Dissertation: le temps présent est-il celui qui nous importe le plus ?
Publié le 22/05/2022
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TG05
Le temps présent est-il celui qui nous importe le plus ?
Spontanément, nous avons une représentation ambiguë du temps.
Nous l’imaginons à la
fois comme une chose que nous pourrions posséder, comme un bien à notre disposition – on peut
perdre son temps, avoir tout son temps, et même gaspiller son temps– et à la fois comme une
fatalité qui s’impose à nous inexorablement, sur laquelle nous n’avons aucune prise.
Réalité
abstraite, mais bien réelle, nous utilisons des métaphores pour nous le figurer – le temps est
comme l’eau, comme un fleuve – et nous le spatialisons – la roue et son mouvement sans fin, ou
encore la flèche du temps.
Le temps est une réalité, mais ce n’est ni un objet ni un être.
Il s’agit
d’une dimension fondamentale de l’univers.
Par elle-même, cette dimension est neutre.
Pour
l’homme la difficulté consiste à se situer face au caractère irréversible du temps.
L’irréversibilité
concerne tout ce qui est dans l’univers.
Mais chez l’homme, elle a comme conséquence de le forcer
à « exister ».Exister, ce n’est pas seulement être présent quelque part, ni seulement vivre (aller
d’un point à un autre, dans le cadre d’un temps dit objectif, de la naissance à la mort).
Exister, c’est
habiter le temps, c’est avoir conscience de vivre, c’est chercher un sens authentique à sa vie, et à la
vie en général.
Contrairement à l’espace, le devenir temporel n’a qu’un seul sens, il ne connaît pas
le retour.
C’est ce qu’on appelle la « flèche du temps ».
Le temps n’est pas pour nous un cadre
neutre.
D’abord parce qu’il entraîne vieillissement et mort, parce que son rythme est indifférent à
nos attentes, soit trop lent soit trop rapide.
Surtout, il peut nous enchaîner au passé : remords,
regret, ressentiment, nostalgie...
ou à l’avenir : angoisse des décisions à prendre, ambition effrénée,
peur du lendemain...
De plus, nous ne pourrions pas faire autrement que de vivre au présent car
c’est le seul temps où nous pouvons agir.
Mais le présent n’est pas seulement l’instant présent ;
vivre le présent, ce n’est pas vivre au jour le jour, oublier le passé, fuir le futur.
Ce n’est pas renoncer
à une certaine fidélité vis à vis du passé ni à la responsabilité vis à vis de l’avenir.
Vivre le présent,
ce serait se délivrer du poids du passé et du souci excessif du futur, sans trahir ses promesses ni ses
projets.
Sait-on vivre au présent ?Comment vivre le présent ? La question peut sembler paradoxale
puisque l’instant présent est le seul temps que nous vivons.
Mais, précisément, le présent n’est pas
une simple donnée de fait, c’est une réalité psychologique que nous devons construire, c’est une
valeur morale que nous pouvons choisir.
Ainsi, si le temps présent est le seul moment où nous
existons vraiment et où «fonctionne» notre conscience, ne serait-il celui qui nous importe le plus ?
Tout d’abord,nous connaissons tous l’injonction du sage : «Carpe Diem», autrement dit :
cueille la rose du jour, ou profite du moment présent.
Si cette maxime se présente sous forme
d’ordre, cela doit signifier qu’il est possible de réaliser cela et ainsi que le présent est un temps de
notre vie capable de nous apporter quelque chose.
Autrement, cela n’aurait aucun sens, d’utiliser
ainsi l’impératif.
Autrement, tout comme le montre St Augustin dans son ouvrage Confessions, XI,
la seule réalité ontologique sur laquelle nous puissions nous appuyer est le présent.
La thèse
d’Augustin est que le temps est un être évanescent qui ne se donne qu’au présent et qui n’a
d’existence que dans la conscience de l’homme.
Selon lui, Dieu a créé le temps ce qui implique qu’il
n’y avait pas de temps avant lui, parce que Dieu est extérieur au temps.
C’est pourquoi demander ce
que faisait Dieu avant le temps n’a pas de sens.
C’est être prisonnier de l’instabilité du temps et
s’avérer incapable de penser l’éternité.
Le temps passe mais pas l’éternité.De plus, ce qui pose
problème, ce n’est pas l’expérience du temps, mais sa traduction en mots, sa saisie abstraite et
conceptuelle.
Saint Augustin cherche alors à expliquer pourquoi le temps échappe à la raison.
Il va
donc tenter de comprendre ce qu’est le temps, c’est-à-dire quel est l’être du temps.
D’où le début du.
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