Discutez cette parole de Schopenhauer : « Le devoir, c'est ce qui est contraire à la nature »
Publié le 15/09/2014
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348 ~!ORALE
le vrai, le beau, sans lesquelles nos jugements de valeur sont incom
préhensibles; tendance vers l'infini - idée positive et non négative d'après DESCARTES - qui nous fait constater et dépasser le fini; tendance vers le parfait qui nous fait critiquer l'imparfait; tendance vers l'éternel qui transforme en souffrance le temps et la mort; tendance vers l'absolu que
nous apercevons en toute affirmation d'un monde relatif et con lingent; tendance vers l'un et l'universel que manifestent science et charité.
Par cette déception sans cesse renaissante que lui cause le monde, par le perpétuel dépassement, l'ouverture auxquels ces exigences invitent l'homme,
elles sont le signe que l'esprit humain n'est pas accompli mais en devenir, en voie d'achèvement.
Elles montrent la direction dans laquelle il doit continuer sa marche.
Elles le stimulent continuellement sur cette voie.
Un sentiment tel que la charité est au plus haut degré de l'esprit parce qu'il est oubli de son être limité, amour de l'esprit parfait, d~ir d 'uni
versalité.
L'homme se trouve donc
à mi-chemin entre l'animal et l'esprit.
Sa nature est tiraillée en deux directions contraires : d'un côté, redescendre vers l'animal, c'est-à-dire se fermer au monde dans l'égoïsme, se faire le centre de son univers; d'un autre, monter vers l'esprit, s'élargir aux dimensions de l'universel.
A vrai dire, cette position est un peu sché
matisée : car l'homme étant indissolublement animal et esprit, tout geste humain manifeste les deux directions à des degrés variables; en tout acte,
même immoral, on trouverait quelque chose d'un effort implicite vers l'esprit.
CONCLUSION.
- Nous avons maintenant ce qui nous est nécessaire pour conclure.
Il faut distinguer dans la nature deux directions opposées de
tendances.
Si j'entends par nature uniquement l'animalité de l'homme,
je puis approuver la phrasd de ScuoPENHAUER et accepter les termes mêmes du conflit qu'il établit.
Mais je ne vois pas pourquoi je restreindrais le mot nature à cette signification partielle.
Puisqu'il désigne l'ensemble des caractères d'un être, je ne puis refuser d'y faire entrer la spiritualité de l'homme.
Le devoir, c'est l'obligation de suivre nos tendances spiri tuelles, obligation qui est comme le signe et l'appel de l'esprit parfait,
cause et fin de ces tendances.
La morale est la science qui étudie les moyens qu'a l'homme d'assurer sa marche vers l'esprit.
Le véritable conflit est intérieur à nous, entre le3 deux directions contraires où notre être est poussé.
Le devoir n'est en lutte qu'avec notre animalité; il s'identifie
à notre spiritualité.
DURKHEIM distinguait deux sortes de morales : les unes, qu'il appelait
immanentes, trouvaient leur principe dans la nature de l'homme; les au
tres, dites transcendantes, dans une autorité extérieure.
II ajoutait jus tement que la vraie morale devait présenter ces deux caractères : la trans cendance étant nécessaire pour assurer l'affirmation catégorique de ! 'obligation; l'immanence, pour lui donner prise sur nous et lui enlever l'arbitraire d'une pure extériorité.
Notre conception du devoir répond,
mieux que les théories sociologiques, à cette double exigence.
Elle oifre
sur cel!e de SCHOPENHAUER l'avantage de n'être pas simplement
négative, un tissu de prohibitions, un pur ascétisme : elle est pMitive.
Ses défenses, l'ascétisme qu'elle demande, ne sont que le revers de la
médaille.
Elle résulte d'une exigence d'accomplissement spirituel, elle est un mouvement et un amour.
Son aspect négatif n'est que secondaire :.
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