Dissertation - Philosophie - La religion
Publié le 08/06/2024
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SYNTHESE PHILO – RELIGION
PEUT-ON SE PASSER DE LA RELIGION ?
Problématique : Si la religion constitue a priori une nécessité pour le
fonctionnement des sociétés humaines, l'essor de la rationalité n'a-t-il pas
conduit à un déclin dans les consciences de la foi et des sentiments religieux ?
I.
Les regroupements humains ne se caractérisent-ils pas par
leur besoin de religion ?
A.
La religion n'est-elle pas apparue avant les civilisations ?
D’abord, la naissance de la religion demeure un grand mystère, impossible à
dater.
On peut néanmoins supposer qu’une religion n’a pas besoin de l’écriture
pour exister.
En mettant en parallèle l’ontogenèse (développement de l’individu)
et la phylogenèse (développement de l’humanité), on peut supposer que la
naissance de la religion chez l’homme ressemble à la naissance de la religion chez
l’enfant.
Comme le confirme Leroy Gourhan - Les religions de la préhistoire, la
religion semblait déjà exister chez l'homme paléolithique alors que ni l'écriture
ni le langage n'existaient.
En effet, le concept de religion semble intemporel et
même essentiel, car selon Freud, les religions sont faites pour répondre à nos
peurs, et selon Durkheim (Les formes élémentaires de la vie religieuse), la
religion permet de faire croire aux hommes qu'ils ont le pouvoir, à travers une
croyance irrationnelle.
Ainsi pratiquaient- ils une religion animiste (une infinité
de Dieux) et peignaient-ils des animaux sur les cavernes, par peur d'une
vengeance.
La religion est donc omniprésente, puisque le besoin de sécurité et la
crainte du monde sont intemporels.
La sécularisation des sociétés paraitrait
même comme une religion à par entière.
La religion est donc une institution
indispensable.
Le terme de “comportement religieux” englobe la “croyance irrationnelle” et la
“croyance en des sujets qui échappent à la science”.
À chaque étape du
développement humain aurait donc correspondu un stade de comportement
religieux, et la supposée “areligion” d’aujourd'hui ne serait peut-être qu’une
forme de religion.
On peut rapprocher ce culte à la science au scientisme de Comte – Discusse sur
l’esprit positiviste – Il y veut créer une religion où les saints sont remplacés par
des grands savants -> religion de l’humanité et non pas des Dieux
B.
La religion n'est-elle pas, parmi toutes les institutions, la plus
fondamentale ?
Dans Penser Global, Edgar Morin définit l'homme moderne comme une
combinaison, un juste milieu entre l'homo sapiens, technique, rationnel, et l'homo
demens, fou, irrationnel.
Selon Morin, la religion, la folie rationnelle serait donc
intrinsèque à la nature de l'homme et ne serait pas délaissable : “est-ce être fou
par un autre tour de penser que de n’être point fou ?”.
En effet, l'individu se
consacrant entièrement à l'homo demens se verrait dénaturé.
On entrevoit
l’enjeu éthique de la question : une vie sans sacralité ne vaudrait pas la peine
d’être vécue.
Il n’est alors pas irrationnel (ou raisonnable) de croire en
l’irrationalité si la raison échoue à donner un sens à notre existence.
Ainsi par exemple la cité est traditionnellement orientée autour de l'Eglise,
preuve matérielle de la religion comme le centre des sociétés humaines.
Bergson
écrira par exemple dans Les deux sources de la morale et de la religion : "on
trouve dans le passé, ou trouverait même des sociétés humaines qui n'ont ni
science ni arts ni philosophie mais il n'y a jamais eu de société sans religion”.
Enfin, la religion est tellement fondamentale pour l'homme dans sa condition
humaine que toutes les autres institutions semblent s'en inspirer.
Ex : rapport
religieux à l'autorité au travail
Cependant, le défi de certaines sociétés démocratiques n’est-il pas de rendre
possible l’autonomie du politique à l’égard du religieux ?
C.
Les sociétés démocratiques ne sembleraient-elles pas
paradoxalement inspirées de la religion ?
La démocratie est- elle vraiment si areligieuse qu'elle le prétend ? Dans De la
démocratie en Amérique, Tocqueville constate une dégradation de la démocratie
aux Etats-Unis au XIXe : en effet, il y constate l’essor de l’individualisme et de
l’égoïsme, avec des individus qui se concentrent sur la petite société (famille), et
délaissent la grande société (l'Etat) (contrairement à l’idée de Kennedy : “il ne
faut pas se demander ce que l’Etat peut faire pour nous mais ce que nous
pouvons faire pour l’Etat”).
Cette situation mène selon Tocqueville tout droit à la
catastrophe puisque les individus s'abstiennent, et la démocratie s'appauvrit :
elle n'est plus commandée par le peuple, elle se gouverne d'elle- même, les
individus deviennent impuissants : “la démocratie peut devenir une forme de
servitude douce et réglée”.
La révolte n'est alors possible que par la création de corps intermédiaires,
pouvant renverser le pouvoir, et ces corps intermédiaires eux-mêmes ne peuvent
être créés que par la religion, qui prône la fraternité et l'union par leurs valeurs
morales.
Selon Tocqueville, il faut en effet craindre la richesse matérielle, qui
contribue à l’érosion de la religion.
On a en gros : 0 religion => 0 valeurs => 0
fraternité => 0 contrepouvoir => DESPOTISME.
Une démocratie doit donc
préserver la religion, car se passer de la religion, cela reviendrait à se priver de
la démocratie.
La religion présente bien ici un contre-pouvoir salutaire à ne pas entendre au
sens de théocratie : “ Les peuples religieux sont naturellement forts à l’endroit
où les peuples démocratiques sont faibles.
(T)”.
Il appelle donc à une société
hybride entre religion & démocratie : “il est important que les hommes gardent
leurs religions en devenant égaux”.
La démocratie demeurant impossible sans religion, il est clair que les
démocraties sont intrinsèquement éprises de religion, même en se voulant
areligieuses, laïques.
Exemples : sacralisation du chef d'Etat, devise, traditions,
lieux de cultes (Mairie), le rapport à l’autorité est plus généralement religieux
Mais ce qui est indispensable à l'échelle collective l'est-il tout autant à l'échelle
individuelle ? La sécularisation des sociétés ne serait-elle pas la preuve d'une
religion dispensable ?
II.
L'individu ne serait-ils pas finalement capable de se passer
de la religion entendue au sens strict ?
On s’inspirera ici des philosophies du soupçon : Freud ( A ), Marx ( B), Nietzsche
(C)
A.
La religion est-elle vraiment un remède efficace aux
souffrances humaines ?
On s’intéressera ici au point de vue psychologique du concept.
Freud, dans l'avenir d'une illusion écrit "Les religions sont inventées pour
répondre à nos peurs".
Elles seraient, dans leur nature, une réponse à des peurs
archaïques et éternelles que les hommes éprouvent par une nature imprévisible.
La religion n’est ici pas une solution, mais simplement une “réponse” : les grecs
ont inventé Zeus face au tonnerre, mais cette invention ne résout pas le
problème : il retire simplement la peur.
En effet, on comprend le caractère dispensable de la religion par le choix du mot
“illusion” : une illusion renvoie à une sorte d'erreur volontaire, rassurante.
On
aurait peut-être la conscience inaccessible qui choisit de croire face au puit sans
fond de la misère de l’action humaine face à la nature, et la conscience qui se
fait berner, qui n’est pas consciente de l’illusion : elle s’y complait.
La religion
servirait alors de protection illusoire contre les dangers de la nature : sans
même en être conscients, les hommes se seraient servis de la religion pour ne
pas avoir à se confronter aux fatalités telles que la mort ou la solitude.
: “les
représentations sont nés du besoin de se défendre contre la suprématie
oppressante de la nature”.
La religion, cette illusion, serait aujourd'hui bel et
bien dispensable par :
•
Les progrès de la technique assurant une protection durable contre la
suprématie de la nature, qui, elle parviendrait à répondre convenablement
aux problèmes naturels (les hommes ont la pleine conscience des
problèmes et la pleine conscience des moyens) : Descartes, discours de la
méthode - “la philosophie pratique doit nous rendre maitres et
possesseurs de la nature”.
Par philosophie on entend ici technique.
•
Et par l'inutilité de cette dernière : du point de vue théologique (La
religion ne fait que substituer des peurs aux peurs, dont le vrai remède
serait la philo) et du point de vue psychologique : l’apaisement des peurs
n’est que provisoire, et l’angoisse persiste même masquée.
Enfin, la religion est comparée par une névrose : les rituels névrotiques comme
les rituels religieux ne suppriment par le problème mais le masquent
illusoirement : “la religion est la névrose obsessionnelle commune des hommes”
(l’avenir d’une illusion).
Ainsi Freud préconise-t 'il de rompre notre rapport à la
religion :"je défendrais l'affirmation selon laquelle c'est un plus grand danger
pour la culture de maintenir son rapport actuel à la religion que de le rompre".
Il
est partisan d’une civilisation post-religieuse.
Enfin, on peut remarquer que la religion est artifice humain, qui elle-même crée
l’humanité : elle est inspirée et inspirante.
N’y a-t-il pas meilleure muse que la
religion ?
Remarque en faveur de la thèse I : La solution de Freud contre l'oppression de
la nature est la psychanalyse, qui semble s'apparenter à une religion : F = Dieu,
livre sacré, rituels.
On a l’impression qu’on ne peut pas déraciner une religion
sans en planter une autre.
B.
La....
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