujet
Nietzsche identifie l’ennui – « tristesse, dégoût, lassitude provoqué par une occupation sans
intérêt » - à l’habitude que nous avons prise de travailler, non parce que le travail est l’effort, le
moyen qui nous permet de subvenir à nos besoins, mais parce qu’il est lui-même un besoin.
« Besoin nouveau et surajouté », le travail est un besoin artificiel, créé par l’homme pour satisfaire
ses besoins.
En ce sens, le travail ne remédie pas à la faiblesse de la condition humaine, mais
l’aggrave et l’ennui qui en découle sera senti à proportion « de la souffrance causée par les besoins ».
Le travail n’a donc d’autre vertu que de transformer la souffrance en ennui.
Un mal pour un autre,
en somme.
Et une illusion tragique, puisqu’il n’exhausse pas l’homme au-dessus de l’ordre du
besoin, ne l’en allège pas.
Cette analyse négative du travail procède d’un repli l’un sur l’autre du
besoin et de l’habitude.
Or, le besoin, auquel nous ne pouvons pas nous soustraire, et l’habitude,
que nous forgeons, nous donnons et dont nous pouvons nous défaire, ne sont pas de même nature.
• Problématique
Au regard de cette différence, peut-on fonder l’ennui que suscite le travail sur une corrélation entre
le besoin et l’habitude ?
• Annonce du plan
N’est-il pas évident que ne pas pouvoir dissocier besoin et habitude de travailler est une forme
d’aliénation, de sorte que le travail, qui nous projette hors de nous-mêmes est nécessairement
ennui ? Mais l’habitude n’est-elle pas l’expression d’un choix et par-là même une répétition
délibérée sur laquelle nous pouvons revenir ? L’habitude du travail, ainsi considérée, ne permet-elle
pas de réaliser notre désir au-delà de la satisfaction de nos besoins ? Dès lors plutôt qu’inexorable
expérience de l’ennui, le travail ne peut-il pas être celle du sens ?
Nous répondrons à ces questions en nous appuyant sur les œuvres au programme : Les Géorgiques
de Virgile, La Condition ouvrière de Simone Weil et Par-dessus bord (forme hyper-brève) de Michel Vinaver.
DÉVELOPPEMENT
I.
Le travail est ennui, car c’est une habitude que nous avons confondue avec le besoin.
1) Nous avons pris l’habitude de travailler, c’est-à-dire d’employer nos forces à accomplir une
tâche en échange d’un gain.
Car, ce gain nous permet de subvenir à nos besoins.
Mais cette
inscription dans une durée laborieuse rend notre existence pénible.
a.
Travail sans relâche de l’agricola virgilien et non dénué de répétition, puisqu’il épouse le cycle
des saisons.
Tous les ans, l’agricola répètera les mêmes gestes, sera confronté aux mêmes
difficultés, aux mêmes craintes.
Et la culture de la terre pour en récolter les fruits le rive à celleci.
Un travail condamnant à une vie fastidieuse qui suscite des réticences, si l’on songe que Les
Géorgiques sont une œuvre qu’Auguste commande à Virgile pour exhorter les Romains à revenir
à la terre.
b.
Travail fastidieux et abrutissant de l’ouvrier d’usine décrit par Simone Weil.
Ses gestes sont
devenus des « techniques du corps », de sorte qu’il les accomplit par une habitude machinale et
à une cadence trop rapide pour être physiologique.
Mais c’est l’habitude prise de la cadence et
des gestes répétitifs qui permet à l’ouvrier de gagner de quoi se nourrir, de quoi subvenir à ses
besoins.
La précarité de sa situation économique le contraint à ne pouvoir distinguer habitude
et besoin.
Cette identification fait de lui un homme pour qui la vie est passivité, sinon passion
au sens étymologique – ennui au sens le plus fort : souffrance.
c.
Habitude prise par Benoit de donner la priorité à son travail....
»
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