Dissert abus de pouvoir
Publié le 14/04/2023
Extrait du document
«
Le pouvoir est la faculté, la capacité, la possibilité matérielle ou la permission de faire quelque
chose mais il est aussi l'ascendant, l'emprise, la domination qui sont exercés sur une personne ou un
groupe d'individus.
Il peut être physique, moral ou psychologique.
Il permet à un individu ou à un
groupe d'appliquer, de faire exécuter ou d'imposer, éventuellement par la force, des décisions dans
des domaines très variés (culture, économie, politique...)
Ainsi, il semble qu’on puisse examiner la notion de pouvoir selon deux approches : celle de la
permission ou la capacité et celle de l’ascendant ou de la domination, faisant alors osciller la
perception de la notion de pouvoir de la légitimité jusqu’à l’abus de pouvoir quand il y a usage
excessif d’un droit ayant pour conséquence l’atteinte au droit d’autrui.
La frontière entre les deux est difficile à évaluer tant cette notion est subjective et fait appel à la
sensibilité de chacun ainsi que le contexte dans lequel il est exercé.
Ainsi là où certains verront un
pouvoir légitime, d’autres le considéreront comme la manifestation de l’autorité et de l’injustice
tandis que d’autres encore l’assimileront à un abus de pouvoir.
La question qui nous est aujourd’hui posée est : existe-t-il des abus de pouvoir ?
A la lecture de cette question, on peut se demander pourquoi une telle question puisque nous
sommes à même d’en constater régulièrement l’existence .
Dès lors il devient légitime de se questionner sur la notion de pouvoir en étudiant dans un premier
temps comment le pouvoir des individus s’exerce au travers des rapports sociaux puis en
examinant comment il est alors possible de passer du pouvoir légitime à l’abus de pouvoir.
Nous nous demanderons ensuite quels sont les fondements de l’État et dans quelle mesure l’État
peut aller jusqu’à l’abus de pouvoir, puis nous tenterons de faire la lumière sur l’acceptation ou
la contestation d’un pouvoir légitime qui en use.
Le pouvoir est-il présent en permanence dans la société au travers du quotidien des individus ?
Telle est la question à laquelle nous allons tenter d’apporter une réponse.
Dans la société actuelle, le pouvoir s’exerce à plusieurs niveaux : tout d’abord, dans le cadre de la
parentalité ; il s’agit là d’une autorité naturelle et nécessaire pour que l’enfant parvienne à se
construire dans l’opposition à l’adulte en se heurtant à la contrainte et aux interdits, afin de devenir
un être responsable socialement.
Dans le cadre de l’enseignement dans les rapports professeurélèves où l’enseignant use de son autorité pour conduire l’enfant vers l’intégration dans la société
par la construction de sa personnalité et la connaissance.
Dans le cadre hiérarchique du travail où
une organisation est nécessaire pour mener à bien des projets.
On retrouve encore le rapport de
pouvoir entre l’État et l’individu puisque c’est le fondement même de l’État.
Il s’agit donc là de pouvoir légitime utilisant une autorité légitime.
Si on nous demande s’il existe
des abus de pouvoir, c’est que nous devons nous interroger sur l’usage du pouvoir et nous demander
quand il quitte le cadre légitime pour devenir abusif.
Les gens à qui l’on confie un pouvoir et une autorité, ont une responsabilité particulière de les
utiliser pour le bénéfice des autres.
A l’inverse, l’injustice peut se manifester lorsque les personnes
détenant un pouvoir négligent leurs responsabilités ou forcent les autres à agir d’une certaine
manière.
C’est le cas lorsque certains individus usent et abusent du pouvoir dont ils sont détenteurs
pour se livrer à des conduites et à des actes répréhensibles, qu’ils sont les premiers à stigmatiser
s’ils sont causés par d’autre qu’eux.
Pour illustrer cette différence entre pouvoir légitime et abus
du pouvoir nous pouvons évoquer le fait que lorsque la police fait un contrôle d’identité, elle exerce
son pouvoir pour assurer le maintien de l’ordre public.
Si elle fait un contrôle « au faciès », il y a là
abus de pouvoir.
Cet abus de pouvoir se rencontre chez certains parents, tout comme chez certains enseignants
lorsqu’ils s’accordent des droits qui humilient ou dévalorisent l’enfant.
Nombre de femmes
succombent sous les coups ou subissent des sévices d’un homme qui utilise sa domination
physique ou sa position dominante.
Des cadres profitent de leur position pour tyranniser des
salariés.
L’abus de pouvoir survient donc chaque fois que l’homme profite de sa position pour exercer son
pouvoir sur une personne sur laquelle il exerce son autorité.
Dès lors nous pouvons nous interroger
sur les raisons qui poussent l’homme à passer du pouvoir légitime à l’abus de pouvoir, si par
conséquent tout pouvoir est abus de pouvoir et si user du pouvoir n’est pas déjà inévitablement en
abuser ?
Dans son ouvrage Léviathan, Hobbes estime que « l’homme est un loup pour l’homme », ce qui
implique une domination naturelle exercée par l’homme sur l’homme ; tout pouvoir deviendrait
donc naturellement tendance à l’abus de pouvoir.
Hobbes considère donc que l’homme reporte ainsi
la domination de l’homme sur l’homme à l’état de nature dans la société.
L’homme est-il ainsi fait qu’il ne puisse pas ne pas abuser du pouvoir qu’on lui confie ?
Il est commun de voir combien certaines personnes humbles et effacées, deviennent totalement
différentes dès qu’elles accèdent à un quelconque pouvoir.
S’agit-il alors d’un complexe
d’infériorité qui prend sa revanche dès que sa position sociale ou psychologique le lui permet ?
L’homme brimé jusque-là se laisse-t-il griser par son nouveau pouvoir ?
C’est ce qu’on retient des propos de Spinoza qui affirme que « L’insolence caractérise tous les
hommes en position de dominer ; même les gens en place, désignés pour un an, deviennent
insolents.
» Il estime donc que le pouvoir dénature l’homme et l’amène aux excès de pouvoir.
Pourquoi ? Le pouvoir apporte une griserie qui amène l’homme à rechercher alors plus de pouvoir
et à l’exercer pour asseoir son autorité, sa puissance.
On peut constater ce processus dans le
comportement de petits « chefaillons » qui deviennent de véritables bourreaux dès qu’ils acquièrent
un certain pouvoir.
Si on considère que l’homme est grisé par le pouvoir, que dire alors du pouvoir exercé par l’argent
qui est addictif et qui pour prospérer conduit à exercer de plus en plus de pouvoir jusqu’à utiliser la
servitude quand ce n’est pas l’esclavage.
C’est ce que dénonce Marx dans le Capital en affirmant
que le pouvoir de l’argent conduit à l’exploitation de l’homme par l’homme.
Nous avons vu combien le pouvoir peut modifier le comportement humain et le conduire à l’abus de
pouvoir.
Nous pouvons alors raisonnablement nous demander si ce trait de caractère s’applique
aussi à l’État et dans quelle mesure il abuse du pouvoir que l’homme lui confie en se liant à lui par
un contrat social destiné à lui garantir sa sécurité et sa liberté.
Le rôle de l’État est avant tout d’assurer la liberté des individus et la paix sociale en se dotant et en
appliquant des lois qui les garantissent.
C’est ainsi que Spinoza le voit.
Il respecte ainsi les droits
naturels de l’homme qui reposent essentiellement sur la notion de liberté , même si pour acquérir
cette garantie, l’homme doit abandonner de son plein gré une partie de ses libertés.
L’homme s’est
donc doté d’une structure appelée État qui est sensée se substituer à ce qui à l’origine était la société
naturelle pour qu’il veille à la sûreté des individus et à l’intérêt des particuliers en reconnaissant
que le pouvoir exercé par l’État est légitime.
Cet état de fait est donc lié à ce que l’État utilise ce
pouvoir raisonnablement en ayant toujours à l’esprit la liberté individuelle des citoyens en se dotant
de lois qui, comme le pense Locke, garantissent la liberté de chacun contrairement aux idées
reçues, car elles ne consistent pas à limiter la liberté et ne doivent pas être perçue comme une
contrainte puisqu’ elles sont protectrices .
C’est ainsi qu’en déclarant des droits naturels et universels à l'homme, c'est à dire des droits qu'ils
ont en tant qu'hommes et non en tant que citoyens de tel ou tel État, les états reconnaissent
solennellement du même coup que leur pouvoir a des limites que les gouvernements ne sauraient
franchir sans abus.
Dès lors, comment faire pour que l’État ne s’arroge pas des droits qu’il n’a pas ? Tout simplement
en fractionnant le pouvoir comme le préconise Montesquieu dans l’Esprit des Lois en disant qu’
« il faut que le pouvoir arrête le pouvoir ».
C ‘est pourquoi ce philosophe préconisait une séparation
des trois pouvoirs fondamentaux d’une société : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, et le
pouvoir judiciaire doivent être selon lui séparés car « c’est une expérience éternelle que tout homme
qui a du pouvoir est porté à en abuser ».
Par ailleurs, Jack Lang affirme que lorsque l’État abuse du
pouvoir c’est que ce pouvoir commence à lui échapper, ce qui peut conduire l’État à considérer
alors que pour se protéger et conserver sa légitimité il puisse en faire un usage abusif .
Or pour maintenir ce pouvoir, l'État dispose d'un système juridique qui lui....
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