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Dissertation : Qui pense quand "je" pense ?

Publié le 17/01/2023

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« L1 Propédeutique Qui pense quand “je” pense ? L'homme qui dit "je" librement, assume la responsabilité de ses actes, conscient de son existence.

Il est la source et le fondement de ses expressions, actions et jugements.

Cette utilisation de pronoms simples concrétise la capacité du sujet à se représenter comme unité.

Nos pensées nous semblent donc a priori nous appartenir, nos préférences, opinions et jugements sont des représentations dont nous sommes certainement les auteurs, et leur subjectivité nous est difficilement imaginable.

c'est-à-dire que si nous prenons un langage cartésien, un Cogito se prenant pour son propre Cogitatum.

Cependant, lorsque nous lisons le poème d'un auteur ou utilisons une formule scientifique, il semble que le sens de nos pensées ne vienne plus de nous seuls.

Ou même si on suit le mouvement de la foule ou qu'on parle dans son sommeil, on ne peut pas dire que cela vient de moi, c'est quelque chose d'étranger à moi qui m'influence et me guide.

Ainsi serait-il possible que je ne sois pas l’auteur de mes pensées? Si oui comment pourrais-je le déterminer ? Est-il envisageable qu’une partie de mon activité mentale m’échappe de telle sorte que ce que je pense ne me soit pas attribué ? Pour y répondre, nous analyserons d’abord l’affirmation du sujet dans son retour sur lui-même, avant de nous demander si l’idée d’une altérité de soi est envisageable.

Puis dans une troisième et dernière partie nous verrons que le “je” est libre contrairement au “moi”. L'homme est doté d'une conscience, c'est-à-dire de la capacité de se ramener à lui-même et donc de s'affirmer et d'affirmer sa pensée.

En effet, Alain donnait à la conscience la définition suivante: “ C'est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de se décider et de se juger.” Il représente ici la capacité du sujet à se penser lui-même et par la suite, sa capacité à maîtriser ses comportements, ses choix et ses jugements.

En ce sens, la conscience réfléchie identifie le sujet comme un être capable de penser à lui, et donc être l'objet de sa pensée.

Cependant être conscient est- ce forcément être sujet ? Le sujet est doté comme nous avons pu le dire de conscience, mais être sujet nous donne la liberté de choisir et agir.

C'est ainsi qu'Alain dans cette citation affirme que parce que nous sommes maîtres de nos actes, nous sommes libres d'aller dans la direction que nous voulons.

Nous sommes alors le sujet de nos pensées, capable de penser et de choisir.

Mais il y a là une certaine contradiction, comment peut-on être sujet de nos pensées et à la fois objet de mon cogito ? Sachant que je reviens à moi par la pensée consciente, je suis donc l'objet d'analyse de mon cogito. Descartes dans son Discours de la méthode, introduit le fameux “cogito ergo sum”, “je pense donc je suis”.

Il définit donc l'existence par le fait du "je" qui accomplit l'action de penser et permet ainsi l'existence.

Ainsi, par le fait même de penser et de se penser ''je pense'', ''je suis'', le même ''je'', le même sujet est en cause.

De ce fait se prendre pour objet de pensée, par le caractère de l'action qui est alors commise, ne fait pas du sujet pour autant un objet.

Il reste sujet.

Ainsi, la conscience dans son retour sur elle-même n'impacte en rien le caractère subjectif de l'être.

Pourtant lorsque l’objet de pensée est un objet, reste-il sujet ou devient-il objet ? L’objet possède une substance.

Descartes tend à le montrer dans ses Méditations métaphysiques avec l'exemple de la cire, qui même changeant d'aspect, restait cire.

On passe donc d'une propriété physique à la propriété de l'objet lui-même, quelle que soit son apparence extérieure.

Descartes dira dans les Principes de la philosophie qu’ “Il est plus aisé de connaître une substance qui pense et qui est étendue qu'une substance toute seule”.

En ce sens, tout ce qui est intrinsèque au sens strict du terme serait défini comme il a été auparavant fait avec l'hypokeimenon d'Aristote mais dont nous ne serions pas forcément conscients car elle ne pense pas et est non étendue.

Mais cela ne signifie pas que nous devons accorder le statut de sujet à tout objet. Descartes dira que nous sommes qu’ “une chose pensante”.

C'est-à-dire un objet qui pense.

C'est donc finalement le statut même du sujet qui est questionné, car quand bien même il serait le sujet de ses pensées et serait conscient, il ne serait pas pour autant sujet mais ne serait qu'un objet pensant. Cependant, de par sa qualité pensante, il en découle une opinion personnelle sur les choses et interactions environnantes.

Elle a donc un caractère subjectif, qui tient du sujet, au sens courant du terme, ce qu'une bouteille par exemple ne pourrait jamais posséder compte tenu du fait qu'elle ne pense pas.

Par conséquent l’objet ne peut être subjectif.

Le sujet qui opère un retour sur lui-même en se prenant lui-même comme objet de pensées l’est donc.

''Je'' peut donc bien être le sujet de mes pensées sans que ''je'' perde son caractère de sujet.

Ainsi “je” représente un sujet doté de conscience, définie par la conscience de soi et il est maître de ses pensées tant qu’il sait se garder des deux principales causes de l’erreur que sont la précipitation et les jugements prématurés.

Le sujet cartésien domine le monde tant à l'intérieur qu' à l'extérieur par la clarté de ses analyses et de ses inclinations à sa volonté. Mais pourtant chez Descartes la vérité du “je” est au contact proche de l’autre puisque, dans la Troisième Méditation, Descartes montre qu’en ayant conscience que nous sommes des êtres imparfaits alors il doit forcément douter du monde et de lui-même.

Mais cette subjectivité n’est elle pas contradictoire à elle-même? En acquérant une caractérisation subjective de mes pensées, celles-ci ne sont-elles pas déformées ? L’idée d'une potentielle perfection infinie est donc présente au cœur du “je”.

Chez Descartes “je” n’est pas un autre mais porte essentiellement la marque du tout Autre.

En réponse au “ Cogito ergo sum” de Descartes, Nietzsche affirme dans Par-delà le bien et le mal “que quelque chose pense mais que ce soit ce soit l’antique et fameux “je”, ce n’est à tout le moins qu’une supposition, qu’une allégation.

Ce n’est surtout pas une certitude immédiate” Ainsi, Nietzsche dit qu'une pensée se produit d'elle-même "quand elle est et non quand je la veux".

Il ajoute que l'habitude grammaticale ou syntaxique que nous avons tout le temps nous porte à croire qu'il y a nécessairement un sujet pensant.

Cela met ainsi en lumière la possibilité que le sujet de cette pensée demeure inconnu car notre conscience ne suffit pas à expliquer ce que nous pensons.

Il n'est pas certain qu'il soit nécessaire de distinguer le verbe du sujet car il serait absurde en physique de distinguer un éclair de son éclat et de dire que "l'éclair brille" il l'aborde dans le chapitre un de la Généalogie de la morale.

Dès lors se pose la question de savoir si “je” peut penser sans pour autant que ce soit “moi”. En effet chez Nietzsche “je” est un autre au sens d'une force extérieure ayant une influence sur la volonté, l'action d'un sujet.

Notre conscience a une volonté de puissance sur l'être et les autres.

Sartre va le montrer dans l'Être et le Néant en disant qu' “autrui, par la simple apparition de son être est déjà une catastrophe ontologique”.

Dans la vie de tous les jours, lorsque j'accomplis une action, elle est contrôlée par mes pensées.

Si j’ai eu envie de gratter mon bras, c’est parce que j'ai pris conscience de la démangeaison, et ainsi décidé d'y remédier en grattant cette zone.

En ce sens, il y une corrélation entre le sensible qui ordonne à l'intelligible ces pensées. Or, l'expression bien connue que nous sommes "sujets à nos humeurs" est à l'opposé de ce que nous venons d'affirmer.

Par exemple une personne partant à la suite d’un différend en claquant violemment la porte aura subi le contrecoup de ce différend.... »

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