Discipline : Philosophie Niveau : Terminale Série : Générale L’inconscient
Publié le 06/03/2024
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Discipline : Philosophie
Niveau : Terminale
Série : Générale
L’inconscient
Les enjeux de la notion – une première définition
Si l’on affirme qu’il y a en nous des désirs, des impulsions, des mécanismes qui nous sont
inconnus et inaccessibles car fondamentalement étrangers à notre conscience, alors c’est le projet
même des philosophies de la conscience qui se trouve profondément remis en question.
Car le
présupposé fondamental de cette philosophie est que toutes nos activités psychiques peuvent être
saisies réflexivement par la conscience, rien ne pouvant, en droit, échapper à celle-ci.
Si dans les
faits nous ne sommes peut-être pas conscients à tout moment de notre activité psychique, cela ne
supprime aucunement la possibilité que nous le soyons.
L’inconscient perturbe cette conception
car il pose qu’il y a un autre de la conscience qui lui est totalement étranger.
Cet inconscient, cela
peut tout d’abord être un « infra-conscient » (et pourquoi pas un « supra-conscient »), composés
de sensations trop faibles pour parvenir à la conscience (ou de réflexions qui vont au-delà de la
conscience).
Il peut être également composé des instincts ou des puissances de la vie, souvent liés
à la nature corps de l’homme.
Mais, et c’est là que se situe la découverte de Freud, l’inconscient
peut-être conçu comme une entité psychique à part entière, ayant sa propre structure et son propre
fonctionnement, et n’ayant donc pas moins « droit de cité » dans le système psychique que la
conscience.
L’inconscient dans la philosophie classique et moderne
« D'ailleurs il y a des marques qui nous font juger qu'il y a à tout moment une infinité de
perceptions en nous, mais sans aperception et réflexion, i.e.
des changements dans l'âme même
dont nous ne nous apercevons pas, parce que ces impressions sont ou trop petites et en trop grand
nombre, ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais, jointes à
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d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans
l'assemblage.
» Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain.
C’est Leibniz qui le premier a démontré l’insuffisance de la conception cartésienne
de la conscience (ou cogito).
Pour Descartes, conscience et pensée étaient intrinsèquement
mêlées dans le cogito de telle manière que tout ce que nous pensions nous en avions
immédiatement conscience.
Leibniz dissocie quant à lui pensée et conscience en affirmant que
bien que nous pensions toujours nous ne sommes pas toujours conscients de ce que nous pensons.
C’est le cas des petites perceptions qui le conduit à avancer cette thèse.
Il faut distinguer celles-ci
des aperceptions ou perceptions réfléchies, ces dernières étant ce que nous reconnaissons comme
étant les perceptions que nous avons, ce dont on a proprement conscience.
Comment puis-je avoir
des perceptions et ne pas savoir que je les ai ? Il y a une première raison : j’ai certaines
perceptions, mais y suis tellement habitué ou suis tellement captivé par autre chose que je les
ignore.
Leibniz affirme que nous sommes à tout moment assaillis par une infinité de perceptions ;
une sélection parmi celles-ci est donc nécessaire.
La seconde raison, que Leibniz développe plus
amplement, est la suivante : il y a certaines perceptions en moi qui sont trop faibles pour parvenir
à la conscience.
Suivons l’argument de Leibniz en nous appuyant sur son exemple privilégié,
celui du brut de la mer.
Nous avons des petites perceptions de chaque vague, de chaque goutte
peut-être ; ces perceptions s’agrègent (ou plutôt s’intègrent au sens mathématique car le modèle
de Leibniz est le calcul intégral qu’il a découvert en même temps que Newton) formant ainsi des
perceptions plus globales qui, si elles dépassent un certain seuil d’intensité, parviennent à la
conscience.
Autrement dit, si nous demeurons en deçà de ce seuil, nous n’aurons pas conscience
du bruit de la mer mais nous n’en continuerons à en avoir des petites perceptions.
Leibniz fait
plus ici que limiter les pouvoirs de la conscience car il explique l’émergence de la conscience à
partir de l’inconscient.
Leibniz n’use pas explicitement du terme d’ « inconscient ».
Ce sont les philosophes
romantiques, au premier rang desquels Schelling, qui sont les premiers à le faire.
L’inconscient
est pour eux le fondement de la vie humaine en ce sens qu’il dévoile l’union de l’esprit et de la
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nature, une force qui dirige tout l’univers et se différencie donc de la conscience humaine.
Schopenhauer quant à lui identifie l’inconscient à l’action chez l’homme de l’instinct sexuel et
de l’instinct de conservation.
L’inconscient est une volonté aveugle, non maîtrisée.
On peut enfin
citer Nietzsche pour qui la conscience n’est que l’effet de la lutte inconsciente des multiples
instincts ou pulsions qui habitent le corps de l’homme.
Freud et la naissance de l’inconscient
Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche
psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître
dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires
sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique." Freud, Introduction à la
psychanalyse.
Cette brève présentation des prédécesseurs de Freud laisse entrevoir des sources
d’influence possibles (en premier lieu Schopenhauer).
Mais Freud va également puiser à une
toute autre source, les travaux des psychiatres et médecins aliénistes (Janet, Ribot, etc.),
principalement français, de la deuxième moitié du 19 ème siècle.
Les phénomènes
psychopathologiques de la vie inconsciente découverts par eux (par exemple les dédoublements
de personnalité) et expliqués en termes d’automatismes psychomoteurs ou encore de symptômes
hystériques, vont profondément l’intéresser.
Mais il va néanmoins considérablement transformer
l’origine, le sens et la fonction des phénomènes inconscients et promouvoir l’inconscient luimême en tant qu’entité du système psychique.
Freud privilégiant une démarche scientifique (ses critiques de la philosophie sont
souvent acerbes), il est nécessaire de situer sa découverte de l’inconscient dans les manifestations
concrètes de celui-ci.
C’est dans sa pratique de l’hypnose puis de l’association libre (parler de
tout ce qui passe dans la tête sans effectuer de censure) que Freud découvre qu’il existe des
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mécanismes inconscients dont le sujet ne peut prendre connaissance.
Mais comment le médecin
ou psychanalyste pourrait-il lui-même parvenir à découvrir l’inconscient de son patient si cet
inconscient demeure tapi derrière la conscience.
C’est, dit Freud, que l’inconscient se dévoile
dans les errements, les lacunes, les « ratés » de la conscience.
D’où le privilège qu’il faut conférer
à ces manifestations que sont le rêve (activité de symbolisation du psychisme), l’acte manqué
(coupure à l’intérieur des mécanismes conscients) ou encore le mot d’esprit (présentation sous
une forme « acceptable » de tendances sinon inavouables).
Il faut ensuite trouver une méthode
d’analyse, de décryptage de ces manifestations.
Cette méthode, c’est la psychanalyse qui la
donnera et qui la mettra en œuvre dans la cure psychanalytique s’appuyant sur le mécanisme du
transfert.
Avant de présenter plus en détail la conception freudienne de l’inconscient, signalons
que les occasions de la percée de l’inconscient que nous avons énumérées suffisent à montrer que
pour Freud, l’inconscient est une composante normale de la vie psychique de l’homme.
Ajoutons
ceci qu’il est absolument nécessaire pour Freud de bien distinguer les phénomènes inconscients
des phénomènes latents ou préconscients qui eux sont susceptibles de devenir conscients.
Dans la partie suivante, nous exposerons la conception freudienne de l’inconscient
du point de vue de la structure de l’appareil psychique qui lui assigne une place précise.
Mais
Freud fait également un usage plus « descriptif » de l’inconscient dans lequel celui-ci désigne
tout ce qui s’oppose à la conscience.
C’est dans cette optique que nous allons brièvement
présenter le « jeu » de la conscience (du moi) et de l’inconscient à travers quelques-uns ses
mécanismes.
Le plus célèbre est sans aucun doute le refoulement ; c’est un mécanisme de défense
qui interdit aux représentations inconscientes menaçant l’intégrité du moi de pénétrer dans la
conscience (dans la répression, ces représentations sont repoussées après être passées par la
conscience).
Le retour du refoulé sera à l’origine des névroses.
Un deuxième mécanisme est celui
du compromis qui permet à un désir de s’exprimer tout en étant sévèrement condamné.
C’est
donc une double réponse à une situation psychique conflictuelle.
Elle sera à l’origine de ce que
Freud appelle clivage du moi.
Citons enfin le mécanisme du déplacement par lequel le désir se
détourne d’une représentation pour se fixer sur une autre représentation qui lui permettra d’être
satisfait tout en perdant son caractère de dangerosité.
Freud précise cependant que le déplacement
ne peut jamais annuler totalement la tension initiale.
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Situation de l’inconscient dans l’appareil psychique
"L'inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité.
Sa nature intime nous est
aussi inconnue que la réalité du monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui d'une
manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde extérieur." Freud,
L’interprétation des rêves.
Analysons à présent la place occupée par l’inconscient dans la structure du système
psychique décrite....
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