Dissertation philosophie: Peut-on réellement affirmer que notre identité reste immuable face aux transformations que nous vivons ?
Publié le 23/02/2025
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«
Dans la vie quotidienne, il nous arrive souvent d'entendre des expressions comme "Je n'étais
plus moi-même" ou "Je me suis senti totalement déconnecté de qui je suis".
Par exemple, un
individu pris dans une colère soudaine et incontrôlable pourrait affirmer a posteriori qu'il ne se
reconnaissait pas dans son comportement.
À l'inverse, un artiste qui atteint un état de « transe
créative » pourrait déclarer qu'il n'a jamais été aussi proche de son essence profonde.
Ces situations
posent un dilemme profond sur la nature de notre identité : sommes-nous toujours fidèles à nousmêmes ou existe-t-il des moments où nous nous éloignons de ce que nous sommes ? Peut-on
réellement affirmer que notre identité reste immuable face aux transformations que nous vivons ?
Le concept de "soi" repose sur plusieurs idées.
D’une part, il peut être caractérisé par l’identité,
qui désigne à la fois l’ensemble des caractéristiques qui définissent la singularité d’un individu mais
aussi l’absence de différence, ici dans la perception qu’on a de soi.
Cette notion semble, a priori,
paradoxale dans la mesure où nos caractéristiques singulièresv(taille, âge, voix par exemple)
évoluent dans le temps.
Dès lors, « être soi-même », pourtant semblable à un pléonasme, paraît
impossible car être (issu de esse) désignant l’essence, il faudrait une part invariable de l’identité à
laquelle l’individu pourrait toujours être associé, malgré les changements.
En ce sens, peut-on rester
soi-même tout en changeant ? Pour comprendre ce paradoxe, il est important de bien comprendre ce
que signifie exactement "ne pas être soi-même" ? Cette notion suggère un écart entre notre identité
perçue, notre conscience, la perception directe et permanente de soi par soi-même et une autre
forme de notre être, dont nous n’aurions pas conscience ou qui changerait avec le temps et de
manière conjoncturelle.
Prenons pour exemple la conscience morale, notre capacité à réfléchir à nos
actions et à leur accorder une valeur morale de bien ou de mal.
Si les circonstances nous amenaient
à aller à l’encontre de valeurs qui nous représentent ou nous représentaient, pourrions-nous affirmer
ne plus être nous-même ou avoir changé ? L’enjeu est donc double : si la conscience permet de nous
reconnaître comme un être unifié à travers le temps, elle peut aussi révéler des contradictions
internes qui remettent en question notre perception de nous-mêmes.
Ce paradoxe soulève une
interrogation centrale : pouvons-nous ne pas être nous-mêmes alors que nous avons conscience de
nos vécus ? Pour y répondre, nous verrons d'abord que la conscience nous définit en tant qu'être,
puis nous explorerons l'idée qu'une part de nous nous échappe.
In fine, que l’identité ne se
caractérise pas par son immobilité mais qu’elle nous définit toujours car elle évolue avec avec le
temps.
I.
Je suis défini par ma conscience
a) L'identité est fondée sur la conscience de soi
De prime abord, la conscience est l'outil principal par lequel nous nous définissons, car elle
nous permet d'appréhender notre propre existence et de nous inscrire dans la durée.
Lorsque nous
nous remémorons des expériences passées, nous avons le sentiment d’être les mêmes individus que
ceux ayant vécu ces événements.
En ce sens, cette continuité dans le temps semble être une preuve
de l’existence d’un "soi" stable qui persiste malgré les transformations que nous pouvons subir.
De
facto, le simple fait de pouvoir nous reconnaître dans un souvenir, d’éprouver une sensation
familière lorsque nous repensons à un moment marquant de notre vie, atteste de la permanence de
notre identité.
Prenons l’exemple d’un individu qui se souvient avec précision de son enfance, de
ses rêves et de ses doutes.
Malgré les changements physiques, sociaux et émotionnels qu’il a
traversés, il a le sentiment que son "moi" demeure inchangé.
Ce sentiment de cohérence est d’autant
plus renforcé par l’accumulation des expériences qui jalonnent notre existence et qui, mises bout à
bout, forment une histoire que nous racontons à nous-mêmes et aux autres.
Cette narration de soi
donne alors l’illusion d’une unité, d’une continuité qui résiste au temps, c’est-à-dire de notre
identité.
Cette stabilité apparente de l’identité repose sur notre mémoire, qui constitue un socle
permettant de nous reconnaître comme étant la même personne au fil des années.
De plus, notre
capacité à nous projeter dans l’avenir, à envisager ce que nous serons demain, témoigne d’une
continuité entre ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous serons.
Ainsi, la
conscience ne se limite pas au seul fait de ressentir le présent : elle est un pont entre le passé et le
futur, ce qui donne une impression de permanence du soi.
L’identité semblé donc fondée sur la
conscience de soi.
C’est également ce qu’affirmait René Descartes dans ses Méditations
métaphysiques(1641).
En effet, il défend la thèse selon laquelle il est possible de douter de tout : de
nos sens (illusion d’optique par exemple), du monde extérieur (on peur rêver de manière réaliste) et
même des idées/sciences formelles car on ne peut prouver l’inexistence d’un « malin génie qui nous
tromperait chaque fois que l’on compte ».
Par conséquent, selon lui, la seule chose dont on ne peut
douter c’est de penser, d’être conscient : Cogito ergo sum, je pense donc je suis.
Ainsi, la conscience
étant la seule chose dont on ne peut douter, il apparaît que c’est le seul garant et la base de notre
identité et qu’on ne pourrait donc ne peut pas ne pas être soi-même.
Par ailleurs, la conscience permet le maintien de l’unité et de la continuité de notre identité
dans le temps.
De fait, l’être humain doit sa singularité dans le monde animal à sa conscience
réflexive, à sa conscience d’avoir conscience.
En effet, contrairement aux animaux qui ne disposent
que d’une simple conscience immédiate (le savoir qui accompagne nos sensations/réflexions), nous
sommes capables de prendre nos états de conscience pour objet et de les attribuer à notre identité.
C’est notamment ce qui nous permet d’avoir des souvenirs et et de nous projeter dans le futur.
Notre
unité psychologique repose sur notre faculté à nous percevoir de manière cohérente, car sans cette
continuité mémorielle et projective, nous serions dépourvus de repères.
En d’autres mots, la
conscience agit comme un fil conducteur qui relie nos expériences passées, nos pensées présentes et
nos aspirations futures, nous permettant ainsi de maintenir une certaine permanence dans l’image
que nous avons de nous-mêmes.
Par exemple, un scientifique, même s'il change d'opinions au cours
de sa carrière en fonction des nouvelles découvertes, reste le même individu par son parcours et sa
conscience.
Ce sont ses souvenirs, ses réflexions et la cohérence qu’il perçoit dans son
cheminement intellectuel qui lui confèrent une identité stable malgré les évolutions de ses idées.
Dans son Essai sur l'entendement humain, John Locke soutenait l’idée que l’identité est fondée sur
la mémoire et la conscience de soi , autrement dit la capacité à se souvenir de ses expériences
passées et à se reconnaître comme le même être à travers le temps.
Il en résulte alors que si une
personne peut se souvenir d'une expérience vécue, alors elle est la même personne que celle qui a
vécu cette expérience.
C’est donc qu’on ne peut pas ne pas être soi-même.
Notre identité ne se réduit pas à notre seule conscience mais se construit également à travers
nos interactions avec les autres et à travers la conscience collective.
En effet, nous nous définissons
en fonction du regard d’autrui, des relations que nous entretenons et des rôles que nous assumons
dans différentes sphères sociales.
L’affirmation de soi passe ainsi par l’appartenance à un groupe,
par l’engagement dans des actions collectives et par la reconnaissance que nous obtenons dans notre
environnement.
En effet, la conscience de soi ne se limite pas à une réflexion intérieure ; elle
s’enrichit et se confirme par la vision qu’ont les autres de nous.
En ce sens, il est impossible de ne
pas être nous-même aux yeux des autres dans la mesure où nous sommes toujours perçus comme la
même personne, comme la même entité dont le nom (symbole de notre identité) ne change pas.
Prenons le cas d’un chef d’équipe dans une entreprise : en guidant ses collaborateurs et en
influençant les décisions collectives, il exprime son identité à travers son action aux yeux des
autres.
Ce rôle ne se limite pas à une simple fonction ; il devient une extension de son être, une
manière de se réaliser et de se définir.
De fait, il est accepté, dans la conscience collective, dans son
identité en tant que chef mais aussi en tant que personne.
Bien qu’il puisse changer de poste, il n’est
pas possible qu’il ne soit plus associé à sa propre identité aux yeux des autres.
Hegel, dans
Phénoménologie de l’esprit(1807), approfondit cette idée en soutenant que la conscience de soi se
construit dans la relation à autrui.
Selon lui, la reconnaissance mutuelle est essentielle pour que
l’individu prenne pleinement conscience de lui-même.
Hegel explique que l’identité ne peut
émerger que dans un dialogue avec l’autre, où chacun se reconnaît comme sujet à travers le regard
de....
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