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Diriez-vous comme Galilée que la nature est écrite en langage mathématique ?

Publié le 27/02/2008

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* Prendre garde au fait que depuis plus d'un demi-siècle maintenant les théories physiques se sont peu à peu converties en un système de lois statistiques. Ce sont des lois de probabilité qui apparaissent comme les plus « proches des faits » (dans l' « infiniment grand » et l' « infiniment petit »). D'où question : la physique contemporaine nous parle-t-elle de l'« Être réel » ou de l' « Être probable »? - D'autre part une réflexion sur ce qui se passe en micro¬physique peut nous amener à nous demander si lorsque l'expérimentateur « observe » un fait, il ne le « fabriquerait » pas (du moins dans une certaine mesure.) (Cf. ce qui a conduit au « principe d'indétermination ».) Or qu' y a-t-il de plus éloigné de « connaître la Réalité » que « faire » la Réalité ? Dans le même ordre d'idées, Bachelard indique que la science moderne travaille sur des phénomènes factices. Par exemple : « Sans l'homme sur la terre pas d'autres causalités électriques que celle qui va de la foudre au tonnerre : un éclair et un bruit. Seule la société peut lancer de l'électricité dans un fil; seule elle peut donner aux phénomènes électriques la causalité linéaire du fil.

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« Ø On peut exprimer le mouvement des corps et prévoir leur chute grâce à une formulation mathématique.

Lesmathématiques peuvent servir de « langage » pour décrire la réalité concrète des corps physiques. Enfin, Galilée en vient à soutenir que Copernic avait raison : la Terre n'est pas au centre du monde ; elle n'est pas immobile.

C'est le soleil qui est au centre du monde, et la Terre tourne autour de lui et sur elle-même.

De plus, lemonde n'est certainement pas fini, mais infini. Avec toutes ces découvertes, c'en est terminé du monde tel que l'Antiquité puis le Moyen-Age se lereprésentaient.

Galilée ouvre une crise extrêmement grave : toute une vision du monde s'écroule.

L'homme perd sa place au centre du monde.

Il n'a plus de fonction définie au sein du monde hiérarchisé et fini : il est sur une planètecomme une autre, perdu dans une infinité.

Il n'a plus de monde à imiter : la nature n'est plus qu'un livre froid,désenchanté, accessible à l'abstraction mathématique. Pour les anciens, le monde était « plein de dieux » ( Héraclite ), pour les chrétiens médiéval, il chantait la gloire de Dieu par sa beauté, son ordre, sa perfection.

Pour les savants de XVII ième siècle, il est « écrit en langage mathématique », dans la froide abstraction des figures géométriques.

Il ne parle plus au cœur de l'homme, il ne l'entretient plus de la gloire de Dieu, il faut, au contraire, péniblement le déchiffrer grâce à la langue la plusrationnelle et la plus glacée qui soit : les mathématiques.

Un accusateur de Galilée le dira ; si celui-ci a raison, nous ne sommes plus le centre du monde mais « comme des fourmis attachées à un ballon » : des êtres insignifiants sur une planète comme les autres. Ce sont Descartes & Pascal qui tireront les conséquences philosophiques et théologiques de cette révolution dans les sciences.

Ce sont eux qui comprendront qu'il faut absolument redéfinir la place de l'homme dans ce monde infiniet glacé où rien ne lui indique ni son lieu ni sa fonction. • Qu'est-ce qui peut amener à poser cette affirmation ?— Les progrès de la physique sensibles à partir du xviie siècle, époque à laquelle la physique se mathématise avecGalilée et Descartes.— Les Mathématiques comme instruments de recherche et de découverte: grâce à la substitution d'un faisceau derelations intelligibles aux objets ou phénomènes naturels, ont rendu possibles des rapprochements originaux, desdéductions fécondes.

Par le calcul, on peut anticiper des lois et même découvrir des faits nouveaux exigés parl'analyse mathématique avant que l'expérience ait pu les révéler.(Cf.

Bachelard: « Par exemple l'outil tensoriel est un merveilleux opérateur de généralité; à le manier, l'esprit acquiertdes capacités nouvelles de généralisation...

Dans la nouvelle science relativiste, un unique symbole mathématiquedont la signification est prolixe désigne les mille traits d'une Réalité cachée : la pensée est un programmed'expériences à réaliser...

Le calcul tensoriel...

est un instrument mathématique qui crée la science physiquecontemporaine comme le microscope crée la microbiologie.

» Le Nouvel esprit scientifique, pages 58 et 59 (P.U.F.). • Remarquer que pour Bachelard (et pour Galilée ?) les mathématiques ne sontpas une langue en ce sens qu'elles ne sont pas un simple moyen d'expression,une langue artificielle que l'on utiliserait « après coup ».« On a répété sans fin que les mathématiques étaient un langage, un simplemoyen d'expression.

On s'est habitué à les considérer comme des outils à ladisposition d'une raison consciente d'elle-même, maîtresse d'idées puresdouées d'une clarté anté-mathématique...

en réalité...

c'est l'effortmathématique qui forme l'axe de la découverte, c'est l'expressionmathématique qui, seule, permet de penser le phénomène.

» Le Nouvel espritscientifique, pages 57-58 (P.U.F.).Il est intéressant de souligner qu'aussi bien pour Galilée (implicitement) quepour Bachelard (explicitement) les mathématiques ne sont pas une notationcommode, artificielle voire conventionnelle pour rendre compte desphénomènes physiques. • Il n'en est pas moins important de savoir que le « réel » ne s'adapte pastoujours très bien aux structures mathématiques (du moins existantes).

Cequ'affirmait par exemple Einstein: « Pour autant que les propositions de laMathématique se rapportent à la réalité, elles ne sont pas certaines et pourautant qu'elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à la réalité ». Texte: Einstein et de Léopold Infeld, La théorie est une interprétation du réel « Les concepts physiques sont des créations libres de l'esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire,uniquement déterminés par le monde extérieur.

Dans l'effort que nous faisons pour comprendre le monde, nousressemblons quelque peu à l'homme qui essaie de comprendre le mécanisme d'une montre fermée.

Il voit le cadran etles aiguilles en mouvement, il entend le tic-tac, mais il n'a aucun moyen d'ouvrir le boîtier.

S'il est ingénieux, il pourrase former quelque image du mécanisme, qu'il rendra responsable de tout ce qu'il observe, mais il ne sera jamais sûrque son image soit la seule capable d'expliquer ses observations.

Il ne sera jamais en état de comparer son image. »

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