Discours sur l'inégalité, seconde partie.
Publié le 23/03/2015
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«
Textes commentés 37
Ce texte dresse un bilan des analyses développées par Rousseau dans la
seconde partie de son ouvrage.
Cette dernière est consacrée à ce qu'on
pourrait appeler une genèse abstraite et hypothétique de la décadence, c'est-à
dire du développement et des progrès que l'homme a faits
et subis, s'éloignant ,
ainsi de son état primitif de pure nature.
C'est en réalité la société et les
hommes actuels que Rousseau décrit ici.
L'idée maîtresse est que
le progrès
des facultés et des capacités, des techniques,
de l'organisation du travail, de
l'intelligence rationnelle et de la sociabilité, en un mot la civilisation constitue ;
paradoxalement une sorte de déchéance, de « corruption ».
À l'encontre de
ceux qui, au siècle des Lumières et de nos jours, soulignent les bienfaits du
progrès dans tous les ordres des activités humaines (intellectuelles, pratiques,
économiques, techniques, morales, sociales), Rousseau met
en évidence les
inconvénients qui
en découlent, et soutient que le prix à payer est
extrêmement onéreux, si l'on se fonde sur les critères des biens essentiels que
la nature propose à l'homme,
la liberté, le bonheur, la justice.
Les avantages
du
progrès de la civilisation ne compensent pas les inconvénients
considérables qui en découlent intrinsèquement et inévitablement.
Comme il
l'écrit dans la note IX du
Discours,« ce n'est pas sans peine que nous sommes
parvenus à nous rendre si malheureux.
Quand d'un côté l'on considère les
immenses travaux des hommes, tant de sciences approfondies, tant d'arts
inventés, tant de forces employées [
...
]et que de l'autre on recherche avec un
peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le
bonheur de l'espèce humaine,
on ne peut qu'être frappé de l'étonnante
disproportion qui règne entre ces choses,
et déplorer l'aveuglement de
l'homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine admiration
de lui-même,
le fait courir après toutes les misères dont il est susceptible et
que la bienfaisante nature avait pris soin d'écarter de lui.
» Les deux maux
capitaux sont d'une part l'oppression ou l'assujettissement à autrui,
aux
choses, au travail, à l'autorité politique et à la puissance des riches, et d'autre
part
la distinction de l'être et du paraître, c'est-à-dire la substitution de
l'amour-propre à l'amour de soi, du souci de l'apparence sociale à la
satisfaction de ses intérêts véritables.
On peut juger que l'homme à l'état de
pure nature se contente de biens que l'on peut considérer comme frustes : « la
nourriture, une femelle et le repos».
Mais il est en mesure se les procurer, et
il est donc heureux, puisque ses besoins ne passent pas ses forces.
L'homme
civil est habité
par « cette fureur de se distinguer qui nous tient presque
toujours hors de
nous-mêmes», à laquelle «nous devons une multitude de
mauvaises choses sur un petit nombre de bonnes ».
D'où le très noir tableau.
»
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